26-11-2024 10:58 AM Jerusalem Timing

L’armée et les Houthis prennent le palais présidentiel à Aden, revers pour Ryad

L’armée et les Houthis prennent le palais présidentiel à Aden, revers pour Ryad

519 yéménites tués en deux semaines, selon l’ONU. Un garde-frontière saoudien tué, 10 blessés par des tirs venant du Yémen.

L’armée yéménite appuyée par les forces révolutionnaires d’Ansarullah (Houthis) se sont emparés jeudi du palais présidentiel à Aden, dernier symbole du président en fuite Abed Rabbo Mansour Hadi, infligeant un revers à l'Arabie saoudite qui mène depuis huit jours des raids aériens contre les Yéménites.

Jeudi, l’armée et les forces révolutionnaires arrivés à bord de blindés sont entrés dans le palais présidentiel Al-Maachiq sur lequel ils ont hissé le drapeau yéménite.

« Ce développement signifie que l’armée et Ansarullah ont avorté tout copiage du modèle libyen au Yémen en imposant deux capitales (Sanaa et Aden) et deux gouvernements dans le pays », estime le quotidien libanais AlAkhbar.

Et d’ajouter : « les forces révolutionnaires ont notamment entravé les objectifs de l’agression saoudo-américaine, baptisée ‘tempête décisive’, qui visait à faire revenir Hadi à Aden et lui permettre de contrôler le sud, tout en incitant les sudistes à la séparation face à l’avancée des Houthis ».

Ce développement significatif est intervenu au huitième jour de la campagne aérienne d'une coalition arabe dirigée par Ryad qui a juré de défaire l’armée et les Houthis qui contrôlent déjà la capitale Sanaa et plusieurs régions du Yémen.

En dépit des affirmations de la coalition sur un strict blocus maritime, des soldats de l’armée ont effectué un petit débarquement de renforts à Aden jeudi, a déclaré à l'AFP un conseiller saoudien qui a refusé d'être identifié.

Selon un diplomate occidental à Ryad, les Houthis "maintiennent la pression sur Aden, qui est le point faible dans la stratégie saoudienne" car les forces pro-Hadi sont selon lui désorganisées. 

Les Houthis sont désormais déployés le long du nord et du sud du pays à l’exception de la province de Ma’reb (Est) dont certaines zones sont contrôlés par Al-Qaïda, en plus de Hadramout (sud-est) considérée comme un camp militaire ouvert d’Al-Qaïda.   

Al-Qaïda attaque une prison, libère 300 détenus

Dans ce contexte, Al-Qaïda dans la Péninsule arabique (Aqpa) a attaqué jeudi la prison centrale de Moukalla, dans le sud-est du Yémen, et libéré plus de 300 détenus dont l'un de ses chefs, a indiqué une source sécuritaire.

"Un dirigeant d'Aqpa, Khaled Batarfi, détenu depuis plus de quatre ans, figure parmi plus de 300 prisonniers qui ont réussi à s'échapper de la prison centrale de Moukalla", dans la province de Hadramout, attaquée avant l'aube par des combattants du réseau extrémiste, a déclaré cette source à l'AFP.

Un accrochage qui a suivi l'attaque s'est soldé par la mort de deux gardiens de prison et de cinq détenus, selon la même source.

Outre la prison de la ville portuaire de Moukalla, les combattants d'Al-Qaïda ont attaqué aussi le complexe de l'autorité provinciale, la branche de la Banque centrale, le commissariat de police et les locaux des services de renseignement, a ajouté la même source.

Un garde-frontière saoudien tué, 10 blessés par des tirs venant du Yémen  

Et puis, pour la première fois depuis le début de cette agression contre le Yémen, un garde-frontière saoudien a été tué et 10 blessés par des tirs en provenance du Yémen, ont annoncé jeudi les autorités à Ryad.

Les gardes-frontières en poste à Al-Hasn, dans la province d'Assyr (sud), ont essuyé mercredi soir "des tirs nourris depuis une zone montagneuse à l'intérieur" du Yémen, a dit un porte-parole du ministère saoudien de l'Intérieur.

Des forces terrestres sont alors intervenues et l'échange de tirs, qui a suivi, s'est soldé par "la mort du sergent Salmane al-Maliki et par 10 blessés parmi les gardes-frontières", a-t-il ajouté.

Les USA prêts à ravitailler en vol les avions de la coalition

Entre-temps, un haut responsable militaire américain a indiqué jeudi, sous couvert de l'anonymat, que les Etats-Unis sont prêts à ravitailler en vol les avions de la coalition, mais qu'ils ne fournissent pas d'informations permettant de cibler les raids.

Selon cette source, les ravitaillements des appareils des Saoudiens et de leurs alliés devront avoir lieu en dehors de l'espace aérien yéménite.

Les Etats-Unis s'attendent à être remboursés pour ces ravitaillements, a aussi précisé ce responsable.

En ce qui concerne le renseignement, le responsable militaire a précisé que les Américains apportaient des informations de leurs satellites et avions de surveillance, pour aider les Saoudiens à surveiller leurs frontières, et à suivre la progression des Houthis.

En dépit de nombreuses frappes qui ont détruit une partie des installations vitales du pays, la coalition commence à faire face à des critiques en raison des nombreux morts et blessés civils provoqués par les raids saoudiens.

519 morts en deux semaines au Yémen (ONU)  

L’agression contre le Yémen, où l'Arabie saoudite et ses alliés mènent une campagne de frappes aériennes ont fait 519 morts et près de 1.700 blessés en deux semaines, a indiqué jeudi la responsable des opérations humanitaires de l'ONU Valerie Amos.

Mme Amos s'est dite "extrêmement inquiète" pour la sécurité des civils piégés par les combats qui font rage, et a appelé les différentes parties du conflit à faire le maximum pour protéger les simples citoyens.

Plusieurs organisations humanitaires ont fait part de leur inquiétude face au nombre croissant de victimes civiles à la suite notamment d'une frappe sur un camp de déplacés et du bombardement d'une laiterie qui aurait, à lui seul, fait près de 40 morts.

"Ceux qui sont engagés dans des combats doivent s'assurer que les hôpitaux, les écoles, les camps de réfugiés et de personnes déplacées dans le pays et les infrastructures civiles, en particulier dans les zones peuplées, ne soient pas ciblés ou utilisés pour des motifs militaires", a indiqué Mme Amos dans un communiqué.

L'Unicef a précisé mardi qu'au moins 62 enfants avaient été tués et 30 blessés au cours de la semaine qui venait de s'écouler.

Selon Mme Amos, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont fui leur foyer, certaines pour un voyage périlleux vers Djibouti et la Somalie.

 

AlAkhbar + AFP