Le CICR confronté à des "problèmes logistiques" pour acheminer son aide au Yémen. L’Iran demande l’aide d’Oman pour mettre fin à l’agression saoudo-américaine.

Les avions chasse saoudiens ont commis dimanche soir un nouveau massacre dans la localité de Anad, (province de Saada) au nord ouest du Yémen.

9 civils dont 3 enfants membres d’une même famille sont tombés en martyre quand leur domicile a été détruit par un raid saoudien. Un bébé est sorti indemne de cette frappe, a rapporté la chaine de télévision yéménite AlMasira.

Et puis, les raids saoudiens ont visé le réseau de communication à Jabal ben Arije, dans la région de Chaaf (province de Saada).

Dimanche, les avions saoudiens avaient également visé un convoi de denrées alimentaires sur la route reliant la région de Houdeida à Taez, au sud du pays, a-t-on ajouté de même source.

Les rapports préliminaires sur les pertes en vie humaine de l’offensive saoudienne lancée depuis le 26 mars 2015 contre le Yémen, font état d’au moins 857 morts et 1214 blessés civils. 160 enfants figurent parmi les victimes, a rapporté l’agence d’information iranienne Irib.

Le CICR confronté à des problèmes logistiques  

La situation humanitaire empire de jour en jour dans le pays où les hôpitaux, faute de médicaments, ne peuvent plus soigner les blessés qui se comptent par centaines.

Le CICR (Comité international de la Croix-Rouge) est confronté à des "problèmes logistiques" pour acheminer son aide au Yémen, a dans ce contexte déclaré lundi à l'AFP une porte-parole de l'organisation humanitaire basée à Genève.

"Nous avons les autorisations pour acheminer un avion cargo chargé de fournitures médicales", mais il y a un problème concernant l'atterrissage à l'aéroport de Sanaa, "où de moins en moins d'appareils peuvent se poser", a déclaré Sitara Jabeen.

"Nous essayons de résoudre ces problèmes logistiques", a-t-elle ajouté.

Samedi, le CICR avait lancé  un appel à une trêve humanitaire de 24 heures au Yémen afin d'apporter un soutien médical à la population. Mais Ryad a poursuivi ses raids.

L'Arabie va raser 96 hameaux inhabités sur la frontière avec le Yémen

Dix villages frontaliers ont été rasés par les frappes saoudiennes, depuis le début de cette agression, il y a 12 jours.    

Dans ce contexte, l'Arabie saoudite a annoncé qu’elle va démolir 96 hameaux inhabités à sa frontière sud pour empêcher leur éventuelle utilisation par des intrus du pays voisin, a rapporté dimanche le quotidien panarabe Al-Hayat.

De l’avis des analystes politiques, une telle décision de la part de Riyad puise dans sa crainte des attaques de représailles des forces révolutionnaires d’Ansarallah (Houthis).

L’Iran demande l’aide d’Oman pour mettre fin à l’agression saoudo-US

Au niveau diplomatique, l'Iran a demandé l'aide du sultanat d'Oman pour arrêter "immédiatement" les frappes saoudiennes contre le Yémen, ont rapporté dimanche les médias iraniens.

Oman, qui a de très bonnes relations avec l'Iran, est la seule monarchie du Golfe à ne pas participer à la coalition mise en place par l'Arabie saoudite.

Le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, a remis vendredi aux autorités omanaises une lettre du président Hassan Rohani qui insiste "sur la nécessité d'aider pour arrêter immédiatement les attaques contre le Yémen et empêcher que la guerre ne s'étende dans la région", selon les médias.

La lettre demande aussi de "se concentrer sur les moyens politiques" pour mettre fin à la crise au Yémen.

Par ailleurs, 262 des 290 députés iraniens ont dénoncé dimanche "l'attaque injuste de l'Arabie saoudite qui constitue une claire agression contre un peuple et un pays indépendant", a indiqué l'agence officielle Irna.

Ils accusent Ryad "d'être au service des ennemis de l'Islam" au lieu d'œuvrer pour "l'unité et la grandeur des musulmans".

Larijani : l’Arabie « occupe le Yémen »

Pour sa part, le chef du parlement iranien Ali Larijani a estimé que l’Arabie « occupe le Yémen », appelant les occupants à tirer les leçons de l’occupation soviétique et américaine de l’Afghanistan, a rapporté Irna, cité par le quotidien AsSafir.

Larijani a fait ces déclarations lors d’un entretien téléphonique avec son homologue pakistanais Saradar Sadek.

Ce dernier a affirmé que le parlement pakistanais va discuter ce lundi des évènements au Yémen. Selon Saradar Sadek, le Pakistan n’a pas l’intention de s’impliquer dans le conflit au Yémen. Ryad avait au début de cette agression annoncé que le Pakistan faisait partie de la coalition arabo-américaine engagée dans la guerre contre le Yémen.

L’Arabie saoudite a demandé des "troupes" et des "avions" au Pakistan

Dans ce contexte, l'Arabie saoudite a demandé des soldats et des avions de combat au Pakistan pour son opération contre les rebelles au Yémen, a affirmé lundi le ministre pakistanais de la Défense, affirmant qu'Islamabad cherchait pour l'heure une solution "pacifique" au conflit yéménite.

A la demande du Premier ministre Nawaz Sharif, les parlementaires pakistanais tenaient lundi une assemblée spéciale afin de débattre de la participation ou non du Pakistan à la coalition menée par l'Arabie saoudite contre le Yémen.

"Les Saoudiens nous ont demandé des avions, des navires militaires et des troupes au sol", a déclaré lundi au parlement le ministre de la Défense Khawaja Asif.

Il a affirmé que le Pakistan n'avait pas encore pris sa décision et qu'il privilégiait une solution "politique" et "pacifique" à ce conflit, tout en s'engageant à défendre la souveraineté du territoire saoudien si celle-ci venait à être menacée.

Le ministre a par ailleurs annoncé la visite mercredi à Islamabad du chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, afin de discuter de la situation au Yémen.

La visite de M. Zarif à Islamabad est en effet programmée au lendemain de celle à Téhéran du président turc Recep Tayyip Erdogan et quelques jours après la celle à Ankara de M. Sharif.

Manifestations dans les pays occidentaux contre l'agression

A la lumière des massacres contre le peuple yéménite, des centaines de manifestants ont organisé des manifestations de soutien au peuple yéménite dans plusieurs régions du monde, a rapporté la chaine AlManar et la chaine panarabe AlMayadeen.

En France, des centaines de personnes ont manifesté devant l’ambassade saoudienne à Paris pour protester contre l’agression militaire contre le Yémen.

Des manifestations similaires ont été organisées en Australie, à Michigan aux Etats Unis et à Scotland.

Au Liban, une manifestation d’enfants a été organisée en soutien à leurs confrères yéménites. Les petits protestataires ont comparé les massacres saoudiens au Yémen à ceux commis par les Israéliens à l’encontre des enfants libanais à Qana (sud Liban).