L’ingérence de Washington est la cause principale de la transformation du Yémen en foyer de "guerre permanente"
Les dirigeants de l'UE refusent de reconnaître que les guerres engagées au Proche-Orient à l'initiative de Washington sont à l'origine du terrorisme en Europe et des naufrages de bateaux de réfugiés en Méditerranée.
Les bombardements du Yémen entraîneront de nouvelles attaques terroristes et de nouveaux naufrages de réfugiés au large de l'Europe, estime Patrick Cockburn, correspondant du quotidien Independent au Proche-Orient.
Selon le journaliste, le nombre d'armes au Yémen varie actuellement entre 40 à 60 millions d'unités, la population du pays étant de 26 millions d'habitants. Le paysage politique du Yémen prend des contours de plus en plus imprévisibles, voire exotiques: des alliances se forment et se déforment avant de déclencher des guerres les unes contre les autres. L'abondance d'armes accumulées dans le pays contribue à aggraver la situation.
"Cet exotisme ne signifie pourtant pas que la guerre au Yémen, qui a débuté avec les bombardements saoudiens du 26 mars, ne concerne pas le reste du monde. D'ores et déjà ce conflit fournit à Al-Qaïda une excellente occasion de préparer des attaques terroristes comme celle perpétrée contre Charlie Hebdo à Paris", affirme Patrick Cockburn.
L'ingérence de Washington est la cause principale de la transformation du Yémen en foyer de "guerre permanente". Si autrefois ce pays était la zone d'un conflit d'intérêts opposant les Saoudiens et aux monarchies du Golfe, la situation a complètement changé avec le désir des Etats-Unis de mettre un terme à ces rivalités. Les interventions militaires de Washington et de Riyad ont politiquement divisé le Yémen en une multitude de forces incontrôlables. La militarisation du conflit ne profite qu'à Al-Qaïda dans la péninsule Arabique (AQPA) et à d'autres groupes djihadistes.
"La guerre des drones tant vantée que l'Amérique mène contre AQPA n'a pas empêché cette dernière de conquérir des provinces entières", constate le journaliste.
"Il y a tout lieu de s'inquiéter, car le Yémen rejoint l'Irak, la Syrie, l'Afghanistan, la Libye et la Somalie en tant que lieu où des seigneurs de guerre règnent sans partage dans un contexte d'anarchie. Il s'agit d'endroits où la vie est invivable pour une grande partie de la population qui prend le risque de se réfugier ailleurs", souligne Patrick Cockburn.
C'est là que réside l'un des principaux malheurs pour l'Europe dont les dirigeants politiques refusent de reconnaître que les guerres au Proche-Orient (engagées principalement à l'initiative de Washington) sont à l'origine du terrorisme dans le Vieux Monde et des naufrages de bateaux de réfugiés en Méditerranée.