Des millions de Yéménites sont confrontés à l’insécurité alimentaire.
Quatre semaines après le début de l’agression saoudo-américaine contre le Yémen, les raids continuent de faucher la vie des civils et de détruire l’infrastructure de ce pays frappé par la pauvreté.
Plus de 20 civils sont tombés en martyre et des dizaines d’autres blessés dans des raids saoudiens visant des bâtiments résidentiels, des stations d’essence et des magasins dans la région de Houth dans la province d’Amrane, au nord du pays.
Les avions et l’artillerie saoudienne ont également causé la mort de plusieurs civils dans les régions frontalières de Saada et Hajja.
Mercredi, 16 personnes dont une femme et trois enfants ont péri suite à un raid visant un quartier résidentiel à Saada.
Le Ministère yéménite de la Santé a mis en garde contre une catastrophe sanitaire dans le pays, en raison de la hausse du nombre des blessés et de la pénurie dans les équipements médicaux. Le blocus aérien imposé par l’Arabie retarde l’acheminement de l’aide médicale.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a pour sa part indiqué mardi que le bilan des victimes depuis le début de cette agression contre le Yémen s'élevait à 736 morts et 2.719 blessés.
Mais le bilan réel est plus élevé, car de nombreux corps ne sont pas envoyés dans les centres médicaux, a souligné un porte-parole de l'OMS.
Des sources yéménites officielles publiées dans la nuit de mercredi à jeudi ont fait état de 2571 martyrs, dont 381 enfants et 214 femmes ; et 3897 blessés dont 618 enfants et 455 femmes.
FAO: Des millions de Yéménites confrontés à l’insécurité alimentaire
Pis encore, près de 11 millions de Yéménites sont confrontés à l'insécurité alimentaire et des millions d'autres risquent de n'être plus en mesure de répondre à leurs besoins alimentaires de base en raison de cette guerre, a mis en garde mercredi l’Organisation des Nations-unies pour l’alimentation et l’agriculture, sur son site internet FAO.org.
Selon la dernière évaluation de la FAO, 10,6 millions de Yéménites sont actuellement en situation d'insécurité alimentaire aiguë, dont 4,8 millions confrontés à des conditions «d'urgence» marquées par un accès très problématique à la nourriture, par des taux de malnutrition très élevés et croissants, et par la destruction irréversible de leurs moyens d'existence.
En outre, quelque 850 000 enfants souffrent de malnutrition aiguë.
Plus de la moitié de la population du Yémen, soit quelque 16 millions de personnes sur un total de 26 millions, ont besoin d'aide humanitaire sous une forme ou une autre et n'ont pas accès à l'eau potable.
Paradoxalement, quelque 2,5 millions de producteurs d'aliments, notamment des agriculteurs, des éleveurs, des pêcheurs et des salariés agricoles, figurent parmi les personnes souffrant d'insécurité alimentaire.
Bien que l'agriculture assure les moyens d'existence de près des deux tiers des Yéménites, le pays s'appuie aussi fortement sur les importations de produits alimentaires de première nécessité.
Dans le même temps, les infrastructures des services se sont effondrées et les programmes officiels comportant des filets de sécurité ont été suspendus, ce qui a porté un coup de massue supplémentaire à des millions de ménages pauvres.
L'Arabie ne transigera pas sur ses objectifs
Parallèlement, l'ambassadeur saoudien à Washington a indiqué mercredi que l'Arabie saoudite et ses alliés arabes ne cesseront pas leurs frappes aériennes au Yémen, tant qu'ils n'auront pas atteint leurs objectifs.
"Cette opération continuera jusqu'à ce que les objectifs soient atteints. Il ne peut y avoir de demi-mesures", a dit l'ambassadeur, Adel Al-Joubeir, lors d'une conférence de presse à l'ambassade.
Le diplomate a estimé que la campagne de bombardements lancée il y a trois semaines réussissait "au delà" même des attentes des pays membres de la coalition.
"Nous commençons aussi à voir des fissures" dans le rang des forces opposés au président démissionnaire Abed Rabbo Mansour Hadi.
Selon l'ambassadeur saoudien, l'Iran n'a pas pu livrer d'armes aux Houthis depuis le début des frappes. L'Arabie saoudite et ses alliés, auxquels les Etats-Unis fournissent un soutien logistique, ont le contrôle de l'air et inspectent les navires se rendant au Yémen, a-t-il expliqué.
Interrogé sur les pertes civiles lors des bombardements aériens, l'ambassadeur a prétendu que la coalition "faisait attention à viser des cibles militaires et à minimiser les dommages civils".
La coalition de dix pays a été renforcée diplomatiquement par l'adoption mardi par le Conseil de sécurité de l'ONU d'une résolution qui n’exige pas un arrêt des raids saoudiens.
Le texte a sommé les Houthis de se retirer des régions qu'ils ont conquises depuis septembre 2014, y compris la capitale Sanaa.
Il est à noter que l’armée et les Houthis ont réussi à chasser les miliciens Qaïdistes de la majorité des provinces du pays.
Le médiateur de l'ONU Jamal Benomar a présenté sa démission
Au niveau politique, le médiateur de l'ONU au Yémen, Jamal Benomar, a présenté sa démission, a annoncé mercredi l'ONU, cité par l’AFP.
Un responsable de l'ONU sous couvert de l'anonymat a indiqué que parmi les successeurs possibles de M. Benomar figure l'actuel chef de la mission de l'ONU pour la lutte contre Ebola, le Mauritanien Ismaïl Ould Cheikh Ahmed.
Le Conseil de sécurité de l'ONU avait renouvelé mardi sa confiance à M. Benomar et avait adopté une résolution qui somme les Houtis de quitter le pouvoir et leur impose un embargo sur les armes et des sanctions.
Selon des diplomates, M. Benomar était vivement critiqué depuis quelques semaines par les partisans du président yéménite en exil Abd Rabbo Mansour Hadi et par leurs alliés du Conseil de coopération du Golfe (CCG), notamment l'Arabie saoudite.
Ceux-ci ont lancé il y a trois semaines une agression militaire marquée par de nombreux raids aériens contre les Yéménites.
Ankara propose une conférence internationale pour la paix
Et puis, après la proposition iranienne d’un cessez-le-feu au Yémen, la Turquie a proposé l'organisation d'une conférence internationale pour la paix au Yémen, a annoncé mercredi à Moscou le président du Parlement turc, Cemil Ciçek.
"La Turquie est prête à accepter la présence de toutes les parties pour aider à la résolution pacifique du conflit", a déclaré le président lors d'une conférence de presse à Moscou.
Selon lui, cette conférence "pourrait être organisée à Ryad (Arabie Saoudite) ou à Istanbul", précisant qu'il était nécessaire que les Houthis "libèrent les territoires capturés et retirent leurs forces". Il faisait allusion à l’avancée de l’armée et des Houthis dans la majorité des provinces du pays face aux miliciens takfiristes et aux forces pro-saoudiennes.
Sources: AlManar TV + AlMayadeen TV + FAO.org + AFP