Riyad ferme le ciel yéménite aux avions iraniens.
Deux jours après l’annonce de l’arrêt de la « tempête décisive » par l'Arabie saoudite, l’agression contre le Yémen s’est poursuivi.
Les avions de chasse saoudienne ont mené jeudi et vendredi des raids intensifs contre plusieurs régions, dont notamment la ville portuaire d’Aden, au sud.
Selon des sources citées par le quotidien libanais AlAkhbar, il n’y a toujours pas d’initiative concrète visant à mettre fin à la crise dans le pays. Le regard du régime saoudien reste fixé sur le sud. Ryad cherche à amadouer la population sudiste afin d’imposer un nouveau statu-quo.
Or, sur le terrain l’image semble totalement différente. L’armée appuyée par les forces d’Ansarullah ont poursuivi leurs opérations dans les provinces du sud, notamment à Maareb et Aden.
Le régime saoudien et sa propagande médiatique évoque une « résistance populaire » dans le sud, alors qu’en réalité la majorité de ces combattants sont des miliciens d’Al-Qaïda et des partisans du dirigeant séparatiste Ali Salem Al-Bid.
En soutien à ces miliciens, la marine saoudienne a bombardé jeudi la côte d’Aden, où sont positionnés l’armée et les combattants d’Ansarullah.
A Aden également, les avions saoudiens ont visé l’aéroport de la ville, les environs du palais présidentiel, ainsi que la base militaire de Bader, a rapporté la chaine panarabe AlMayadeen.
Tandis qu’à Maareb, les raids saoudiens ont visé l’hôpital de Sarwah et des installations civiles.
Et puis, à Sanaa, les frappes saoudiennes ont visé la base aérienne de Douleimi.
Riyad ferme le ciel yéménite aux avions iraniens
Au niveau humanitaire, l’Arabie a interdit à un avion civil iranien, voulant acheminer des aides aux Yéménites, d’atterrir à l’aéroport de Sanaa. « Cette interdiction envenimera les relations déjà tendues entre les deux pays », ont noté des observateurs.
Auparavant, le vice-président du Croissant rouge iranien avait annoncé que les aides humanitaires iraniennes sont prêtes à être envoyées au Yémen, mais l’Arabie saoudite ne permet pas au Croissant rouge iranien d’expédier ses aides humanitaires au Yémen, ni par voie aérienne ou maritime. Cité par l’agence iranienne Irib, Mohammadi Araqi a explique que jusqu’à présent seul le CICR (Comité internationale de la Croix rouge) a réussi à envoyer deux convois d’aides humanitaires au Yémen. Et de souligner : le régime saoudien interdit systématiquement l’envoi d’aides aux sinistrés.
Plus de 1.000 morts, selon l’Onu
Plus de 1.000 personnes ont été tuées depuis le 19 mars au Yémen, a pour sa part indiqué jeudi l'ONU, cité par l'AFP.
"Les combats et les frappes aériennes de la coalition affectent pratiquement tout le pays", a déclaré le coordinateur humanitaire de l'ONU au Yémen, Johannes Van Der Klaauw, dans une déclaration écrite.
"Le prix à payer par les civils est immense", a-t-il ajouté.
Au total, 1.080 personnes ont été tuées, dont 48 enfants et 28 femmes, et 4.352 autres ont été blessées, selon un bilan de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) arrêté au 20 avril.
Cependant, le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) a annoncé qu’au moins 115 enfants ont été tués au Yémen depuis le début de l’offensive lancée le 26 mars par l'Arabie Saoudite.
En outre, a souligné M. Van Der Klaauw, plus de 150.000 personnes ont été déplacées à l'intérieur du Yémen par les violences en cours, alors qu'il y avait déjà plus de 300.000 déplacés internes avant la crise actuelle.
La dégradation de la situation humanitaire est telle que l'OMS a lancé le 23 avril une mise en garde contre un effondrement imminent des systèmes de santé et de soins dans le pays.
Déjà, "les cas de diarrhée sanguine, de rougeole et les cas suspects de paludisme ont augmenté", a indiqué M. Van Der Klaauw.
En outre, environ 2 millions d'enfants ne sont plus scolarisés.
Le pays, qui importe habituellement près de 90% de ses denrées alimentaires, manque de tout: nourritures, eau, carburant, électricité...
Aussi, l'ONU, qui avait évacuer son personnel étranger au Yémen, prévoit de le redéployer sur place "ces prochains jours", a annoncé M. Van Der Klaauw.
Selon le décompte publié par l'OMS, les journées les plus meurtrières ont été celles du 20 mars, du 31 mars, du 15 avril et du 20 avril.
Le bilan par région montre que la zone de la capitale Sanaa (ouest) a été la plus meurtrière, avec 209 morts. En outre, 936 personnes y ont été blessées.
Par ailleurs, 191 personnes ont trouvé la mort dans la région d'Aden (sud), ainsi que 145 autres dans la région de Saada (nord).
AlAkhbar + AlMayadeen + Irib + AFP