Les pressions diplomatiques internationales se sont intensifiées ces derniers jours, mais Jakarta reste inflexible.
Les appels et pressions diplomatiques se sont multipliés lundi pour tenter de sauver la vie de neuf condamnés en attente d'exécution en Indonésie, parmi lesquels huit étrangers, la France et l'Australie rappelant leur opposition à la peine capitale "en toutes circonstances".
Les autorités de ce pays d'Asie du Sud-Est ont formellement notifié aux huit étrangers -- d'Australie, du Brésil, des Philippines et du Nigeria -- que leur exécution au côté d'un détenu indonésien était imminente, alors qu'un Français condamné lui aussi à la peine capitale pour trafic de drogue a été retiré de la liste au dernier moment.
Le président français François Hollande et le Premier ministre australien, Tony Abbott, ont "rappelé que la France et l'Australie partageaient un même attachement aux droits de l'homme et condamnaient le recours à la peine de mort en tous lieux et en toutes circonstances", selon un communiqué de la présidence française diffusé à l'issue d'entretiens à Paris.
Condamné à mort en 2007 pour un trafic de drogue qu'il a toujours nié, le Français Serge Atlaoui, 51 ans, a été provisoirement épargné d'une exécution par les autorités indonésiennes qui ont évoqué une procédure encore en cours.
Les pressions diplomatiques internationales se sont intensifiées ces derniers jours, mais Jakarta reste inflexible, le célèbre boxeur philippin Manny Pacquiao ayant joint sa voix aux appels à la clémence en suppliant le président indonésien, Joko Widodo, d'épargner la vie de la Philippine Mary Jane Veloso, seule femme en attente d'exécution parmi les neuf condamnés.
Interrogé par des journalistes, le vice-président indonésien, Jusuf Kalla, a balayé les critiques internationales: "C'est habituel, rien de particulier, ça peut être l'émotion, mais la loi c'est la loi", a-t-il déclaré en référence à la législation indonésienne prévoyant la peine capitale pour le trafic de drogue.
'Je supplie votre Excellence'
De leur coté, des membres des familles de condamnés ont afflué auprès de leurs proches placés à l'isolement dans une prison du complexe pénitentiaire sur l'île isolée de Nusakambangan, "l'Alcatraz indonésien", où les détenus pourraient être fusillés dans la nuit de mardi à mercredi, les exécutions ayant habituellement lieu peu après minuit.
Des médias australiens ont publié des photos de croix mortuaires destinées aux cercueils des condamnés, avec la date du 29.04.2015.
Tous ont tous vu leur recours en grâce rejeté par le président indonésien, Joko Widodo, intransigeant sur le trafic de drogue.
La soeur et la mère de la Philippine Mary Jane, 30 ans, qui conteste sa condamnation en affirmant avoir été piégée par un réseau international de trafiquants d'héroïne, ont lancé lundi d'émouvants appels à sauver la vie de leur proche.
"Nous vous supplions de donner une dernière chance à ma jeune soeur, mère de deux jeunes garçons", a déclaré à des journalistes la soeur de Mary Jane, Marites Veloso-Laurente, à l'arrivée de la famille à Cilacap, port d'accès à la "prison de la mort".
La mère de la condamnée a lancé un appel désespéré à Manny Pacquiao, star dans son pays et l'un des sportifs les mieux pays au monde, qui s'entraîne actuellement aux Etats-Unis pour un des combats les plus attendus de l'histoire, en lui demandant d'intervenir pour tenter de sauver sa fille.
Dans un appel vidéo, Pacquiao a interpellé le président indonésien: "Je supplie votre Excellence, et en appelle à votre coeur aimable, de sauver sa vie et de lui épargner d'être exécutée", a-t-il dit.
L'Australie a elle aussi réitéré ses appels à la clémence pour ses deux ressortissants, alors que le groupe de presse australien Fairfax Media a publié lundi de nouvelles accusations de corruption des juges qui ont condamné le duo en 2006. Selon Fairfax, les magistrats auraient demandé plus d'un milliard de roupies (environ 95.000 euros) pour leur épargner la peine de mort et infliger une peine de moins de 20 ans de prison.
Interrogé à ce sujet, le président indonésien a laissé entendre que cette question aurait dû être soulevée au moment où les faits se sont produits.