Erdogan, élu chef de l’Etat en août dernier, réclamait à son rival 100 mille livres.
Un tribunal d'Ankara a condamné jeudi le chef du principal parti d'opposition turque à verser 10.000 livres (environ 3.500 euros) de dommages et intérêts au président Recep Tayyip Erdogan pour l'avoir insulté, ont rapporté les médias turcs.
Dans son jugement, le juge a estimé coupable le président du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), Kemal Kiliçdaroglu, d'avoir insulté et violé les droits d'Erdogan, alors Premier ministre, lors d'un discours prononcé en janvier 2013.
Dans ce discours, Kiliçdaroglu avait évoqué les graves accusations de corruption qui visaient à l'époque le chef du gouvernement, ses proches et plusieurs ministres du parti au pouvoir depuis 2002. La justice a depuis classé son enquête sans suite.
Dans sa plaidoirie, l'avocat de Kiliçdaroglu, Celal Celik, a plaidé la relaxe de son client, estimant que ses propos reposaient sur des "faits avérés" et servaient "l'intérêt du public".
Erdogan, élu chef de l'Etat en août dernier, réclamait à son rival 100 mille livres.
Depuis son arrivée au pouvoir en 2003, Erdogan multiplie les plaintes en diffamation ou insulte contre ses adversaires, qu'il s'agisse d'adversaires politiques, de journalistes, d'artistes ou de simples citoyens.
Avec son élection à la présidence, il a ressuscité l'article 299 du code pénal turc, qui punit d'un maximum de quatre ans de prison ferme toute personne qui "porte atteinte à l'image" du président.
L'opposition, qui dénonce la dérive autoritaire d'Erdogan, a exigé l'abrogation de cette disposition, la jugeant contraire à la liberté d'expression.
Lors de son retour d'une visite en Iran mardi soir, Erdogan a justifié ces procédures devant les journalistes qui l'accompagnaient. "Je me considère comme une personne normale et je dis à mes avocats +ceci n'est pas une critique, lorsque cela devient une insulte, faites ce que prévoit la loi , a-t-il déclaré.