Le royaume est en train de finaliser un contrat d’armement d’un montant d’environ 60 milliards de dollars avec les Etats-Unis. Le plus important de leur histoire.
L’appétit de Riyad pour les armes, est aiguisé par le prochain retrait américain d’Irak et l’instabilité régionale, notamment au Yémen, estiment des analystes.
La presse allemande a fait état début juillet d’un projet allemand de vente de quelque 200 Léopard 2 à l’Arabie Saoudite, qui n’a été confirmé ni du côté allemand ni du côté saoudien.
Traditionnellement, le premier exportateur mondial de pétrole est un client des industries de l’armement américaine et britannique, si on excepte certains contrats comme celui passé par la marine avec la France et l’achat d’avions européens Eurofighter.
«L’Arabie Saoudite et les pays du Golfe en général réalisent qu’ils doivent compter sur eux-mêmes pour se défendre en cette période critique marquée par l’amorce du retrait américain d’Irak», explique à l’AFP Anouar Eshki, qui dirige le Middle Eastern Institute for Strategic Studies, dont le siège est à Jeddah, dans l’ouest de l’Arabie Saoudite.
«Le royaume cherche des armes en Allemagne et même en Russie, sachant que le vide laissé par les Américains en Irak est propice à la stratégie de l’Iran, qui consiste à étendre son influence au Levant pour avoir un accès à la Méditerranée», ajoute-t-il.
«Les pays du Golfe ont besoin de se sentir capables de faire face à toute menace iranienne ou irakienne, et Bahreïn et le Koweït constituent, pour l’Arabie Saoudite, la première ligne de défense», selon M. Eshki.
Le chef de la diplomatie saoudienne, le prince Saoud Al Fayçal, a été explicite mercredi, affirmant que les «pays arabes du Golfe ont une stratégie commune de défense».
«Si l’Iran veut jouer un rôle de puissance régionale, il doit prendre en compte les intérêts des pays voisins et pas seulement les siens», avait-il ajouté.
Theodore Karasik, directeur de recherche à l’institut Enigma, ayant son siège à Dubaï, estime que le programme nucléaire iranien, «à la finalité ambiguë, est une source de menace aux yeux des Saoudiens, notamment dans le contexte du retrait américain d’Irak et de ce qui se passe en Syrie et au Liban».
«Les manœuvres militaires de l’Iran dans le Golfe ne sont pas rassurantes pour les Saoudiens», ajoute-t-il, soulignant le ton «plus ferme» qu’à l’habitude de la diplomatie saoudienne à l’égard de l’Iran.
Selon M. Karasik, «l’Arabie Saoudite fait également face à une nouvelle menace venant du Yémen», où Al Qaîda met à profit l’instabilité liée au mouvement de contestation pour étendre son influence.
En dépit de la diversification de leurs fournisseurs, les Saoudiens restent néanmoins de gros clients des armements américains, souligne Neil Partrick, un spécialiste du Golfe basé à Londres.
«Washington est le principal partenaire de Riyad en matière de défense et de sécurité et cela ne va pas changer dans un avenir proche», affirme-t-il.
Le royaume est en effet en train de finaliser un contrat d’armement d’un montant d’environ 60 milliards de dollars avec les Etats-Unis, qui deviendra, s’il est conclu, le plus important de l’histoire des Etats-Unis.
Ce contrat prévoit notamment la vente de 84 chasseurs bombardiers F15, de 178 hélicoptères d’attaque et de 12 hélicoptères légers d’entraînement MD-530F, avec une livraison échelonnée sur 15 à 20 ans, selon le département d’Etat.