"en cherchant à aspirer Kiev dans leur orbite les USA et leurs alliés avaient dépassé toutes les limites possibles et imaginables"
Les USA et l'Otan veulent provoquer des situations de crise près des frontières russes et "ont déjà dépassé toutes les limites possibles et imaginables" dans leur volonté d'aspirer les pays postsoviétiques dans leur orbite.
Tel était le credo du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et du ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou, hier à la Conférence de Moscou sur la sécurité internationale.
Personne n'a pu répondre aux reproches sur l'ingérence de forces extérieures dans l'organisation des révolutions de couleur: les hauts représentants occidentaux ont refusé de participer à cet événement. Alors que les diplomates et les militaires russes soulignaient qu'ils étaient prêts à dialoguer avec l'Occident.
Selon les organisateurs, ce forum de deux jours accueille près de 400 délégués de 70 pays et organisations internationales. Comme l'an dernier, pratiquement aucun haut fonctionnaire occidental n'est présent. Seuls les ministres de la Défense de la Grèce et de la Serbie représentaient l'Europe au niveau ministériel. A titre de comparaison en 2013, avant la crise ukrainienne, des représentants militaires et diplomatiques des USA, de l'Allemagne, de la France, du Royaume-Uni, ainsi que de l'Otan et de l'OSCE étaient présents à l'ouverture du forum.
Le ton de la conférence a été donné par les deux ministres russes. Sergueï Choïgou a déclaré "qu'en cherchant à aspirer Kiev dans leur orbite les USA et leurs alliés avaient dépassé toutes les limites possibles et imaginables". Il a accusé certains pays se considérant comme vainqueurs dans la Guerre froide d'interpréter de manière arbitraire le droit international, d'appliquer des doubles-standards et de s'ingérer à un niveau sans précédent dans les affaires d'États souverains". Le ministre a mentionné la séparation du Kosovo de la Serbie, l'opération en Irak et les bombardements en Libye. "Des États ont été détruits, des régions entières ont été déstabilisées pour des années. Les critiques fervents des actions de la Russie en Crimée n'ont aucun droit moral de nous accuser d'enfreindre le droit international", note Sergueï Choïgou. Puis il a abordé la question des révolutions de couleur, avertissant que ce phénomène continuait d'évoluer et de se globaliser, en rappelant les récentes manifestations de Hong Kong et la déstabilisation de la situation au Venezuela.
Pour sa part, Sergueï Lavrov a évoqué le deux poids-deux mesures des USA vis-à-vis du Yémen et de l'Ukraine (dans un cas ils ont soutenu le président en fuite, dans l'autre il a été proclamé illégitime).
Il a qualifié le déploiement du bouclier antimissile (ABM) américain de menace pour les forces stratégiques russes de dissuasion et a averti: "Nous perdons du temps pour contrer les menaces vraiment sérieuses, et non illusoires, notamment au Moyen-Orient et en Afrique du Nord". Selon le ministre, "le monde a atteint un seuil où il faut, comme après la Seconde Guerre mondiale, faire un choix fatidique entre la coopération et les conflits".
Toutefois, les délégués russes et la plupart des délégués étrangers ont accompagné leur critique de l'Occident par des déclarations réconciliatrices. Sergueï Lavrov a noté que seuls les efforts collectifs pouvaient permettre de parer les défis globaux et préserver la paix. Et l'ambassadeur de Russie auprès de l'Otan Alexandre Grouchko a affirmé que la Russie était prête à relancer la coopération avec l'Alliance à condition que celle-ci envoie des signaux appropriés.
Sputnik