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Guerre 2006:Mohammed, le seul rescapé du dernier bombardement

Guerre 2006:Mohammed, le seul rescapé du dernier bombardement

Mohammed était dans les rangs des combattants pour protéger les propriétés des gens lors de la guerre de juillet 2006

Ils étaient là, en train de jouer au football devant l’entrée de leur immeuble. Yasser, Mohammad et Ibrahim, trois frères résidant dans le complexe surpeuplé de l’Imam Hassan dans la banlieue Sud de Beyrouth, venaient de terminer avec succès leur année scolaire. A l’instar des autres jeunes de leur entourage, comme tous les jeunes du monde d’ailleurs, ils suivaient passionnément tous les matchs de foot de la coupe mondiale  2006.

Dimanche, le 9 juillet 2006, la coupe du  monde prend fin. Le feu d’artifice détonnait jusqu’aux premières heures du matin dans la banlieue de Beyrouth pour célébrer l’équipe gagnante, celle de l’Italie.

Quatre jours plus tard, Yasser, Mohammad et Ibrahim étaient occupés à  toute autre chose. Ils se dépêchaient pour ranger quelques affaires personnelles avant de quitter le plus vite possible leur maison. Leurs voisins aussi faisaient de même. La guerre israélienne contre le Liban avait en effet éclaté, et il fallait fuir les bombardements massifs dont les détonations étaient mille fois plus intenses que les feux d’artifice.

Pendant trente trois jours d’affilé, tout le monde est resté braqué devant leurs postes de télévision à suivre les images des massacres et des agressions israéliennes qui ont ravagé le Sud Liban, la Békaa, la banlieue sud de la capitale et quelques régions du Nord et du Mont Liban.

Chaque jour de guerre faisait montrer au monde de nouvelles scènes de mort, de destruction, mais aussi de ténacité d’un peuple non armé, solidaire avec sa résistance.
Ali et Ibrahim suivaient avec leur mère les derniers développements sur le terrain diffusés par les chaines de télévision locales et mondiales. Réfugiés au domicile de leurs grands-parents à Chyah, à l’entrée Est de la banlieue Sud, les deux frères attendaient le retour de Mohammed, leur frère ainé.

Malgré son jeune âge, Mohammed a refusé de quitter la banlieue Sud pour veiller à côté des combattants à la protection des propriétés de la population, subissant les frappes aériennes et maritimes sionistes.
La région était complètement dévastée, seuls les journalistes et les caméramans pouvaient entrer lorsque les bombardements se calmaient, pour transmettre au monde les atrocités de l’armée sioniste, qui s’était longuement préparée pour cette guerre.

Toutefois, les innombrables raids aériens n’étaient pas suffisants pour éliminer le Hezbollah. Ils n’étaient pas non plus efficaces pour vaincre la volonté d’une population, qui est rentrée chez elle dès l’annonce de l’entrée en vigueur de l’arrêt des hostilités lundi le 13 aout 2006.

Yasser, Mohammad et Ibrahim étaient tellement enthousiastes à rentrer à leur domicile qu’ils n’ont pas pu attendre le début de l’arrêt des hostilités. Dimanche, vers l’après-midi, ils ont plié bagage et pris la route de la banlieue Sud. Leur père venait tout juste du Sud, après avoir combattu aux premières lignes de front les soldats et les chars israéliens.

Aussitôt arrivés à leur domicile, on demanda à Mohammed d’aller acheter de la viande pour prendre le repas. Pendant ce temps, leur mère, Randa, faisait le ménage et préparait la cuisine.
Du côté de l’ennemi, la guerre n’avait pas encore pris fin. Il pouvait donc profiter des quelques heures restantes pour faire plus de victimes humaines. La décision militaire fut alors prise. Douze avions de combat bombardèrent soudainement les dix immeubles du complexe de l’imam Hassan, où Yasser et Ibrahim jouaient avec leurs voisins.

 

Personne ne pouvait comprendre ce qui se passait autour de lui. Personne d’ailleurs n’avait le temps de le faire, puisque tous les habitants du complexe résidentiel rentrés chez eux ont été déchiquetés en moins d’une minute.
Seul Mohammad était resté là, devant l’entrée de son immeuble, tenant entre ses mains le sac de viande, ébahi et immobile. Il voulait rentrer chez lui pour déjeuner avec sa famille. Mais, il n’y a plus d’immeuble, plus de famille !

Cinq ans après la guerre, Mohammed est devenu père d’un garçon, qu’il a nommé Yasser. Il attend la naissance de son deuxième enfant, Ibrahim, pour jouer tous les deux au foot, à l’entrée de leur maison.