"Des services sécuritaires israéliens sont impliqués dans la mise en place de certains réseaux prétendant avoir des liens avec al-Qaïda et Daech", affirment des experts sécuritaires.
Après des années de soutien implicite au groupe terroriste takfiriste Daech (EI), le mouvement palestinien Hamas commence à montrer des signes de divergences. En effet, le nombre de partisans de Daech dans la Bande de Gaza va crescendo, poussant ainsi des dirigeants du Hamas à mettre en garde contre ce « danger indirect ».
Des avertissements qui se sont traduits sur le terrain par des dizaines d’arrestations parmi les partisans du groupe terroriste salafiste, dont cheikh Adnane Mayt, arrêté la semaine dernière, puis libéré après avoir signé un engagement, dit le Hamas.
Le mouvement palestinien réalise désormais que Daech le poignarde dans le dos dans le camp de réfugiés palestiniens à Yarmouk. Pour cette raison, il a pris plusieurs mesures pour freiner sa montée en puissance.
Outre les arrestations, le Hamas tient fréquemment des séances de sensibilisation, avertissant les jeunes contre le ralliement à l’autre mouvement salafiste, qui juge « prohibées » la participation du Hamas aux élections et la relation avec l’Iran.
Fuite de partisans de Daech
Un certain Abou Moujahed, ancien détenu salafiste dans les prisons de Gaza, rapporte qu’un « grand nombre de partisans de la doctrine djihadiste dans la Bande de Gaza ont fui ailleurs, notamment en Syrie, via la Turquie, après avoir reçu des facilités pour sortir de la prison et se rallier au Jihad ».
Selon lui, plusieurs obstacles ont empêché ces extrémistes de former un groupe organisé à Gaza.
Lutte contre la doctrine de Daech
Un dirigeant du Hamas admet que « dernièrement, des extrémistes salafistes rejettent tout dialogue avec nous, nous apostasient et nous accusent d’avoir enfreint aux enseignements de la charia ».
Et d’ajouter : « Nous avons décidé de poursuivre toute personne qui constitue une menace potentielle, surtout sur la relation avec l’Egypte ».
Bien que le Hamas assure que Daech n’est pas présent à Gaza, ses brigades al-Qassam affichent des craintes quant à l’expansion, via internet, de l’esprit daechiste-djihadiste dans la région.
« Les brigades oeuvrent pour sensibiliser les jeunes, qui peuvent être fascinés par les slogans du califat. Nos fils savent que la mise en place de l’Etat islamique se fera après l’éradication d’Israël », dit Abou Ibrahim, un certain dirigeant du Hamas.
Daech et la relation avec Israël
Par ailleurs, Abou Ibrahim a révélé que « des services sécuritaires israéliens sont impliqués dans la mise en place de certains réseaux prétendant avoir des liens avec al-Qaïda et Daech, alors que les jeunes prêtent allégeance à leurs dirigeants prétendus via Skipe ».
A ce propos, une autre source sécuritaire a confirmé « l’arrestation de collaborateurs prétendant recevoir des ordres d’al-Qaida, mais après les enquêtes menées, il s’est avéré qu’ils ont des liens avec l’occupation israélienne ».
Cette source a indiqué que les agents arrêtés étaient chargés de semer la discorde et d’attaquer des sites et certains éléments, sous le prétexte de la lutte contre la déviation.
Processions populaires pro-Daech
Quelques mois auparavant, plusieurs processions populaires brandissant les bannières de Daech ont été organisées dans la Bande de Gaza. Les participants ont lancé des pierres sur le centre culturel français.
Le porte-parole de la police, Ayman Batniji, assure que la « police du Hamas peut faire face à toute tentative de déstabilisation de Gaza », rejetant toute action organisée de Daech dans cette zone.
« Bien que Daech soit soupçonné de responsabilité dans certaines attaques à l’explosif, aucune preuve n’a permis de confirmer l’implication de jeunes radicaux dans des attaques pouvant porter atteinte à la population », poursuit-il.
Pas d’environnement propice à Daech
Des experts sécuritaires, dont Moumen Souweidan, estiment que les territoires palestiniens ne favorisent pas l’émergence de Daesh. « La nature de la force sécuritaire et la grande popularité dont jouissent le Hamas et le Jihad islamique empêchent l’expansion de l’esprit daechiste », explique-t-il.
Alors que pour Ibrahim Habib, un autre expert sécuritaire palestinien, « la guerre de Daech lancée contre les sunnites est une raison de plus qui sensibilise la population de Gaza face à ce phénomène ».
Lutte contre l’esprit extrémiste
Par ailleurs, le ministère des legs et des affaires religieuses à Gaza a lancé une campagne pour lutter contre l’esprit extrémiste lors des prêches de vendredi.
Malgré tous ces développements, « aucune position religieuse ni politique n’a été adoptée par le Hamas envers Daech et le front al-Nosra, très populaire au sein du mouvement. Pourtant, le Hamas a annoncé la mort de plusieurs de ses dirigeants, tués par Daech en Syrie », fait remarquer l’analyste politique Mostapha Ibrahim.
Source: traduit du site al-Akhbar