Interview exclusive du chef de l’organisation nucléaire iranienne Ali Akbar Salehi avec la chaine satellitaire iranienne alAlam.
Le chef de l'Organisation iranienne pour l'énergie atomique, Ali Akbar Salehi a accusé « l’entité sioniste et certains pays régionaux de saboter tout aboutissement à un accord final sur le programme nucléaire de Téhéran », laissant toutefois transparaitre un certain optimisme sur cet accord, soulignant que « la partie américaine tente de présenter une propre interprétation de la déclaration de Lausanne pour des raisons politiques locales».
Dans une interview exclusive avec la chaine satellitaire iranienne alAlam, Ali Akbar Salehi a affirmé: « Chacun cherche à faire valoir sa version des pourparlers sur le nucléaire, mais jusqu'à aujourd'hui nous ne sommes pas encore parvenu à un accord, tout ce qui s’est passé jusqu'à aujourd'hui, c’est que nous nous sommes entendus sur une variété de sujets, mais il reste beaucoup d’efforts à faire pour parvenir à un accord. Cela dit, l'existence d'une entente commune contribue à réaliser cet objectif ».
L’exploit de l'Iran: Aucune de nos installations nucléaires ne sera fermée
Le haut responsable iranien a souligné que « la dernière déclaration a permis à l'Iran d’enregistrer une réussite à savoir aucune de ses installations nucléaires n’a été fermée » notant que « des responsables occidentaux exigeaient de l'Iran ces dernières années à ce qu’elle cesse toute activité nucléaire dans le domaine de l'enrichissement, ou dans celle de la production de l’eau lourde. En fait, ils souhaitaient faire emprunter à l'Iran la même voie que la Libye, mais ce n’est pas arrivé, et nous avons préservé notre droit à l’enrichissement et à la production de l'eau lourde. L'Iran a maintenu ses droits en conformité avec le traité de l'Agence internationale d'énergie atomique ».
Il a noté que « certains pays de la région souhaitent construire une centrale nucléaire, mais pour cela, ils doivent signer un document dans lequel ils acceptent d’abandonner leurs droits qui sont conformes avec le TNP. Or l'Iran, en dépit de la pression et du harcèlement des grandes puissances, a préservé et son droit à l'enrichissement et à la production de l’eau lourde ».
Et de poursuivre : « les médias occidentaux ont jeté à l'opinion publique internationale l’idée que l'Iran veut construire des armes nucléaires et des armes de destruction massive et ce malgré nos démentis répétés continuellement, fondés sur une fatwa du commandant de la Révolution islamique qui interdit la production ou la possession de tout type d'armes de destruction massive » .
L’internationalisation du dossier nucléaire de l'Iran est illégale et injuste
Salehi s’est indigné que « le programme nucléaire de l'Iran soit confié au Conseil de sécurité des Nations Unies », qualifiant « cet acte d illégale et d’injuste, sachant que le conseil de l'AIEA n’a pas pu présenter l'Iran comme un État qui ne respecte pas les règles de l'AIEA ni ses obligations, de ce fait nous estimons que nos droits ont été prouvés ».
Il a ajouté que « l'Occident essaie de montrer que cette déclaration a réussi à empêcher l'Iran de développer des armes nucléaires, et ce dans le but de convaincre l'opinion publique à l'intérieur. Or, ces négociations sont composées de trois parties : la première est technique et elle est essentielle, sans entente dans cette partie on ne peut pas résoudre la partie politique. Cela dit, ils ont essayé de politiser la partie technique, mais aujourd'hui, il n’ya pas un point technique qui n’a pas été résolu ».
Salehi a indiqué que « la deuxième partie est juridique comme la question des inspections et de l'accès aux sites nucléaires, enfin la troisième partie est politique, elle nécessite la volonté politique de toutes parties afin d’aboutir à un consensus obligatoire sur tous ».
La partie technique est résolue, mais la partie politique et celle juridique pas encore
Salehi a souligné qu’ « un consensus a été obtenu sur les questions clés - techniques comme l'enrichissement, l'eau lourde, les stocks, la recherche et le développement ».
Pour ce qui est des questions juridiques, Salehi a indiqué qu’ « elles relèvent de la compétence du ministère des Affaires étrangères qui les a définies dans une certaine mesure, mais il y a encore débat sur les questions telles que l'accès aux sites mais tout est clair en ce qui concerne les inspections ».
Il a expliqué que « les lignes rouges concernent l'enrichissement, la production de l'eau lourde qui doit garder son caractère technique, la poursuite de la recherche et du développement, et aussi que l’Iran ne soit pas le seul Etat qui soit soumis à des inspections ».
Salehi a souligné que « l'Iran travaille sur un protocole annexe , selon lequel l’Iran a le droit d’empêcher l'entrée des inspecteurs dans les installations non nucléaires, et pourrait leur permettre d'accéder seulement à l’entrée de ces installations sans y avoir un droit d’ accès sous la supervision de l'Iran », soulignant que « l'Iran rejette la version occidentale du protocole annexe selon laquelle l’Iran autoriserait l’accès à ses installations non- nucléaires ».
