Ansarullah exige l’arrêt total des raids et la levée du blocus. La situation humanitaire est ’catastrophique’, selon le CICR.
Le porte-parole du mouvement yéménite Ansarullah a affirmé que son parti refuse de participer à des pourparlers s’ils seront organisés à Ryad. Il n'est pas question que «le dialogue national soit parrainé par un pays qui a du sang sur les mains».
Dans une interview avec la chaine panarabe AlMayadeen, Mohammad Abdel Salam a estimé acceptable l’organisation des pourparlers inter-yéménites à Mascate (Oman).
Le porte-parole d’Ansarullah a en outre exigé l'arrêt total de l’agression saoudienne contre le Yémen et la levée du blocus, avant une éventuelle reprise des pourparlers, là où il s'était arrêté, et sous l'égide de l'ONU.
« L’agression de la coalition dirigée par l’Arabie contre le Yémen n’a jusqu'à présent pas pris fin », a-t-il affirmé, avant d’appeler à la nécessité de lever le blocus total imposé contre le Yémen. »
Le cessez-le-feu saoudien a duré moins de 24 heures
Sur le terrain, le cessez-le-feu annoncé par l’Arabie n’a même pas duré 24 heures. L’aviation saoudienne a effectué plusieurs raids contre différentes régions du pays.
Mercredi, les avions saoudiens ont bombardé la prison centrale de Taëz, au sud-ouest du pays, tandis que les navires de la marine saoudienne pilonnaient diverses zones de la ville portuaire d’Aden (sud), rapporte l’agence iranienne Irib.
Dans cette ville, des affrontements nocturnes se sont poursuivis entre l’armée et les Houthis et des miliciens favorables au président démissionnaire en fuite.
D'autres raids au nord-est de Sanaa ont pris pour cibles jeudi matin des positions de l’armée.
Dans la ville de Yarim, l'aviation de la coalition a également visé une ancienne université, ainsi qu'une unité de l’armée, rapporte l’AFP. Le correspondant d'AlManar a fait état de plusieurs martyrs et blessés suite aux raids contre l'université.
L'Arabie saoudite "répondra" en cas d'action "agressive" des Houthis, a déclaré dans la soirée depuis Washington l'ambassadeur saoudien aux Etats-unis, Adel Al-Joubeir.
Cela certains observateurs, ces raids prouvent que ce cessez-le-feu n’était qu’une mesure tactique visant à tromper l’opinion publique arabo-musulmane au sujet des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis par l’armée saoudienne.
La liste des crimes saoudiens s’est en fait alourdit: l’usage d’armes prohibées, la destruction des infrastructures économiques et sociales, l’interdiction d’acheminement d’aides humanitaires aux civils, la destruction des dépôts de denrées alimentaires, et même l’usage d’armes contenant de l’uranium appauvri.
Situation humanitaire 'catastrophique'
Quant à la situation humanitaire, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) l'a qualifiée de "tout à fait catastrophique".
"La résilience des Yéménites atteint un point de rupture", a déclaré depuis Genève Robert Mardini, qui dirige les opérations du CICR au Moyen-Orient.
"Au moins 50 personnes sont tuées et environ 500 blessées chaque jour, et le nombre de pertes civiles augmente de façon dramatique", a-t-il ajouté.
La veille, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) avait mis en garde contre un effondrement imminent des systèmes de soins, et fait état de 944 morts et 3.487 blessés --civils et militaires-- entre le 19 mars et le 17 avril.
L'Arabie doit enquêter sur les bavures de la guerre au Yémen (HRW)
Dans ce contexte, l'organisation Human Rights Watch (HRW) a affirmé jeudi que l'annonce par l'Arabie saoudite de l'arrêt de ses frappes aériennes intensives au Yémen "ne met pas fin à ses obligations d'enquêter sur les violations présumées des lois de la guerre".
Dans un communiqué, HRW, dont le siège est à New York, est revenue sur un raid qui a détruit une installation de l'organisation humanitaire Oxfam, faisant un mort non identifié, le 18 avril à Saada, dans le nord du Yémen.
"Les gouvernements qui ont participé à l'attaque devraient enquêter de manière impartiale sur le raid aérien qui a frappé des marchandises civiles et une structure qui ne semble pas avoir été utilisée à des fins militaires", écrit l’ONG.
"Détruire un entrepôt d'un groupe humanitaire affecte de nombreux civils, pas seulement près du lieu de la frappe", souligne Joe Stork, directeur adjoint de HRW pour le Moyen-Orient et l'Afrique du nord.
Le 26 mars dernier, l'Arabie saoudite a pris la tête d'une coalition comprenant au total neuf pays arabes, qui a mené des raids aériens pendant quatre semaines sous prétexte de freiner l’avancée de l’armée et des Houthis.
Des centaines de yéménites, dont 150 enfants ont été tués par les bombardements de la coalition.
HRW a notamment rappelé que des frappes aériennes avaient touché un camp de personnes déplacées le 30 mars dans le nord du Yémen (29 civils tués), ainsi qu'une laiterie le lendemain dans l'ouest (31 civils tués).