Ce nouveau drame porte à plus de 900 le nombre de morts enregistrés par l’OIM en Méditerranée depuis le début de l’année.
Jusqu'à 400 migrants ont disparu dimanche dans un naufrage en Méditerranée, selon des survivants débarqués mardi dans le sud de l'Italie, où les vagues d'arrivées massives font monter la tension.
Les gardes-côtes italiens, qui ont porté secours à 42 bateaux chargés au
total de plus de 6.500 migrants dimanche et lundi, avaient annoncé lundi avoir
sauvé 144 personnes et récupéré neuf corps après le naufrage de l'une de ces
embarcations.
Mardi, des représentants de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) et de l'ONG "Save the children" ont commencé à interroger les 144 à 150 survivants d'un naufrage débarqués dans la matinée à Reggio Calabria
(sud), sans pouvoir certifier qu'il s'agissait du même drame.
Ces survivants ont assuré qu'il y avait au total 500 à 550 personnes à bord
de leur bateau, dont de nombreux jeunes, selon les ONG.
"Nous sommes encore en train d'enquêter pour comprendre la dynamique du
naufrage", a expliqué Flavio Di Giacomo, porte-parole de l'OIM, selon lequel
les premiers éléments laissent penser que le bateau a chaviré sous l'effet du
mouvement des passagers quand ils ont aperçu les secours.
Ce nouveau drame porte à plus de 900 le nombre de morts enregistrés par
l'OIM en Méditerranée depuis le début de l'année, contre 47 pendant la même
période en 2014.
Entre-temps, la vaste opération italienne de secours "Mare Nostrum" a cédé
la place à "Triton", un programme européen de contrôle des frontières nettement
moins ambitieux.
Alors qu'un temps calme et printanier s'est installé sur la zone depuis
quelques jours, plus de 10.500 arrivées ont été enregistrées depuis le début du
mois en Italie, où les structures d'hébergement des demandeurs d'asile,
permanentes ou établies en urgence, accueillent déjà plus de 80.000 personnes.
Le ministre de l'Intérieur a envoyé lundi une directive aux préfets les
appelant à trouver d'urgence 6.500 places d'hébergement, en particulier dans le
nord et le centre du pays.
Refuser tout nouvel arrivant
L'appel a provoqué la fureur de Matteo Salvini, le chef de la Ligue du
Nord, mouvement anti-immigration et anti-euro en pleine campagne pour les
élections prévues fin mai dans sept des 20 régions du pays.
"Je demande aux gouverneurs, maires et conseillers de la Ligue de dire non,
par tous les moyens, à chaque nouvelle arrivée. La Ligue est prête à occuper
chaque hôtel, école ou baraquement qui pourrait être mis à la disposition de
ces soit-disant réfugiés", a lancé sur les réseaux sociaux le jeune dirigeant.
D'autres élus d'opposition ont accusé le gouvernement de centre-gauche de
Matteo Renzi d'encourager les désespérés en continuant de leur porter secours
jusqu'au large de la Libye, tandis que des organisations humanitaires ont
critiqué le manque de préparation des autorités face à cette vague annoncée.
Originaires essentiellement d'Afrique subsaharienne et du Moyen-Orient, en
particulier de Syrie ravagée par la guerre, ces migrants s'efforcent de
gagner l'Europe à la faveur du chaos régnant en Libye.
Signe de la confiance des passeurs au large de la Libye, plusieurs d'entre
eux ont ouvert le feu lundi sur deux navires engagés dans l'opération "Triton"
-- un bateau des gardes-côtes islandais et un patrouilleur italien -- pour
récupérer une embarcation dont les passagers venaient d'être secourus.
Début mars, le directeur exécutif de l'agence européenne de contrôle des
frontières de l'UE (Frontex) avait cependant estimé que 500.000 à un million de
migrants pourraient arriver cette année.
Beaucoup ne souhaitent pas s'installer en Italie. En 2014, le pays a
enregistré 170.000 arrivées et 63.700 demandes d'asile, tandis que l'Allemagne
recevait 173.100 demandes et la Suède 75.100.
Mais l'Italie ne dispose que de 30.000 places dans ses structures d'accueil
classiques, selon la fondation Migrantes.
La capacité a été doublée grâce à un programme incitant à convertir hôtels,
résidences de vacances ou maisons de retraites en échange de 30 euros par jour
et par demandeur d'asile, qui a fait fleurir un nouveau secteur d'activité
décrié pour son opacité et ses investisseurs peu scrupuleux.
Parallèlement, les organisations catholiques comme Caritas ou Migrantes
hébergent aussi 20.000 migrants.
La Grèce est également confrontée à ces problèmes, avec l'arrivée de plus
de 700 migrants ces derniers jours, Syriens et Africains, dont 500 sur la
seule île de Lesbos en mer Egée.