Au pays de la laïcité et des leçons de droits de l’homme, la femme voilée a connu l’une des chasses aux sorcières les plus indignes.
En France, la répression des femmes voilées ne connait pas de répit.
Non seulement, elles sont harcelées par des lois, promulguées à propulsion pour les traquer dans leur quotidien et leur rendre la vie impossible. Mais de plus, elles font de temps à autre l’objet d’une chasse aux sorcières de la part de leurs concitoyens, lesquels se plaisent à faire interpréter et appliquer les textes avec le plus de sévérité possible, jusqu'à la limite de la méchanceté.
La nouvelle victime de cette répression qui va en crescendo en France depuis les années 80 du siècle dernier, est une jeune élève de 15 ans, Sarah K.
En l’espace de quelques jours elle a été renvoyée à deux reprises de son collège, dans la ville de Charleville-Mézières dans les Ardennes, au nord de la France.
Ayant décidé de porter le voile depuis un an, à aucun moment elle ne le portait dans son établissement.
Par respect pour une certaine loi sur la laïcité dans les écoles, -une particularité française que ne lui envient pas d’autres pays occidentaux à la tradition aussi laïque (dont la Grande Bretagne)-, Sarah veille à l’enlever une fois arrivée à la porte de son collège.
Or dans l’enceinte de l’école, c’est sa jupe qui est prise pour prétexte pour la harceler. Estimée « trop longue », elle est promue au rang du « signe ostentatoire d’appartenance religieuse ».
« Cette jupe n’a vraiment rien de particulier, elle est toute simple, elle n’a rien d’ostentatoire », s’excuse presque la jeune fille pour le journal régional L’Ardennais.
La police vestimentaire
Le cas de Sarah est pourtant loin d'être isolé. Le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) assure avoir recensé 130 cas d'exclusion de collégiennes ou lycéennes en raison de leur tenue vestimentaire en 2014.
Interrogé par BuzzFeed France, le rapporteur général de l’Observatoire de la laïcité auprès du Premier ministre Nicolas Cadène assure « qu’une jupe noire ne contrevient donc pas à la loi à priori ».
«Ce que dit la loi de 2004 c’est que les signes et tenues qui sont portés pour revendiquer une appartenance religieuse sont interdits, rappelle-t-il. On pense évidemment au voile, à la kippa, à une grande croix, à un turban sikh ou une tenue de moine bouddhiste », énumère-t-il.
Cadène a mis en garde contre une tel débat qui pourrait faire entrer le pays dans « une forme de police vestimentaire ».
Comme je veux
Selon le site du journal français La Dépêche, le cas de Sarah a fait polémique sur les réseaux sociaux où des internautes se sont insurgés en sa faveur. Plusieurs photos de stars et de femmes politiques en jupe longue ont commencé à circuler sur Twitter, avec le hashtag #JePorteMaJupeCommeJeVeux.
Mais jusqu’à présent, Sarah n’est pas encore revenue à l’école. Affaire à suivre.