Des propos tenus par un intellectuel américain qui assure que la CIA demeure active dans ce pays malgré le retrait militaire US.
"Le conflit en cours au Yémen reflète la concurrence pour le contrôle du pétrole dans cette région". C'est ce qu'estime Ron Paul, fondateur de "The Ron Paul Institute for Peace & Prosperity" (Institut de Ron Paul pour la paix et la prospérité).
Dans un article intitulé " How Will the Yemeni Civil War End?" ou "Comment la guerre civile au Yémen prendra fin?", Ron Paul présente une lecture de la guerre en cours au Yémen, dans laquelle il met l'accent sur la politique américaine erronée qui subit des défaites successives.
"La guerre civile au Yémen est en pleine expansion. Nous avons été obligés de fermer notre ambassade et la base militaire dans ce pays. Il est maintenant clair que l'optimisme d'Obama sur la lutte contre le terrorisme au Yémen a été mal placé. Il semble maintenant que les deux principaux protagonistes dans la région sont l'Iran et l'Arabie saoudite", écrit-il sur son site éponyme.
Celui-ci qualifie de "mauvais choix" les parties que les Etats-Unis soutiennent dans les pays de la région arabe:
"Actuellement, trois factions se battent pour le contrôle du Yémen. Notre soutien au président Hadi a échoué et il est désormais hors du pouvoir bien qu'il soit toujours impliqué dans le conflit. L'ancien président Saleh, qui reste une force puissante au Yémen, profite du chaos pour revenir au pouvoir. Jusqu'à présent, les différentes factions que nous avons soutenues au cours des années ont été de mauvais choix, comme d'habitude. Aujourd'hui, les Houthis, soutenus par l'Iran, semblent être ceux qui ont pris le dessus. Cependant, il n'y a aucun signe que cette guerre civile va bientôt prendre fin ou qu'elle n'aura pas de ramifications dans tout le Moyen-Orient et peut-être au-delà de cette région".
D'après le fondateur de l'institut "Paix et prospérité", qui prône une politique pacifique des Etats-Unis à travers le monde, "cette tournure des événements ne réconfortera pas les néoconservateurs, et ne passera pas inaperçue chez les Saoudiens… Actuellement, le chaos dans la lutte pour le contrôle du Yémen garantit le maintien de nos intérêts malgré notre retrait du pays".
Il a par ailleurs précisé que "les rebelles (houthis) soutenus par l'Iran, et qui ont pris le dessus dans le pays, ont bénéficié d'une quantité d'armes estimées à 500 millions de dollars que nous avons laissées derrière nous lors de notre retraite rapide".
Et de rappeler qu'il ne s'agit pas d'un développement inouï: " Nous avons connu une situation pareille en Syrie et en Irak où les troupes que nous avons soutenues se sont dissipées face à l'opposition militaire d'en face. Une chose est sûre: l'industrie militaire ne souffrira pas et de nouvelles quantités d'armes inonderont la région"!
Déplorant la politique belliqueuse de son pays, il a assuré que l'administration US n'hésitera pas à recourir à la force pour protéger le pétrole saoudien: "Bien que nous ayons quitté le Yémen, dans une large mesure, nous n'irons pas loin. Notre CIA restera. Les missiles de drones continueront de s'y abattre. Le financement de différentes factions va probablement s'accélérer. Nous pouvons être certains que notre gouvernement, qu'il soit géré par les républicains ou démocrates, sera prêt à utiliser la force militaire une fois qu'il juge nécessaire de restreindre le rôle de l'Iran et de protéger le pétrole saoudien".
Et de considérer la doctrine de contre-insurrection comme étant un échec total pour les Etats-Unis.
"Cette idée selon laquelle nous pouvons diriger notre empire avec les menaces militaires, des missiles, et des sanctions économiques est une erreur. Chercher à imposer une intimidation militaire sans déployer de troupes militaires nécessaires pour maintenir le contrôle du pays que nous occupons, est un objectif qui ne sera jamais atteint. Déjà cette politique est en elle-même insensée, parce que nous sommes considérés comme des "outsiders" qui envoient des troupes et qui s'impliquent dans les affaires intérieures, dans les troubles civils, dans les conflits frontaliers et les guerres de religion dans les pays concernés", conclut-il.
Source: Traduit du site Ron Paul Institute