Le tribunal canadien devait à l’origine décider mardi des conditions de libération de Khadr, mais Ottawa avait déposé une requête urgente devant la justice lundi pour demander le report de cette décision.
Un tribunal canadien a reporté mardi la libération d'un ancien détenu de Guantanamo, Omar Khadr, suite à l'opposition du gouvernement qui craint que cette libération ne cause du tort aux relations diplomatiques avec les Etats-Unis.
La cour d'appel d'Edmonton (Alberta, ouest) a repoussé à jeudi la libération conditionnelle de ce Canadien, capturé en 2002 à l'âge de 15 ans par l'armée américaine sur un champ de bataille en Afghanistan.
Le tribunal a cependant précisé les conditions de remise en liberté de Khadr, dans l'hypothèse où la demande de maintien en prison du gouvernement canadien est rejetée jeudi.
Ainsi, la juge June Ross a fixé à 5.000 dollars la caution exigée pour sa libération conditionnelle, contre 100.000 demandés par le gouvernement, selon les médias locaux présents à l'audience.
Il devra également porter en permanence un bracelet électronique, un couvre-feu lui sera imposé, et ses déplacements seront circonscrits à la province d'Alberta où réside son avocat Dennis Edney qui s'est porté garant pour l'héberger. Ses communications seront étroitement surveillées et il sera privé de passeport canadien.
S'il est effectivement libéré jeudi, ce serait une première depuis 13 ans. Suite à son arrestation en Afghanistan, Khadr avait été transféré à la prison américaine de Guantanamo, à Cuba, où il a été incarcéré pendant 10 ans.
En 2010, un tribunal spécial de l'armée américaine l'avait condamné à huit ans de prison pour le meurtre d'un commando. Il avait conclu un accord de "plaider-coupable" avec le Pentagone qui lui avait permis de quitter Guantanamo pour purger le reste de sa peine au Canada, où il a été transféré en 2012.
Le mois dernier, une cour de l'Alberta avait ordonné la libération sous condition du jeune homme de 28 ans, en attendant le résultat d'un appel en cours devant un tribunal américain.
Le tribunal canadien devait à l'origine décider mardi des conditions de libération de Khadr, mais Ottawa avait déposé une requête urgente devant la justice lundi pour demander le report de cette décision.
La Couronne (ministère public) a en effet plaidé devant la cour d'appel de l'Alberta que le tribunal de première instance n'avait pas l'autorité nécessaire pour faire libérer Khadr. Le préjudice que causerait cette libération serait "significatif et de grande ampleur" pour le Canada, a affirmé l'avocat de la Couronne, Bruce Hughson, cité par Radio-Canada.
L'avocat de Khadr, a pour sa part jugé devant le tribunal que les arguments de la Couronne étaient destinés à "jeter de la poudre aux yeux".