Jean-Marie Le Pen, suspendu du FN, dénonce une "félonie".
Jean-Marie Le Pen a dit mardi ne pas souhaiter une victoire de sa fille Marine Le Pen à l'élection présidentielle de 2017, estimant au lendemain de sa suspension du Front national qu'il serait "scandaleux" de la voir à l'Elysée.
Le bureau exécutif du FN a suspendu le président d'honneur du parti à titre conservatoire, en attendant que ses militants se prononcent sur une suppression de ce titre, après qu'il eut réitéré ses propos sur les chambres à gaz nazies durant la Seconde Guerre mondiale, "détail" de l'histoire selon lui.
Invité à dire mardi sur Europe 1 s'il souhaitait voir sa fille remporter la présidentielle de 2017, Jean-Marie Le Pen a répondu : "Pour l'instant, non".
"Si de tels principes moraux devaient présider à l'Etat français, ce serait scandaleux", a ajouté l'ancien président du FN, qui crie à la trahison et a dit lundi soir "répudier" sa fille après une "félonie". "L'adversaire vous combat de face, là il vous combat de dos", a-t-il ajouté.
Sept des huit membres présents lundi au bureau exécutif du FN se sont prononcés en faveur de la suspension de Jean-Marie Le Pen, après l'adoption par un bureau politique, instance plus large, d'une motion dénonçant ses propos.
Mardi, plusieurs membres de l'instance disciplinaire ont vu dans la réaction de Jean-Marie Le Pen un argument supplémentaire en faveur de leur décision.
"La démocratie interne a parfaitement fonctionné au Front national et la décision est parfaitement claire", a dit sur BFM TV Wallerand de Saint-Just. "Je suis d'autant plus conforté dans cette décision quand je constate le caractère indigne des déclarations qu'il a faites après le bureau exécutif."
Florian Philippot, vice-président du FN et accusé à mots à peine couverts par Jean-Marie Le Pen d'avoir été à la manoeuvre, a jugé que Marine Le Pen avait agi "en femme d'Etat" et affirmé que la refonte des statuts à venir ferait du FN une "machine de guerre" en vue de 2017.
Selon un sondage Odoxa pour Le Parisien publié mardi, Marine Le Pen serait en tête au premier tour de la présidentielle avec 29% des voix, devant Nicolas Sarkozy (28%) et François Hollande (18%) si le scrutin avait lieu cette semaine.
Le président de l'UMP serait élu au second tour et ses proches ont fustigé mardi l'étalage des tensions internes au FN, "anxiogènes" selon Brice Hortefeux.
Christian Estrosi, qui mènera la liste UMP en Provence-Alpes-Côte d'Azur aux régionales de décembre, a évoqué sur France 2 l'"obscénité de cette scène familiale".
"Au bout de vingt ans on se dit 'il devient gênant', et il faut que je me trouve une respectabilité (...) Mais qui peut le croire ? Elle est sans doute pire que lui", a-t-il ajouté à propos de Marine Le Pen.