Les enfants enlevés sont utilisés comme soldats, boucliers humains, esclaves sexuels ou pour commettre des attentats suicide.
L'enlèvement massif d'enfants est devenu une nouvelle tactique de guerre pour les groupes armés extrémistes comme le groupe terroriste takfiriste Daech (EI) et Boko Haram, a indiqué mercredi Leila Zerrougui, représentante spéciale de l'ONU pour les enfants et les conflits armés.
«Les enlèvements de masse de femmes et d'enfants sont en passe de devenir une tactique de guerre utilisée de façon systématique pour terroriser, soumettre et humilier des communautés entières», a expliqué Zerrougui lors d'un débat au Conseil de sécurité sur le sort des enfants dans les guerres.
Les enfants enlevés sont ensuite utilisés comme soldats, boucliers humains, esclaves sexuels ou pour commettre des attentats suicide, a-t-elle ajouté. «Ces enlèvements de masse se sont multipliés [...] et j'invite le Conseil à accorder toute son attention à ce phénomène inquiétant».
Le groupe nigérian Bako Haram avait notamment enlevé en avril 2014 276 lycéennes à Chibok (Borno, nord-est du Nigeria). Cinquante-sept jeunes filles ont réussi à s'enfuir, mais 219 sont toujours portées disparues.
Zerrougui a suggéré que les pays du Conseil «activent les moyens de pression» dont ils disposent sur les groupes armés. «En plus de la pression militaire [...] il ne faut pas négliger l'importance de la pression judiciaire et des sanctions», a-t-elle rappelé.
L'ambassadeur français François Delattre, qui préside le Conseil en mars, a estimé à ce propos qu'il fallait «ajouter l'enlèvement comme une des graves violations déclenchant l'inscription des parties sur la "liste d'infamie"», une liste noire dressée chaque année par l'ONU et qui recense les responsables d'exactions contre des enfants.
«Les militaires, Casques bleus ou forces de sécurité régionales doivent aussi disposer de stratégies et d'entraînements réguliers pour agir avec précaution quand ils se heurtent à des enfants combattants», a-t-il ajouté.
La France propose aussi l'élaboration de «lignes directrices» de l'ONU sur la protection des enfants, destinées aux médiateurs dans les conflits.
Selon le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, près de 230 millions d'enfants vivent dans des pays et des zones de conflit et 15 millions d'entre eux «sont directement affectés par la violence».
«La montée de l'extrémisme violent dans les zones de conflit est particulièrement préoccupante», a-t-il estimé en soulignant que Boko Haram et l'EI «prennent souvent pour cibles des filles et des garçons».