Kerry a reconnu la "légitimité" du président Assad, se félicite la presse syrienne.
Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a enfin admis que Washington devrait négocier avec le président syrien Bachar al-Assad pour mettre fin au conflit qui est entré dimanche dans sa cinquième année.
"Au final, il faudra négocier. Nous avons toujours été pour les négociations dans le cadre du processus (de paix) de Genève I", a déclaré M. Kerry dans une interview diffusée sur la chaîne de télévision CBS dimanche.
Washington travaille à "relancer" les efforts visant à trouver une solution politique au conflit, a dit le chef de la diplomatie américaine.
"S'il est prêt à engager des négociations sérieuses sur la façon d'appliquer Genève I, bien sûr", a répondu M. Kerry lorsque la journaliste de CBS lui a demandé s'il était disposé à parler au président syrien. "Nous l'encourageons à le faire".
Mais Marie Harf, un porte-parole du Département d'Etat, s'est empressée de prétendre qu'il n'y avait eu aucune modification de la position américaine car, pour les Etats-Unis, si des négociations devaient avoir lieu, ce serait avec des représentants du régime syrien plutôt qu'avec le président Assad lui-même.
"Notre politique n'a pas changé. Il n'y a pas d'avenir pour un dictateur brutal comme Assad en Syrie", a-t-elle écrit dans un communiqué.
Dans l'interview sur CBS, M. Kerry a du reste reconnu qu'il n'entendait pas relâcher la pression sur le président syrien "pour bien lui faire comprendre que tout le monde est déterminé à trouver une issue politique".
Jusqu'ici pourtant, le gouvernement de Barack Obama appelait de façon constante au départ de M. Assad.
Reste à s'entendre sur les modalités de négociations avec Damas.
Kerry a reconnu la "légitimité" du président Assad
Pour la presse syrienne, il s’agit d’une "reconnaissance de la légitimité" du président Bachar al-Assad.
Le journal al-Watan, quotidien privé proche du pouvoir, estime que les propos de M. Kerry ouvrent "une nouvelle étape dans les négociations politiques". Il évoque la possibilité qu'un "émissaire américain" se rende "à Moscou le 6 avril pour participer aux efforts russes visant à trouver une solution à la crise syrienne".
Les quotidiens syriens voient dans les déclarations de M. Kerry un revirement de la position de Washington, qui appelait au départ du chef de l'Etat depuis le début de la crise en mars 2011.
"C'est une nouvelle reconnaissance de la légitimité du président Assad, de son rôle clé, de sa popularité et par conséquent de la nécessité de négocier avec lui", selon al-Watan.
Pour le quotidien, "l'administration américaine a enfin reconnu qu'elle ne pouvait pas faire partir le président Assad par la force militaire", soulignant que la politique américaine a été un "échec".
Le journal se félicite du fait que la position du secrétaire d'Etat ait "choqué ses alliés qui pratiquent le terrorisme contre la Syrie" et "qui avaient misé sur une intervention militaire pour renverser" le régime.
Al-Baas, journal du parti au pouvoir, souligne de même une nouvelle fois "l'échec du projet américano-sioniste contre la Syrie".
Le quotidien officiel as-Saoura se demande si les déclarations de M. Kerry sont "une reconnaissance (de M. Assad) ou une tactique", tout en estimant que les "comploteurs" n'avaient "pas réussi à réaliser leurs objectifs en Syrie".
Avec AFP