En quelques décennies, notre monde a de fortes chances de connaître des changements profonds, historiques, qui seront très mauvais pour Israël et le sionisme.
En quelques décennies, notre monde a de fortes chances de connaître des changements profonds, historiques, qui seront très mauvais pour Israël et le sionisme. Quelques signes avant-coureurs de ces changements se préparent d’ores et déjà, pendant que d’autres doivent encore émerger.
Le récent comportement israélien à propos d’une foule de questions et d’évènements montre un État dans les affres d’une anxiété existentielle. Par exemple, la réaction carrément hystérique du gouvernement israélien face à la mobilisation de quelques bateaux transportant de l’aide humanitaire pour les Gazaouis sous blocus a tourné en ridicule un État réagissant avec une peur irraisonnée de dangers et de menaces qui n’existaient pas réellement.
Après tout, les volontaires qui étaient à bord des bateaux, des gens notamment de culture et religion différentes, avaient fait abondamment comprendre et de façon tout à fait claire que leur mission consistait à acheminer du matériel humanitaire dont avait cruellement besoin la population de la bande de Gaza, hermétiquement assiégée par Israël pour la cinquième année consécutive sans raisons convaincantes.
Un autre message de ces femmes et hommes courageux, qui représentent vraiment la conscience réelle de l’humanité, a été de mettre en lumière l’illégitimité, l’illégalité et l’immoralité absolues de ce siège criminel qui vise à affamer et étrangler un million huit cent mille êtres humains dont le seul « crime » est leur détermination inébranlable à obtenir leur liberté des petits-enfants et arrière-petits-enfants de l’holocauste.
Il ne fait aucun doute que les dirigeants et officiels israéliens ne connaissent que trop bien cette réalité. Toutefois, cela n’a pas empêché apparemment le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, intrinsèquement malhonnête, de prétendre que la flottille de la liberté pour Gaza transportait des armes pour le Hamas, une affirmation qui ne contenait manifestement pas une once de vérité.
Des menteurs, moins professionnels, dans la clique gouvernementale israélienne ont prétendu que la flottille n’était rien d’autre qu’une armada armée qui se destinait à envahir Israël, attaquer la marine israélienne et frapper les soldats israéliens. Mais il faudrait ne plus avoir toute sa raison pour croire que quelques centaines de militants pacifistes, dont beaucoup étaient des femmes et des hommes âgés, au-dessus même de 70 ans, aient pu mettre sur pied une campagne éclair contre la puissante armée israélienne.
Quoi qu’il en soit, Israël n’est pas un cas classique de névrose et de psychose. Israël est parfaitement conscient du fait qu’il ment au monde, et qu’il ment à l’intention du monde.
Il y a plusieurs mois, Israël prétendait imposer ce siège digne des nazis sur Gaza parce que les Gazaouis « arrosaient » les villes israéliennes de leurs roquettes. (Il était question en réalité de projectiles quasiment inoffensifs qui ne faisaient que très peu de dégâts). Maintenant, le mensonge est remplacé par un autre mensonge, à savoir que Gaza met en danger la sécurité d’Israël, et même son existence.
Mais, là encore, il faudrait être extrêmement crédule pour gober de tels mensonges obscènes. En effet, on ne peut s’empêcher de se demander comment une population minutieusement harcelée, consciencieusement affamée et soigneusement bombardée, dont la plus grande partie arrive à grand-peine à poser de la nourriture sur la table pour leurs gamins, comment cette population peut représenter une menace réelle pour un pays qui possède l’une des armées les plus puissantes au monde, une puissance nucléaire qui possède 200 à 300 bombes et ogives nucléaires dans son arsenal, et qui a de plus le président, les médias et le Congrès des États-Unis à son entière disposition ?
Ces derniers jours, les autorités israéliennes ont déclaré l’état d’urgence à l’aéroport Ben Gourion pour arrêter les militants pacifistes internationaux dont l’intention était d’exprimer leur solidarité avec le peuple palestinien.
Les officiels israéliens se sont retenus pour ne pas appeler ces militants des terroristes, nombre d’entre eux venant de pays qui entretiennent des relations étroites avec Israël. Mais le ton utilisé par la masse de médias israéliens pour parler de ces militants pacifiques a été franchement convulsif et hystérique, comme si l’arrivée de quelques dizaines de militants pour la paix en Palestine occupée constituait une menace mortelle pour l’État d’apartheid.
Nul besoin d’être un génial psychologue analytique pour comprendre que ce type de comportement est symptomatique d’un pays qui doute de sa crédibilité morale. Cette absence totale de crédibilité morale a été de façon éhontée étalée au grand jour il y a quelques semaines, quand l’armée israélienne a reçu l’ordre de tirer pour tuer sur des réfugiés palestiniens qui manifestaient le long de la frontière nord de la Palestine occupée. Et le résultat en fut la mort de plusieurs innocents qui n’avaient jamais représenté un réel danger ou menace pour Israël.
Une réaction carrément hystérique du gouvernement israélien face à la mobilisation de quelques bateaux transportant de l’aide humanitaire.
Mais Israël a une peur mortelle de perdre sa soi-disant légitimité. Et il tente en permanence de conserver cette « légitimité » au moyen du meurtre et du mensonge.
En tant qu’observateur du conflit en Palestine depuis des lustres, je ne vois vraiment pas qu’Israël (je parle d’Israël, pas des juifs) ait la moindre légitimité authentique en dehors de la légitimité du ‘fait accompli’ (en français dans le texte).
En fin de compte, Israël s’est créé par le nettoyage ethnique, le vol de territoire et le terrorisme organisé. En tant que tel, Israël ne peut avoir le moindre atome de légitimité morale, ni aujourd’hui, ni dans des centaines d’années. Le fait que les grandes puissances aient reconnu cette entité pleine de haine et raciste ne signifie pas grand-chose en termes de moralité.
Inutile de dire que quand un pays manque de qualification morale, comme c’est le cas manifestement pour Israël, il se met lui-même sur le chemin assuré de son autodestruction, tôt ou tard. La force militaire et économique peut prolonger la durée de vie de l’oppression et de l’ « illégitimité », mais au bout du compte, le sort inéluctable des États illégitimes est la disparition.
De nombreux Israéliens savent profondément, dans leur cœur, qu’ils vivent sur une terre qui appartient à un autre peuple, qu’ils résident dans des maisons dont les vrais propriétaires ont été chassés par l’armée terroriste d’Israël jusqu’aux quatre coins du globe.
Et pourtant, ils préfèrent se maintenir dans cette hibernation morale perpétuelle et détestent toute pensée ou personne qui peut leur rappeler l’oppression énorme qu’ils ont fait et font subir à leurs victimes, le peuple palestinien.
Dans les quelques décennies à venir, notre monde a de fortes chances de connaître des changements profonds, historiques, qui seront très mauvais pour Israël et le sionisme. Quelques signes avant-coureurs de ces changements s’approchent d’ores et déjà, pendant que d’autres doivent encore émerger.
Alors le sionisme devra très certainement faire face à ce moment déchirant de la mort et de l’extinction.
Quant aux Palestiniens, victimes de dépossessions, d’un nettoyage ethnique et d’une persécution systématique, il leur faut faire preuve d’une énergie inépuisable qui aille, de jour en jour, au-delà de l’évaluation des évènements.
Et leur but final ne doit être rien de moins que d’avoir une "ardoise totalement et soigneusement propre".
Khaled Amayreh
Centre palestinien d’informations