23-11-2024 01:41 PM Jerusalem Timing

Yémen: 4 Saoudiens tués, les hôpitaux menacés faute de carburant

Yémen: 4 Saoudiens tués,  les hôpitaux menacés faute de carburant

Les pays du Golfe posent des conditions. Poursuite des raids, des dizaines de martyrs.

Trois soldats saoudiens ont été tués dans des affrontements avec les combattants du mouvement yéménite Ansarullah (Houthis). Un garde frontière a également été a été mortellement touché par un projectile lorsque sa patrouille était en mission dans la région de Harth, dans la province saoudienne de Jazane, frontalière du Yémen.

Selon un communiqué du ministère de la Défense publié par l'agence officielle Spa et cité par la chaine panarabe AlMayadeen, les troupes saoudiennes au sol "ont repoussé une attaque des groupes yéménites à la frontière sud".

Et d’ajouter : "ces groupes (en allusion aux Houthis) voulaient attaquer des barrages frontaliers, et ses sont affrontés avec les troupes saoudiennes".

"Des dizaines d’entre eux ont été tués ainsi que 3 soldats saoudiens", selon la version saoudienne.

Huit gardes-frontières saoudiens ont trouvé la mort à la suite de tirs en provenance du Yémen depuis le début de l’agression saoudo-américaine contre ce pays.

Les pays du Golfe posent des conditions

Cette attaque qualifiée par Ryad d'"inhabituelle" survient quelques heures après une réunion des chefs de la diplomatie des pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) à Ryad axée sur la crise au Yémen.

Cette réunion précédait un sommet consultatif du CCG prévu mardi à Ryad où est aussi attendu le président français François Hollande, premier chef d'Etat occidental à participer à une telle réunion.

Dans un communiqué paru à l'issue de la réunion, les ministres des pays du CCG (Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Oman, Qatar) ont exigé que toute négociation pour un règlement au Yémen se tienne à Ryad, sous les auspices de leur groupement régional, rejetant les appels de Téhéran à des pourparlers internationaux hors de l'orbite saoudienne.

Les ministres ont aussi appelé à "la pleine mise en oeuvre de la résolution 2216" du Conseil de sécurité de l'ONU, adoptée le 14 avril qui somme les Houthis de se retirer de tous les territoires conquis depuis l'été 2014.

Ansarullah réagit

Réagissant au communiqué du CCG, Mohammad al-Bakhiti, membre du conseil politique du mouvement Ansarullah a indiqué que : « le CCG a agi en toute hypocrisie surtout quand il parle du soutien et des aides humanitaires au peuple yéménite alors qu’en réalité il ne permet pas aux avions ni aux navires d’acheminer les aides alimentaires et médicales sur les ports yéménites ».

Interviewé jeudi soir par AlMayadeen, M.Bakhiti a précisé que « ce n’était pas seulement l’avion iranien qui n’avait pas pu atterrir à l’aéroport de Sanaa. Mercredi, un navire indien n’a pas été autorisé d’accoster aux ports yéménites ».

Et de souligner : « Il est inadmissible pour les Yéménites de tenir un dialogue national à Ryad, qui dirige l’agression militaire contre le Yémen. »

Il a ensuite qualifié les Américains de rusés avant d’expliquer: « les Etats-Unis se trouvent à l’origine des frappes contre le Yémen, car les divergences parmi les musulmans assurent les intérêts de Washington et de Tel-Aviv ».

Poursuite des raids : des dizaines de martyrs

Sur le terrain, raids aériens et combats se poursuivent sans relâche.

Le correspondant d’AlManar a fait état de 14 martyrs, dont 9 femmes et 2 enfants, et de 36 blessés suite à des raids saoudiens ayant visé un quartier résidentiel dans la région de Saawan, à Sanaa.

Les avions de chasses saoudiens ont également bombardé plusieurs régions à Sanaa, dont l’aéroport international, et les régions de Fajj Attan, Sabbaha, et une base de la défense aérienne à Jabal Oman.

Et puis dans le sud du pays, outre les raids saoudiens intensifs, de violents affrontements ont opposé l’armée et Ansarullah aux miliciens du président démissionnaire en fuite (Abed Rabbo Mansour Hadi) dans la région de Moualla, à Aden.

Les hôpitaux menacés faute de carburant

Au niveau humanitaire, les hôpitaux sont menacés de fermer leurs portes d'ici 24 heures, en raison d’une pénurie de carburant, ont affirmé des sources médicales yéménites.

Dans ce contexte, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé jeudi à cesser les attaques contre les hôpitaux et à rétablir l'approvisionnement en carburant pour ne pas aggraver la crise.

Dans un communiqué, M. Ban demande "à toutes les parties de faire en sorte que les agences humanitaires aient un accès fiable et sécurisé".

Il réitère son appel à "un cessez-le-feu immédiat" et dans l'intervalle à des "pauses humanitaires".

"Le système de santé du Yémen et les service sanitaires et de télécommunications sont sur le point de s'effondrer", avertit M. Ban. "Les opérations humanitaires cesseront dans les jours qui viennent si l'approvisionnement en carburant n'est pas rétabli".

Pour M. Ban, "les attaques contre les infrastructures civiles, dont les hôpitaux, les dépôts des organisations humanitaires et les installations de l'ONU sont inacceptables et violent les lois internationales".

Urgence alimentaire

La population est, elle aussi, plongée dans une situation humanitaire critique, au moment où le Programme alimentaire mondial (PAM) annonce l'arrêt progressif, faute de carburant, de ses distributions de nourriture.

Ces deux dernières semaines, le PAM avait fourni une aide alimentaire d'urgence à 700.000 personnes à travers le Yémen, selon l'organisation, et désormais "de nombreuses familles ne savent pas d'où proviendra leur prochain repas".