Les pays du Golfe insistent sur l’importance de tenir le dialogue sous "le toit de la légitimité au Yémen".
Le mouvement houthi yéménite Ansarullah a haussé le ton envers l'Arabie Saoudite à travers une manœuvre d'envergure menée à la frontière saoudo-yéménite, avec la participation de bataillons de l'armée yéménite.
Cette manœuvre, la première en son genre depuis la dernière guerre saoudienne contre les houthis en 2009, a eu lieu dans la province de Saada, au nord du pays. Des forces d'infanterie de l'armée yéménite et des brigades des comités populaires affiliées au mouvement Ansarullah y ont pris part, en présence d'une importante foule. Des chars, des lance-roquettes, des rampes de roquettes Katioucha, et des batteries antiaériennes ont été utilisés dans la manœuvre au cours de laquelle des brigades militaires d'infanterie bien entrainées ont paradé.
Cette mesure prise par les houthis transmet un message clair à l'Arabie Saoudite qui soutient des forces internes et qui a rejeté tout dialogue et consensus avec Ansarullah. Ce message met en relief la force militaire des houthis qui sont devenus capables de riposter aux menaces des saoudiens et qui sont désormais décidés à vaincre quiconque ose tester leur puissance militaire.
Pendant une journée, les houthis, les comités populaires et des bataillons de l'armée ont exposé leurs capacités militaires dans l'endroit le plus stratégique jouxtant l'Arabie Saoudite. C'est cette même région qui était contrôlée par les takfiristes avant la bataille de Ktaf au nord du pays. Ces derniers en ont ensuite été délogés.
Le membre de la commission révolutionnaire suprême affiliée aux houthis à Sanaa, Mohammad el-Maqaleh a commenté la manœuvre dans une interview avec le journal al-Akhbar.
Selon lui, c'est un message à l'extérieur, surtout à l'Arabie Saoudite. "Le Yémen d'aujourd'hui n'est plus le Yémen d'hier. Il possède désormais sa décision indépendante. Le peuple yéménite et l'armée sont prêts à défendre la patrie face aux menaces extérieures. Tout le monde doit comprendre que le Yémen n'est plus cet enfant mineur comme on le considérait par le passé".
Les pays du Golfe minimisent l'importance de la manoeuvre
Les ministres des affaires étrangères des pays du Golfe ont débattu de la manœuvre d'Ansarullah lors du congrès tenu à Riyad. Les participants ont veillé à minimiser sa portée. "Nous ne sommes pas inquiets de cette manœuvre", a commenté le ministre des Affaires étrangères qatari Khaled Atiyeh, selon lequel les pays du Golfe "sont capables de repousser quelque danger qu'il soit contre l'un de ces pays".
Le dialogue à Riyad
Par ailleurs, el-Maqaleh a réitéré que "l'objectif de la révolution était de mettre fin aux ingérences extérieures", considérant que "l'appel à tenir un congrès à Riyad est une tentative d'imposer des choix déterminés et de briser complètement l'idée de la révolution".
"Aucun dialogue ne peut réussir sans Ansarullah et les forces révolutionnaires nationales", a-t-il indiqué.
Pendant ce temps, les ministres des affaires étrangères des pays du Golfe ont appelé les houthis à participer au dialogue yéménite prévu à Riyad prochainement, tout en insistant que ce dialogue aura lieu "sous le toit des autorités légitimes".
Le ministre qatari a fait savoir que l'appel au dialogue concerne toutes les composantes du peuple yéménite dont les houthis. Mais selon el-Maqaleh, "l'objectif de cet appel est d'entrainer les houthis dans le jeu des forces politiques soumises au mandat extérieur".
Resserrer l'étau sur les houthis
Par ailleurs, et dans une tentative de resserrer encore plus l'étau sur le Yémen, le bureau de la Banque mondiale au Yémen a décidé de "suspendre sine die ses projets de développement au Yémen , en raison de l'accentuation des troubles sécuritaires et politiques dans le pays".
Source: traduit du site al-Akhbar