Le Nigeria et ses alliés ont lancé le 31 janvier une vaste opération contre Boko Haram
L'armée nigériane et ses alliés régionaux assurent avoir enregistré des victoires majeures contre Boko Haram dans le nord-est du Nigeria ces dernières semaines.
Le Nigeria et ses alliés, le Tchad, le Cameroun et le Niger, ont lancé le 31 janvier une vaste opération contre Boko Haram, qui avait multiplié les conquêtes territoriales dans le nord-est du Nigeria depuis la mi-2014 et menaçait de plus en plus les pays voisins.
Les armées nigérienne et tchadienne ont ouvert un nouveau front dimanche, depuis les villes de Bosso et Diffa, au Niger, d'où elles ont pu reprendre la ville de Damasak, tombée aux mains des wahhabites takfiristes en novembre.
Le gouvernement nigérian a affirmé mercredi que 36 localités des trois Etats du nord-est du pays avaient été reprises depuis le début de l'offensive régionale. puis jeudi que les combattants de Boko Haram étaient désormais "chassés" de l'Etat d'Adamawa, l'un des trois Etats du nord-est du pays les plus durement frappés par les wahhabites takfiristes.
Les informations communiquées ces dernières semaines n'ont pas pu être vérifiées de source idépendante, mais selon Thomas Hansen, de l'entreprise de conseil en sécurité Control Risks, les récentes victoires de l'armée et de ses alliés sont "assez crédibles".
Le président Goodluck Jonathan avait promis, dans un entretien à Voice of America diffusé mercredi, que les Etats d'Adamawa et de Yobe seraient libérés d'ici la semaine prochaine, et Borno, le fief historique de Boko Haram, d'ici trois semaines.
La présidentielle en ligne de mire
Les avancées sur le terrain tombent à point pour le chef de l'Etat nigérian, très critiqué pour n'avoir pas su juguler l'insurrection de Boko Haram, à quinze jours de l'élection présidentielle, d'autant que le scrutin s'annonce particulièrement serré.
Un sondage d'Afrobarometer - un institut de sondage indépendant - paru fin janvier, peu avant la date initiale du vote, prévu le 14 février, donnait M. Jonathan et son rival Muhamadu Buhari, du Congrès progressiste (APC) à 42% des voix chacun.
Mais pour profiter pleinement des retombées politiques des avancées militaires dans le nord-est, les autorités nigérianes vont devoir prouver que celles-ci ne sont pas toutes dûes à l'intervention du Tchad et du Niger voisin, qui jouent en ce moment un rôle-clé dans les opérations.
Aussi, sur le plan sécuritaire, la recrudescence d'attentats dans les gares routières et les marchés très fréquentés de nombreuses grandes villes du nord, au moment où Boko Haram est chassé de ses fiefs du nord-est, laisse à craindre des violences d'un autre type, plus difficiles à prévenir.
Avec AFP