Israël dément
« Israël » a espionné les négociations sur le programme nucléaire de l'Iran entre Téhéran, les Etats-Unis et cinq autres pays, a rapporté mardi le Wall Street Journal.
Selon le journal qui cite des responsables américains, l'opération israélienne visait à infiltrer les discussions et servir à constituer un dossier pour s'opposer aux termes de l'accord en cours de négociation.
Outre la pose de micros, « Israël » a obtenu des informations de briefings américains confidentiels, d'informateurs et de contacts diplomatiques en Europe, selon les sources citées par le quotidien américain.
Plus que par l'espionnage, la Maison Blanche a été irritée par le fait qu' « Israël » avait partagé ces informations confidentielles avec des élus américains en vue de saper le soutien à un accord sur le programme nucléaire iranien auquel s'opposent de nombreux républicains.
"C'est une chose pour les Etats-Unis et Israël de s'espionner mutuellement. C'en est une autre qu'Israël aille voler des secrets aux Etats-Unis et les fassent écouter à des élus américains pour saper la diplomatie américaine", écrit le Wall Street Journal citant un haut responsable américain.
Les services de contre-espionnage américains ont découvert l'opération lors de l'interception de communications entre responsables israéliens.
Ces communications contenaient des précisions qui ne pouvaient provenir que de discussions confidentielles, selon la même source.
En « Israël », le ministre sortant des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, a prétendu que "cet article était contraire à la vérité".
"Bien évidemment, Israël doit défendre ses intérêts en matière de sécurité et nous avons nos propres services de renseignement. Mais nous n'espionnons pas les Etats-Unis. Il y a suffisamment de participants à ces négociations, y compris les Iraniens", a-t-il commenté en Israël.
"Nous avons obtenu nos renseignements d'autres sources, pas des Etats-Unis.
Les directives sont claires depuis plusieurs dizaines d'années maintenant: on n'espionne pas les Etats-Unis, directement ou indirectement", selon lui.
A Washington, le Congrès est engagé depuis des mois dans un bras de fer avec l'administration Obama, les républicains majoritaires critiquant par avance l'accord que se prépareraient à conclure les 5+1 avec l'Iran sur son programme nucléaire.
Les négociations doivent reprendre en Suisse mercredi, avant une date-butoir fixée à la fin du mois pour un accord politique.
Israël dément
Comme prévu, Israël a démenti avoir espionné ces négociations .
Plusieurs responsables sont montés au créneau pour dire qu'Israël n'espionnait pas son grand allié américain et respectait depuis longtemps une interdiction totale de le faire.
"Israël n'espionne pas les Etats-Unis, un point c'est tout", a dit à la radio publique Youval Steinitz, ministre du Renseignement dans le gouvernement sortant de Benjamin Netanyahu et proche de ce dernier.
"Ceux qui publient ces allégations mensongères veulent apparemment porter atteinte à l'excellente collaboration entre les services de renseignement israélien et américain. Nous poursuivrons cette collaboration, malgré nos profondes divergences sur le mauvais accord qui se profile", a dit M. Steinitz de Paris, où il a précisément eu des entretiens avec des responsables français sur le nucléaire iranien.
Le gouvernement sortant de M. Netanyahu s’oppose farouchement à un accord avec l'Iran sur son programme nucléaire, quelque soient ses termes, prétextant qu'il craint que la République islamique ne détourne pas ses activités nucléaires civiles pour se doter de la bombe atomique.
Sachant qu'Israël est doté d'un programme nucléaire qui lui a été fourni par la France et qui lui a permis de se fabriquer quelque 200 bombes.
"Les directives sont claires depuis plusieurs dizaines d'années maintenant: on n'espionne pas les Etats-Unis, directement ou indirectement", a dit le ministre sortant des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman. "Il y a suffisamment de participants autour de la table des négociations pour que les fuites viennent d'ailleurs, notamment du côté iranien", a-t-il ajouté sur la radio militaire.
Le ministre sortant de la Défense Moshé Yaalon a évoqué sur la radio publique une "interdiction totale" d'espionner les Etats-Unis. Mais, "apparemment, quelqu'un veut faire souffler un vent mauvais" sur les relations entre les deux pays, a-t-il dit.
En parlant d'interdiction, MM. Lieberman et Yaalon faisaient à l'évidence allusion aux engagements pris après que Jonathan Pollard, un ancien analyste de la marine américaine, eut été condamné en 1987 à la prison à perpétuité aux Etats-Unis pour avoir transmis à Israël des milliers de documents secrets sur les activités du renseignement américain dans le monde arabe.
La crise ne s'était résolue qu'avec la promesse d'Israël de mettre un terme à toutes ses activités d'espionnage sur le sol américain.
Avec AFP