Les forces tribales yéménites attaquent le sol saoudien. Les conditions de Riyad pour cesser les raids.
Les Nations-Unies ont appelé la coalition internationale engagée dans l’agression contre le Yémen de mettre fin à ses raids aériens visant l'aéroport de Sanaa, afin de permettre l'acheminement des secours.
L'Onu prépare un pont aérien pour envoyer des travailleurs humanitaires au Yémen à partir de Djibouti. "Aucun avion ne peut décoller de Sanaa ou y atterrir", a déploré lundi le coordinateur humanitaire des Nations unies pour le Yémen, Johannes Van Der Klaauw, cité par Reuters.
Les pistes de l'aéroport de la capitale yéménite ont été endommagées par les frappes aériennes la semaine dernière. "J'appelle fermement la coalition à ne plus viser l'aéroport international de Sanaa (...) afin que l'aide humanitaire puisse atteindre tous ceux qui sont affectés par le conflit armé au Yémen", ajoute Johannes Van Der Klaauw.
Lundi, les avions de chasse saoudiens ont frappé l’aéroport de Sanaa, tuant et blessant plusieurs personnes, et endommageant un avion-cargo, rapporte la chaine panarabe AlMayadeen.
Et puis, dans la région de Saada au nord, les avions saoudiens ont bombardé le réseau de télécommunication à Jabal Kafl et Abla.
Alors que dans le sud du pays, les chasseurs saoudiens menaient des raids en appui aux miliciens du président démissionnaire en fuite. De violents combats opposant l’armée et les forces d’Ansarullah aux miliciens de Abed Rabbo Mansour Hadi faisaient rage à Aden.
A Maarib (centre), les avions saoudiens ont largué des armes légères et semi-lourdes à destination des terroristes d'Al-Qaïda et de Daech à Wadi Obaïda, ont affirmé les chaînes Al-Mayadeen et Al-Manar.
Les forces tribales yéménites attaquent le sol saoudien
En riposte à ces agressions, les forces des tribus yéménites ont pris le contrôle de quatre bases militaires saoudiennes à la frontière avec le Yémen.
12 militaires saoudiens ont été tués et leurs véhicules ont été saisis suite à cette attaque, a rapporté le correspondant d'AlManar, citant des sources tribales.
Citant des sources yéménites, l’agence iranienne Irib a également fait état d’une attaque contre les régions de Jazan et de Najran en Arabie, en riposte au bombardement saoudien de deux camions transportant des denrées alimentaires.
Des informations non confirmées ont fait état de l'arrestation d'un nombre de Saoudiens.
En dépit de la poursuite des frappes saoudiennes, les forces de l'armée yéménite appuyée par Ansarullah ont pu dominer et contrôler 90% de la région d'Al-Tawafi à Aden, l'un des plus importants foyers des terroristes d'Al-Qaïda.
Conditions de Riyad pour cesser les raids
Dans ce contexte, le ministre saoudien de la Défense, Mohammed Ben Salman, qui est également successeur du prince héritier, a affirmé que l’Arabie saoudite arrêterait ses frappes contre le Yémen après l’annexion de la province yéménite de Hadramaout au territoire saoudien.
Selon le site d’informations panarabe "Panorama Asharq al-Awsat", cité par Irib, le ministre saoudien a indiqué que: « l’Arabie est disposée à annoncer une trêve à condition que le gouvernorat de l’Hadramaout se mette sous la souveraineté de l’Arabie saoudite ».
Le ministre saoudien de la Défense a également souligné que le principal objectif de l’agression contre le Yémen était de prendre le contrôle de la mer Rouge.
« La première phase de cette offensive s’est achevée et l’Arabie saoudite a un besoin urgent de dominer la mer Rouge », a-t-il dit.
« Depuis longtemps nous cherchons à mettre au point cette politique et créer un oléoduc transférant du brut à partir de l’Arabie vers le golfe Indien via le port d’Al-Mukalla (Hadramout). A ce sujet, un accord a déjà été signé entre l’Arabie saoudite et le Yémen. (Le président démissionnaire réfugié en Arabie) Abd Rabbo Mansour Hadi l’a signé », a indiqué Mohammed Ben Salman.
Le Sénégal va envoyer 2.100 hommes en Arabie saoudite
Entre-temps, le Sénégal a annoncé lundi l'envoi en Arabie saoudite de 2.100 militaires pour contribuer à la coalition internationale conduite par Ryad contre le Yémen, à la demande du roi Salmane.
La date précise de l'envoi de ce contingent n'a pas été communiquée par le ministre des Affaires étrangères, Mankeur Ndiaye, qui a informé l'Assemblée nationale de la décision du président Macky Sall, dans un discours dont l'AFP a obtenu copie.
Aucune indication supplémentaire n'a pu être obtenue dans l'immédiat de source officielle.
Début avril, en Arabie saoudite, le roi Salmane "a sollicité" le président Sall "en vue d'une contribution de notre pays à la lutte commune menée par la coalition internationale dirigée par l'Arabie saoudite", a déclaré le ministre Ndiaye, lisant aux députés un message du chef de l'Etat.
M. Sall "a décidé de répondre favorablement à cette demande en déployant en terre sainte d'Arabie Saoudite un contingent de 2.100 hommes", a-t-il poursuivi.
"Les modalités et autres arrangements nécessaires au déploiement ont été conclus entre les états-majors des forces armées des deux pays", a-t-il affirmé.
Le président Sall "a pris la décision d'engager nos forces de défense et de sécurité au sein de la coalition internationale" en étant "conscient de l'ampleur des bouleversements géopolitiques qui pourraient découler d'une détérioration de la situation sur le terrain" mais aussi "dans l'intérêt bien compris des deux pays", a expliqué le ministre.
Depuis le 26 mars, l'Arabie saoudite et les Etats-Unis conduisent avec huit alliés arabes une campagne de bombardements aériens contre différentes régions du Yémen.
Source : AlMayadeen + Reuters + Irib + AFP