"Les Saoudiens et les Qataris ont gelé pendant plusieurs jours le transfert de fonds à l’OLP pour sommer l’autorité palestinienne à changer sa position publique sur les évènements à Yarmouk".

Le groupe takfiriste terroriste Daech (EI) est entré récemment dans le camp des réfugiés palestiniens à Yarmouk en Syrie.

Le chef de l'Autorité palestinienne (AP) Mahmoud Abbas (Abou Mazen) a délégué son représentant Ahmad Majdalani pour assurer l'Etat syrien de son soutien dans son action contre l'EI.

Une position qui a suscité la colère du royaume saoudien et du Qatar. Abou Mazen a dû alors changer de cap. Il affiche depuis son rejet d'une action militaire contre Daech!

Selon des responsables palestiniens -- de l'alliance des forces et des factions de l'OLP (organisation de libération de la Palestine), le Qatar a versé 100 millions de dollars en échange de ce changement!

Alors que le chef de l'AP a donné son approbation le 9 avril dernier pour la mise en place d'une chambre d'opération conjointe avec l'Etat syrien afin de purifier le camp Yarmouk des miliciens de Daech, l'OLP a indiqué le lendemain dans un communiqué "son rejet de toute action militaire quelle que soit sa nature ou sa couverture". 

Gel des fonds qataris

Ce sont les pressions saoudiennes et qataries qui ont poussé l'OLP à rejeter toute action conjointe entre l'armée syrienne et les factions palestiniennes présentes dans le camp. Abou Imad Ramez, responsable du front populaire-commandement général au Liban, assure au journal al-Akhbar qu' "Abou Mazen a été exposé à des pressions saoudiennes et qataries après avoir donné son accord au partenariat avec l'Etat syrien".

Selon Ramez, "les Saoudiens et les Qataris ont gelé pendant plusieurs jours le transfert de fonds à l'OLP pour sommer l'autorité palestinienne de changer sa position publique sur les évènements à Yarmouk".

Quelques jours avant sa visite en Syrie, le délégué de Mahmoud Abbas, Majdalani, a contacté les dirigeants des factions en Syrie pour les tenir au courant du "feu vert d'Abou Mazen au commandement syrien de faire ce qui est nécessaire contre les miliciens de Daech à Yarmouk".

Opération conjointe

D'ailleurs, suite à la rencontre de Majdalani avec le ministre de la réconciliation nationale syrienne, Ali Haïdar, le représentant palestinien a parlé dans un point de presse de "la nécessité de lancer une action militaire qui prend en compte la vie de civils syriens et palestiniens à Yarmouk. Il a évoqué la mise en place d'une chambre d'opérations conjointes composée de forces syriennes et de factions palestiniennes présentes dans le camp ou à ses alentours pour mener à bien cette opération militaire". 

Celui-ci a par ailleurs insisté sur l'importance d'éviter une "destruction globale du camp en cas d'action militaire".

Des millions de dollars qataris

Mais suite aux pressions saoudiennes et qataries, et le changement de la position de l'OLP, Riyad et Doha ont débloqué les fonds à l'AP. Le Qatar a présenté un prêt sans intérêts d'un montant de 100 millions de dollars", affirme un responsable du front populaire.

Preuve à l'appui: un dirigeant dudit front a assuré que "les employés des institutions de l'Autorité toucheront leurs salaires en entier dans les prochains mois, alors qu'ils touchaient 60% seulement".

Un dirigeant du Fatah dément

Toutefois, un dirigeant du Fatah au Liban, Samir Abou Afesh, dément ces propos. S'exprimant à al-Akhbar, il considère que "l'argent venu du Qatar est un prêt à rembourser. Ces fonds ne sont ni un don ni une récompense pour une quelconque position", a-t-il dit. Il a cependant admis qu'Abou Mazen a toujours été exposé aux pressions des pays du Golfe.

Celui-ci rappelle que lors du sommet arabe à Damas, les Etats-Unis ont demandé d'Abbas de ne pas aller en Syrie, mais il n'a pas obtempéré. Selon lui, "le rejet d'une action militaire à Yarmouk est une décision prise par la commission exécutive de l'OLP, parce que nous ne voulons pas nous entrainer dans les conflits dans la région".

D'autres confirment le chantage qatari

Des sources du Fatah opposées à Mahmoud Abbas assurent quant à elles que "les Qataris ont contacté Abou Mazen pour protester contre les positions de Majdalani qui donnent une légitimité au régime syrien".

Selon elles, le soutien qatari à Abou Mazen a atteint dernièrement 200 millions de dollars, et des responsables de l'Autorité palestinienne ont reçu des sommes d'argent qui dépassent des dizaines de millions de dollars. "Ces sommes n'ont pas été intégrées dans le budget du ministère des finances".

"Pour cette raison, Hussein el-Aaraj, chef du bureau présidentiel, a demandé le mois dernier au Premier ministre Rami el-Hamdallah et au ministre des finances Shokri Béchara de clarifier la destination des fonds qataris", révèlent ces mêmes sources.

Selon un rapport du ministère qatari des Affaires étrangères paru en 2013, la Palestine occupe la troisième position parmi les pays recevant les aides qataries. Ces aides ont atteint plus de 293 millions de dollars. Les mêmes sources révèlent  à al-Akhbar que le Qatar présente un soutien direct aux petits-fils d'Abou Mazen qui travaillent à Doha.
 
   
Traduit du site al-Akhbar