Une coopération critiquée car elle viserait la France, l’UE ou des entreprises européennes.
La chancelière allemande Angela Merkel a défendu lundi la nécessité pour le renseignement allemand de collaborer avec la NSA américaine, coopération critiquée car elle viserait la France, l'UE ou des entreprises européennes.
Interrogée lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue tchèque Bohuslav Sobotka, Mme Merkel a assuré que les service de renseignements (Bundesnachritchendienst, BND) étaient "sous contrôle", et a réaffirmé que ses services témoigneraient si on le leur demandait devant la commission d'enquête parlementaire, sur les activités de l'agence américaine NSA.
Le ministre de l'Intérieur, Thomas de Maizière, qui fut ministre à la Chancellerie et comme tel ministre de tutelle du renseignement allemand, avait annoncé la semaine dernière qu'il répondrait aux questions de la commission.
Il a précisé lundi qu'il témoignerait dès mercredi.
"Ceci dit, le BND doit continuer à coopérer sur le plan international, et il le fera", a martelé la chancelière.
"Mener à bien sa tâche face aux menaces terroristes internationales se fait en collaboration avec d'autres agences, à commencer par la NSA", a expliqué la chancelière. Elle avait, il y a quelques jours, estimé qu'il fallait "clarifier" les relations BND-NSA.
Le chef du Parti social-démocrate SPD et ministre de l'Economie Sigmar Gabriel a de son côté haussé le ton lundi.
"Dès l'apparition des premiers soupçons, j'ai demandé à deux reprises à la chancelière (...) s'il y avait eu espionnage économique. Elle l'a nié, les deux fois", a-t-il déclaré à l'issue d'une réunion de son parti.
"Je n'ai aucun doute que la chancelière ait répondu correctement à mes questions", a assuré Sigmar Gabriel, qui a le titre de vice-chancelier.
"Si tel n'était pas le cas, si le BND avait réellement participé à de l'espionnage économique (...) cela hypothèquerait gravement la confiance que l'économie allemande a dans la conduite de l'Etat", a-t-il déclaré.
Les accusations qui pleuvent depuis quelques semaines contre le BND ont pris une nouvelle ampleur jeudi, le quotidien Süddeutsche Zeitung assurant que ces services avaient espionné de "hauts fonctionnaires du ministère français des Affaires étrangères, du Palais de l'Elysée (siège de la Présidence de la république, ndlr) et de la Commission européenne".
Ces nouvelles accusations s'ajoutent à l'espionnage présumé depuis 2005 visant EADS (devenu Airbus Group) et Eurocopter (aujourd'hui Airbus Helicopters) par le BND pour la NSA.
Le parquet fédéral a indiqué qu'il examinait l'affaire pour voir si elle méritait l'ouverture d'une enquête judiciaire.
Les responsables politiques et médiatiques allemands avaient poussé de hauts cris à l'été 2013 après les révélations de l'Américain Edward Snowden, ancien consultant de la NSA, selon lesquelles l'agence avait mis en place un vaste système de surveillance des communications visant notamment les Allemands, et écouté un téléphone de la chancelière, pendant plusieurs années.
"L'espionnage entre amis, cela ne va pas du tout", avait alors déclaré Mme Merkel.