Tentative israélienne et régionale de saboter l'accord final
Le président de l'Organisation iranienne pour l'énergie atomique a dénoncé « l'opposition de certains pays de la région , de l'entité israélienne et des lobby aux États-Unis à tout accord final , et ce parce qu’ils veulent empêcher l'Iran de résoudre cette question tout en préservant ses intérêts et sa souveraineté, ajoutant que « l'entité sioniste estime depuis toujours que son existence est menacée, surtout avec la persistance des tensions dans la région , mais elle échouera et cela l'avenir le prouvera ».
Salehi a rappelé qu’il « avait signé le Protocole quand il était représentant de l'Iran à l'Agence internationale de l'énergie atomique à l’époque de l'ancien président Mohammad Khatami, et que le gouvernement avait respecté ses engagements après l’avoir signé durant six mois, mais le gouvernement a freiné parce que l’Occident n’a pas respecté ses engagements , alors que l'Iran avait cessé en grande partie ses activités nucléaires, or le guide suprême avait prévenu que l'Occident ne respectera pas ses obligations ».
Le gouvernement consultera le Parlement concernant le protocole annexe
Salehi a souligné que « le Parlement a approuvé un projet obligeant le gouvernement de ne pas s’en tenir au protocole de manière volontaire », insistant « sur la nécessité de communiquer avec le Parlement et de le consulter, ajoutant que le Conseil de la Choura compte autoriser d’appliquer le Protocole temporairement, jusqu'à sa ratification ».
Et de poursuivre : « les Américains ont exigé une période de 25 ans pour construire la confiance au début des négociations, l'Iran a insisté sur une période de deux ans, mais après de nombreuses négociations nous nous sommes entendus sur une période de dix ans. Par ailleurs, l'Iran a accepté une période de 15 ans pour les activités non-essentielles, tels que l’enrichissement du plutonium, ou l'exploitation minière. De plus, l'Iran s’ est engagée à informer l'AIEA au cours des 15 à 20 prochaines années sur le processus d'extraction de l'uranium , de la préparation de gâteau jaune et son transfert à Ispahan, sa transformation en gaz de l'hexafluorure d'uranium, et que le processus soit enregistré et scellé ».
Salehi a ajouté: « après une période de dix ans, il y aura un retour progressif des activités nucléaires à la normale ».
L'Iran n’acceptera pas l’inspection de ses installations non-nucléaires
Ali Akbar Salehi a indiqué que « le document américain comprend le même contenu que le document iranien, mais les Etats-Unis présentent certains des points de manière vague et suspicieuse, mais il s’ agit des mêmes questions au sujet de Natanz , Fordo , Arak , l'embargo , l'accès, les inspections, ce qui compte ce qui est écrit et non ce qui est verbalement, voire nous ne sommes pas d’accord avec leurs interprétations du protocole annexe ».
Et de réitérer : « l'Iran ne permettra pas l'inspection de ses installations militaires et non-nucléaires, que les choses sont claires dans ce domaine, nous travaillons en conformité avec le Protocole annexe ».
Salehi a estimé que « des défis importants nous attendent avant d'atteindre un accord final , surtout de la part du lobby sioniste aux États-Unis, qui travaille de toutes ses forces pour empêcher la conclusion d'un accord , sans compter que certains pays dans la région ont recours à leur influence financière et politique pour ce faire, ce qui est regrettable ».
Il a expliqué que « le Congrès , sous le poids du lobby sioniste, tente d’empêcher la conclusion d’un accord final, mais le poids des partis qui veulent parvenir à un accord est encore important, et donc je suis optimiste, mais certainement dans les prochaines négociations ,les trois prochains mois, nous allons être affronter à de grands défis, en particulier à propos de l’embargo et de son annulation, et surtout les questions juridiques où je m’attends à laborieuses négociations ».
Pas de levée de l'embargo économique périodique et donc gare à vous si vous renier
Pour ce qui est de la question de la levée de l’embargo, Salehi n’a pas mâché ses mots. « Dés qu’un accord final est signé- et ce qu'ils ont annoncé – toutes les résolutions du Conseil de sécurité concernant l’embargo seront annulés d’un bloc, et c’est ce qui est indiqué dans les négociations, puis nous entamons la phase opérationnelle », indiquant que « les deux parties vont signer un accord contraignant, et le même jour les résolutions internationales seront annulées, suivi d'une série de mesures que chaque partie devra exécuter ».
Et de poursuivre : «il faut savoir que la manière de lever l’embargo, son timing est une chose, et ce que l’Occident évoque comme types d’embargo est une autre chose et ne comprend pas l'embargo économique, mais l’embargo sur les armes, l’Occident estime que ce type de levée d’embargo ne sera pas résolu par les résolutions internationales, mais dans le cadre d’un document annexe afin de garder l’embargo sur les armes pendant un certain temps, mais les négociations se poursuivent toujours sur cette question afin d’éclaircir la question, ajoutant « que la partie iranienne compte exécuter toutes ses obligations dans un délai n’excédant un mois ».