Ce n’est que jeudi soir, que M. Obama a appelé M. Netanyahu pour le féliciter.
L'offensive de Benjamin Netanyahu pour réparer les dégâts avec les Etats-Unis a commencé, mais la réaction des Américains suggère qu'ils attendent davantage du vainqueur des élections israéliennes pour oublier ses volte-face sur la création d'un Etat palestinien.
L'intention déclarée par l'administration de Barack Obama de revoir sa position vis-à-vis d'Israël à l'ONU pourrait être, dans un premier temps, un moyen de peser sur la coalition que formera Benjamin Netanyahu, assuré d'être désigné pour former le prochain gouvernement après le scrutin de mardi, selon des experts.
Au bout du compte, la relation entre les deux grands alliés américain et israélien ne devrait pas être profondément affectée, au-delà des désaccords importants du moment et de l'inimitié patente entre M. Obama et le Premier ministre sortant Netanyahu, ajoutent-ils.
Même si l'administration américaine permettait, contre la volonté israélienne, l'adoption par le Conseil de sécurité de l'ONU d'une résolution sur le conflit israélo-palestinien et la création d'un Etat palestinien indépendant.
Passé l'heure du triomphe chez lui, M. Netanyahu est confronté aujourd'hui à Washington aux retombées de la surenchère à laquelle il s'est livré pendant la campagne.
Lundi, à la veille d'un scrutin très incertain et pour rallier la droite, il a publiquement enterré l'idée d'un Etat palestinien s'il conservait son poste.
L'administration Obama dit ne pas avoir d'autre choix que de réévaluer sa position à l'ONU. Les Etats-Unis sont le soutien le plus indéfectible d'Israël au Conseil de sécurité où ils bloquent de leur veto les résolutions défavorables à leur allié. Ils l'auraient fait fin 2014 si un projet de résolution palestinien avait recueilli le nombre de voix nécessaire à son adoption.
"Je n'ai pas changé"
Alors que les grandes manœuvres sont lancées pour la formation de son gouvernement, M. Netanyahu a consacré beaucoup de temps jeudi sur les télévisions américaines à tenter de réparer les dégâts.
"Je n'ai pas changé de politique", a-t-il dit à MSNBC, "je ne me suis jamais rétracté" du discours de 2009 dans lequel il a endossé pour la première fois publiquement l'idée d'un Etat palestinien coexistant avec Israël. "Je ne veux pas d'une solution à un seul Etat. Je veux une solution à deux Etats, pacifique, durable. Mais pour cela il faut que les conditions changent".
Les Etats-Unis ont clairement signifié qu'ils n'y croyaient pas et qu'ils ne pouvaient ignorer les propos de lundi. "Il y a trois jours (lundi), il était Premier ministre, nous ne pouvons certainement pas oublier ses propos", a dit le département d'Etat.
Ce n'est que jeudi soir, que M. Obama a appelé M. Netanyahu pour le féliciter. La Maison Blanche a eu des mots très durs pour qualifier les propos tenus par M. Netanyahu sur le vote arabe le jour des élections.
Plusieurs experts incitaient cependant à la prudence quant à la gravité du moment. Même si l'administration américaine permettait le passage d'une résolution à l'ONU, elle veillerait de très près à son contenu.
"Avant de tirer des conclusions hâtives sur le sentiment de la Maison Blanche", le diplomate Dennis Ross préfère attendre de voir la coalition de gouvernement que réunira M. Netanyahu.
Signaux d'alerte
"Nous savons qui va être Premier ministre. La question, c'est à quoi ressemblera son gouvernement et quelle seront ses lignes de conduite", a dit à la radio israélienne M. Ross, qui fut l'un des principaux conseillers du président américain Barack Obama pour le Proche-Orient.
Robbie Sabel, ex-membre de la délégation israélienne à l'ONU, et Jonathan Rynhold, auteur d'un livre sur les relations israélo-américaines, n'avaient "aucun doute" quant au fait que l'administration Obama essayait d'influer sur la coalition de M. Netanyahu.
"Les signaux d'alerte de la Maison Blanche (...) marchent déjà", dit M. Sabel à l'AFP en faisant référence à l'offensive médiatique de M. Netanyahu sur les chaînes américaines, "personne ne sait mieux que Netanyahu combien cette relation est importante".
Si M. Netanyahu forme un gouvernement très à droite, s'il ne corrige pas son discours sur l'Etat palestinien et s'il ne gèle pas la colonisation dans une certaine mesure, "nous aurons une administration qui, assurément, ne prendra pas de mesures actives contre Israël, mais qui ne l'aidera pas non plus comme elle le fait habituellement", dit M. Rynhold.