Un vent révolutionnaire souffle sur les pays arabes, après la Tunisie et l’Égypte. Même si le sort de l’après Ben Ali et celui de l’après Moubarak sont encore indéterminés, il ne faut surtout pas sous-estimer ce qui se d
Il serait peut-être tôt d’anticiper un effet domino, mais l’ère des dictateurs à la main de fer semble bel est bien révolu.
Aujourd’hui, malgré les différences socio-économiques et politiques des pays arabes, les dictateurs ont conscience qu’ils ne sont plus à l’abri, que l’heure des réformes et des changements a sonné.
Le peuple arabe se soulève et manifeste son mécontentement, l’obstacle de la peur est brisé pour laisser place à un courage et à un réveil de la rue arabe. Le courage de crier haut et fort, dès lors, le refus de vivre dans le mépris et la misère quotidienne, quand bien même les richesses sont pillés et distribués entre des cercles d’oligarques, assoiffés de pouvoir et de notoriété, arrachant au citoyen arabe toute chance de prospérité, de liberté, et de dignité.
Du côté des grandes puissances, c’est la panique et la confusion.
Notamment les Etats-Unis, pris de surprise par les peuples arabes jusqu’ici inertes, soumis et peu soucieux de vivre en démocratie, se rebellant contre les dictatures mises en place par eux.
Ainsi, ces dictatures qui ont durant de longues décennies protégé les intérêts américano-sionistes dans la région, sont aujourd’hui sur le point de tomber, devenues trop faibles, vieilles, et déconnectées du peuple. Impuissantes face à une jeunesse arabe grandissante qui ne veut plus subir le même sort que ses ancêtres.
Le soulèvement populaire est un soulèvement de la jeunesse égyptienne, dans toutes ses appartenances politiques opposées au régime déchu. Il n’est l’apanage d’aucun parti politique ou religieux.
C’est ce qui fait d’ailleurs aujourd’hui trembler plus d’un pays, c’est bien la nature de ce mouvement, dont le régime égyptien et des forces extérieures essayent d’en ternir l’image, en brandissant le spectre de l’islamisme.
Mais la réalité sur le terrain est tout autre, les revendications ne sont ni religieuses ni même politiques au début, elles découlent tout simplement de principes universelles tels que la dignité, les droits de l’homme, la liberté et la justice sociale et économique.
Pour le philosophe Slovène, Slavoj Zizek , « les révolutions tunisiennes et égyptiennes ont enterré l’idée cynique que la rue arabe préfère les dictateurs. Elles ont donné une bonne leçon aux occidentaux et mis fin aux préjudices racistes qui affirment que les arabes ne peuvent comprendre la démocratie ».
Selon lui, les arabes l’ont très bien compris : « ils font d’ailleurs la révolution mieux que nous en Europe, ce qui se passe est un vrai exemple d’universalisme des principes qui met fin au soi-disant choc des civilisations. Nous avons aujourd’hui la preuve que la liberté est universelle ».
Selon le philosophe et petit-fils d’Hassan ElBanna, Tariq Ramadan, le fait de brandir le spectre de l’islamisme permet à l’occident de laisser croire qu’on a le choix juste entre l’Islamisme et la dictature.
Cette conception binaire, loin de la réalité, reflète selon le philosophe, les orientations idéologiques de l’Occident.
Pour Ramadan, « si l’Occident est sérieux et croit réellement en l’universalisme des valeurs démocratiques, il serait temps de les appliquer, c’est le moment de soutenir l’Egypte et de ne pas rester silencieux et attendre le déroulement des événements rien que pour protéger la sécurité d’Israël ».
Les Etats-Unis parlent de démocratie et de menace islamiste quand bon leur semble : soutenir et signer des contrats d’armes avec l’Etat wahhabite saoudien n’a rien de menaçant pour les américains alors que le soulèvement populaire démocratique des jeunes en Egypte est vite représenté comme le soulèvement des islamistes.
Selon le philosophe, la soi-disant menace islamiste « n’est que de la pure hypocrisie de la part des Etats-Unis et une propagande israélienne qu’on veut nous faire avaler pour protéger les intérêts géostratégiques des Etats-Unis».
Pour les deux philosophes « il faut se libérer des slogans idéologistes de l’Occident qui promeuvent la dictature dans le monde arabe en affirmant que l’alternative n’existe pas ».