25-11-2024 02:52 PM Jerusalem Timing

La sécurité en question après le vol d’un engin en plein coeur de Washington

La sécurité en question après le vol d’un engin en plein coeur de Washington

La capitale fédérale est protégée par de multiples batteries de défense anti-missiles.


 Depuis les attentats du 11-Septembre, les avions de chasse défendant le ciel américain ont répondu à 5.000 possibles alertes aériennes. Mais mercredi, ils ont raté le "vélo volant" d'un sexagénaire qui a atterri en plein coeur de Washington, pourtant interdit de survol.

   La capitale fédérale est protégée par de multiples batteries de défense anti-missiles. Un immense aérostat (dirigeable attaché), connu sous son acronyme JLENS, doit servir à repérer des missiles à basse altitude parmi les milliers d'aéronefs volant sur la côte est américaine.

   Et régulièrement, la nuit dans le ciel de Washington, des exercices sont menés par Norad, le commandement militaire chargé de défendre les Etats-Unis et le Canada d'attaques aériennes, dans le cadre de l'opération Aigle noble ("Noble Eagle"), en réponse aux attentats du 11-Septembre.

   Rien de tout cela n'a dissuadé Doug Hughes, qui a tranquillement décollé mercredi de Pennsylvanie, volé à basse altitude avec son "vélo volant" pendant plus d'une heure, survolé l'immense parc plein de touristes qui s'allonge devant le Capitole, et atterri à quelques centaines de mètres du siège du Congrès, en pleine session.

   Il a "apparemment volé littéralement sous les radars", a admis jeudi le secrétaire à la Sécurité intérieure, Jeh Johnson, selon Politico.
   "Norad n'était pas au courant du girodyne avant son atterrissage", a dit à l'AFP un porte-parole de Norad, Jamie Humphries.

   Des avions de compagnies aériennes atterrissent bien en vue de la Maison Blanche, à l'aéroport National-Ronald Reagan. Mais Washington est entouré d'un large périmètre dans lequel l'identification avec le contrôle aérien est obligatoire, puis d'un second où l'entrée est interdite sans autorisation. La zone du Capitole et de la Maison Blanche est interdite de survol.

   "On aurait dû être en position de l'abattre, je ne sais pas pourquoi ça n'a pas été le cas", s'est étonné le sénateur républicain Lindsey Graham, dans une interview radio.
   
   -Oiseaux ou aéronefs?-
 
   
   Le mini-hélicoptère, de la taille d'un siège équipé d'un rotor et d'une hélice, n'avait ni bombe ni armes, seulement des lettres adressées aux parlementaires. Un coup d'éclat destiné à dénoncer la corruption du système politique américain.
   Doug Hughes, 61 ans, a été arrêté et devait comparaître jeudi après-midi au tribunal.

   En juin dernier, deux chasseurs F-16 avaient repéré et escorté un petit avion privé qui survolait la capitale sans autorisation. En 2010, la Navy avait perdu le contrôle pendant 20 minutes d'un de ses hélicoptères sans pilote, en direction de Washington; il s'en était fallu de peu que des F-16 ne soient dépêchés pour, éventuellement, l'abattre.

   Mais l'affaire s'ajoute à plusieurs loupés des forces de l'ordre chargées de protéger Washington, cible depuis le 11-Septembre (un des quatre avions piratés s'était écrasé sur le Pentagone, sur l'autre rive du Potomac).

   Outre les déséquilibrés sautant régulièrement par-dessus les grilles de la Maison Blanche, ou tirant sur la résidence, les policiers s'inquiètent du danger représenté par les drones. En janvier, un drone amateur de 60 centimètres s'était écrasé dans les jardins, sans gravité ni dessein criminel.

   "Détecter et suivre des appareils volants à lente allure et basse altitude, et faire la différence avec des éléments météorologiques, le terrain, des oiseaux et d'autres bruits radar, est un défi technique et opérationnel", a justifié un porte-parole de Norad, Michael Kucharek.

   Selon lui, l'aérostat JLENS, en phase de test, aura le potentiel de mieux détecter les missiles de croisière et les appareils lents et à basse altitude,
quand il sera intégré au système de défense aérienne dans plusieurs mois.

   Au-delà du défi technique, la question de la coordination entre les multiples services de police fédéraux et municipaux revient. Jennifer Orsi, directrice de la rédaction du Tampa Bay Times, journal de Floride à qui Doug Hughes avait préalablement dévoilé son projet, a indiqué dans un communiqué que le journal avait appelé 30 minutes avant l'atterrissage le Secret Service, chargé de protéger la présidence, et la police du Capitole.

   Le porte-parole du Secret Service, Brian Leary, n'a pas directement infirmé ces informations. Mais ses agents avaient interrogé Doug Hughes en octobre 2013 après avoir été informé des projets du facteur.