Plusieurs officiers pro-Hadi arrêtés. Hadi s’enfuit. Attroupements militaires saoudiens à la frontière yéménite.

L’armée Yéménite et les forces révolutionnaires d’Ansarullah (Houthis) sont entrées mercredi matin dans la ville stratégique d’Aden au sud. Au moment où l’Arabie, les Emirats et le Koweït et l’Egypte évacuaient leur personnel diplomatique de la ville.

Le président sortant Abed Rabbo Mansour Hadi retranché à Aden tentait de prendre la fuite vers une destination inconnue, a affirmé Mohammad Abdel Salam, porte parole d’Ansarullah, dans une interview avec notre chaine de télévision al-Manar.

Hadi voulait quitter le palais présidentiel à bord d'un hélicoptère. Mais il a été menacé par les forces révolutionnaires. Selon notre correspondant au Yémen, il a mené des négociations avec les révolutionnaires afin de garantir sa sortie d'Aden.

Les Etats-Unis ont pour leur part fait état mercredi d'un contact téléphonique dans la matinée avec Hadi, indiquant qu'il avait quitté sa résidence d'Aden mais qu'ils ne pouvaient pas dire où il se trouvait actuellement.

 "Nous avons été en contact avec lui plus tôt dans la journée. Il n'est plus à sa résidence (...). Je ne suis pas en mesure de confirmer d'autres détails concernant le lieu où il se trouve", a déclaré la porte-parole du département d'Etat Jennifer Psaki.

 "Concernant son départ, je crois qu'il est clair qu'il est parti volontairement" de sa résidence d'Aden, a ajouté Mme Psaki, sans être plus précise et refusant de dire si le président yéménite était toujours dans son pays où s'il l'avait quitté.

Son fils, Jalal, et son porte-parole ont également pris la fuite.

 

Grâce aux habitants du sud

M. Abdel Salam a tenu à rendre hommage aux habitants du sud Yémen qui ont appuyé l’armée et les Houthis dans la libération d’Aden des forces loyalistes à Hadi et des miliciens takfiristes d’Al-Qaïda.

500 membres des tribus du sud avaient rejoint l’armée et les Houthis mardi avec tout leur équipement militaire.

Il a également fait état de l’arrestation de plusieurs officiers pro-Hadi dont le commandant de ses forces Mahmoud Sobaihi. Plusieurs miliciens takfiristes ont également été capturés.  

M. Abdel Salam a tenu à rassurer les voisins du Yémen. « Il est dans l’intérêt de tous de soutenir le choix du peuple yéménite », a-t-il assuré,  s’indignant du fait que les Américains occupent leur pays depuis 10 ans sous prétexte de la lutte contre Al-Qaïda.  

Entre-temps, la télévision des Houthis a confirmé que des unités de l'armée ont sécurisé l'aéroport fermé dans l’après midi et pris le contrôle total du port et du palais présidentiel.

Les forces révolutionnaires avancent actuellement vers les côtes d'Abyan (fief d'AlQaida).

Attroupements saoudiens

De l’autre côté de la frontière, les troupes saoudiennes se mobilisent. Selon des responsables américains, cités par plusieurs médias, dont la chaine de télévision iranienne arabophone al-Alam, l’Arabie a renforcé la présence de ses troupes près du Yémen. Et d’ajouter : il se peut que les chars et l’artillerie saoudienne entrent en fonction pour des fins offensives ou défensives.

La plus importante base libérée

Mardi soir, l’armée yéménite et les Houthis se sont emparés de la base aérienne d'Al-Anad, la plus importante du pays dans le sud.

"Les Houthis ont pris le contrôle de la base aérienne d'Al-Anad" évacuée la semaine dernière par les militaires américains qui y étaient stationnés sous prétexte de lutte contre Al-Qaïda.

La base, qui se trouve à un endroit stratégique, est tombée "après des affrontements limités" avec les forces armées loyales au président Abd Rabbo Mansour Hadi, qui la contrôlaient jusqu'à présent, a déclaré à l'AFP une source militaire.

Hadi appelle au secours

Avant sa fuite, le président sortant, soutenu par les pays du Golfe et les puissances occidentales a appelé mardi l’Onu à adopter une "résolution contraignante" afin de stopper l'avancée des Houthis vers Aden.

Hadi a également indiqué avoir discuté avec les pays du Conseil de Coopération du Golfe pour qu’ils interviennent militairement au Yémen afin de contrecarrer l’avancée des Houthis.