L’éclipse sera suivie samedi sur les côtes de l’Atlantique, de la Manche et de la Mer du Nord par de grandes marées amplifiées par l’alignement des trois corps célestes.
Les yeux vont se lever vers le ciel ce vendredi pour observer une éclipse solaire totale visible seulement depuis quelques îles reculées mais que l'on pourra aussi observer dans une bonne partie de l'hémisphère Nord.
Seuls des privilégiés pourront, si la météo le permet, voir le Soleil s'effacer complètement derrière la Lune depuis les îles Féroé, territoire danois perdu dans l'Atlantique Nord, et l'archipel norvégien du Svalbard (Spitzberg), en plein coeur de l'Arctique.
Dans le reste de l'Europe, dans le Nord-Ouest de l'Afrique et de l'Asie, et au Moyen-Orient, on ne pourra espérer observer qu'une éclipse partielle après avoir, comme le recommandent les experts, chaussé des lunettes spéciales pour éviter de graves lésions oculaires.
Générée par la projection de l'ombre lunaire sur la Terre, l'éclipse, phénomène qui a de tout temps fasciné l'humanité, commencera à 07H41 GMT au Cap Vert avant de remonter vers le Nord.
Dans une bande dessinant un demi-cercle autour du Groenland, le Soleil sera totalement masqué mais les Féroé et le Svalbard seront les seules terres émergées où l'on pourra, pendant environ deux minutes et demie, voir la nuit en plein jour.
De nombreux férus d'astronomie se sont donné rendez-vous sur les deux archipels pour l'occasion: plus de 8.000 visiteurs étaient attendus aux Féroé où l'éclipse sera totale vers 09H41 GMT, et entre 1.500 et 2.000 au Svalbard, où elle est attendue vers 10H11 GMT.
"Il y a des chasseurs d'éclipse venus des quatre coins du monde", a déclaré à l'AFP Torstein Christiansen de l'office du tourisme féroïen.
"La majorité vient d'Europe mais beaucoup d'autres nous arrivent en provenance de pays inhabituels comme l'Australie, la Nouvelle-Zélande, les Etats-Unis, l'Afrique", a-t-il ajouté.
La menace des ours polaires
Au Svalbard, qui sort tout juste de quatre mois de nuit polaire, les hôtels ont été pris d'assaut il y a déjà plusieurs années pour contempler ce "Soleil noir", la dixième éclipse solaire totale du XXIe siècle.
Sur ces terres où tout est extrême, les visiteurs devront composer avec des températures pouvant tomber à -20°C en cette saison et... avec les ours polaires qui rôdent sous ces latitudes.
L'attaque jeudi d'un touriste tchèque, qui a été légèrement blessé, est venue rappeler la réalité de cette menace qui a causé la mort de cinq personnes dans l'archipel en une quarantaine d'années.
Une éclipse solaire totale est affaire de distance et d'alignement: il faut que la Lune s'intercale entre la Terre et le Soleil dans un axe parfait et à une distance suffisamment proche de notre planète pour que le diamètre apparent de notre satellite dépasse celui du Soleil.
S'il est 400 fois plus gros que la Lune, le Soleil est aussi, par une heureuse coïncidence astronomique, 400 fois plus éloigné de la Terre. Vu de celle-ci, cela donne l'impression trompeuse que les deux corps célestes font la même taille.
Ailleurs, l'éclipse sera plus ou moins partielle en fonction de la distance par rapport à la "bande de totalité": le Soleil sera caché à plus de 97% à Reykjavik, 93% à Edimbourg ou encore 84% à Londres.
En France, l'occultation sera de plus de 80% dans le Nord-Ouest et de 78% à Paris.
"La luminosité ne va pas baisser énormément parce que même à 20%, le soleil éclaire encore bien", explique Patrick Rocher de l'Institut de mécanique céleste et de calcul des éphémérides (IMCCE).
"Ce qui sera différent, c'est qu'on sera éclairé par un soleil en forme de croissant", ajoute-t-il.
Autre coïncidence, l'éclipse coïncide avec l'équinoxe de printemps. Elle terminera sa "course" au pôle Nord qui, à ce stade de l'année, sort de six mois d'obscurité pour entrer dans une "journée de six mois", baigné par les rayons du "soleil de minuit".
Pour la prochaine éclipse solaire totale, l'Europe devra attendre le 12 août 2026.
Bien qu'il n'y ait pas de lien de causalité entre les deux phénomènes, l'éclipse sera suivie samedi sur les côtes de l'Atlantique, de la Manche et de la Mer du Nord par de grandes marées amplifiées par l'alignement des trois corps célestes.