Un apache abattu à Saada. Le gouvernement pro-Hadi réclame une "intervention terrestre" dans une lettre à l’ONU. Kerry plaide en faveur d’une "pause" dans les combats. Appel pressant de 22 organisations humanitaires.
Le bilan des Saoudiens tués par des tirs yéménites, en riposte à l’agression saoudo-américaine contre le Yémen, s’est élevé, rapporte la chaine de télévision panarabe AlMayadeen.
Deux saoudiens ont été tués suite à la chute d’un obus dans la province frontalière d’AlHarth, a annoncé la Défense civile saoudienne. Cinq autres avaient également été tués suite à des tirs de roquettes sur la ville de Najran, a-t-on ajouté de même source.
Il est à noter que les tribus yéménites contrôlent désormais la majorité des positions et bases militaires saoudiennes à la frontière saoudienne. Selon des sources yéménites, des dizaines de soldats saoudiens ont été tués et blessés. L’armée saoudienne a reculé de 7 kilomètres de la frontière avec le Yémen.
Dans ce contexte, Mojtahed, un prince saoudien anonyme connu pour ses tweets critiquant le régime saoudien, a écrit : « selon les informations parvenant de l’armée saoudienne, les régions de Jazzan et Zahrane au sud sont exposés au danger plus que Najrane, vu que les rassemblements Houthis là-bas sont beaucoup plus fortifiés ».
Des sources yéménites non confirmés ont également fait état de l'écrasement d'un avion saoudien de type Apache au nord du pays. "Des combattants yéménites ont abattu un Apache qui menait des raids contre des quartiers résidentiels à Saada (nord)", a-t-on précisé de même sources, rapporte le correspondant d'AlManar.
Un hôpital bombardé
Entre-temps, l’Arabie a poursuivi ses frappes, menant trois raids contre la province de Saada (nord), et plusieurs bombardements contre la région de Hadida, à l’ouest du pays. Même les hôpitaux n’ont pas été épargnés. Un navire saoudien a visé par plusieurs missiles l’Hôpital Maydi à Hajja à l’ouest du pays.
Ces raids interviennent après la libération par l’armée et les forces d’Ansarullah (Houthis) de la région stratégique de Tawahi à Aden (Sud).
Les pro-Hadi réclame une "intervention terrestre" dans une lettre à l'ONU
Et puis, après l’échec de la coalition et de leurs alliés de prendre le contrôle de la ville portuaire d’Aden, les partisans du président démissionnaire réfugié en Arabie, Abed Rabbo Mansour Hadi, ont appelé à une intervention rapide "par des forces terrestres", notamment dans les villes d'Aden et de Taëz.
L'ambassadeur du Yémen aux Nations unies, Khaled Alyemany (pro-Hadi), a appelé à cette intervention terrestre dans une lettre adressée mercredi au Conseil de sécurité des Nations unies, rapporte Reuters.
Le 27 mars, une coalition internationale menée par l'Arabie saoudite a entamé une série de frappes aériennes contre le Yémen faisant des milliers des martyrs et des blessés, dont notamment des femmes et des enfants.
Kerry plaide en faveur d'une "pause" dans les combats
De son côté, le secrétaire d'Etat américain John Kerry est arrivé à Ryad mercredi pour discuter avec l'Arabie saoudite d'une éventuelle "pause" dans les opérations militaires au Yémen.
Le chef de la diplomatie américaine est arrivé de Djibouti, où il bouclait une tournée en Afrique de l'Est. Il a rencontré dans la soirée à Ryad le nouveau prince héritier, Mohammed ben Nayef, et doit s'entretenir jeudi avec le roi Salmane, et le président démissionnaire, Abd Rabbo Mansour Hadi.
"Nous allons discuter de la nature de la pause et comment elle pourrait être mise en œuvre", a déclaré le ministre américain devant la presse à Djibouti.
"Je suis convaincu de leur volonté de mettre en oeuvre une pause", a ajouté John Kerry à propos des Saoudiens, proches alliés des Etats-Unis.
Le secrétaire d'Etat a précisé avoir déjà évoqué cette semaine cette "pause humanitaire" avec son nouvel homologue, saoudien Adel al-Jubeir, qu'il rencontrera jeudi, selon une source diplomatique américaine.
"Pour l'instant, la crise immédiate est humanitaire", a martelé Kerry, annonçant une enveloppe de 68 millions de dollars d'assistance destinée aux organisations humanitaires au Yémen.
Appel pressant de 22 organisations humanitaires
Vingt-deux d'entre elles ont d'ailleurs averti qu'elles risquaient de cesser leur aide d’urgence si les voies terrestres, maritimes et aériennes n'étaient pas immédiatement rouvertes pour permettre un approvisionnement en fuel.
Mais "l'annonce d'une potentielle +pause humanitaire+ dans les opérations militaires ne réduira pas l'impact du conflit", a estimé le Forum des 22 organisations humanitaires internationales signataires d'un communiqué conjoint.
"Une cessation immédiate et permanente du conflit doit être mise en place maintenant", a prévenu Grace Ommer, responsable d'Oxfam au Yémen, citée dans le communiqué.
"Les voies terrestres, maritimes et aériennes doivent rouvrir afin d'acheminer les produits de première nécessité tels que la nourriture, le carburant et le matériel médical pour assister les millions de personnes dans le besoin", a-t-elle ajouté.
"Nous risquons de manquer de carburant dans les prochains jours", estime pour sa part Hajir Maalim, responsable d'Action contre la Faim.
"Les pénuries de carburant ont atteint un niveau critique. En l'absence d'importations régulières, il nous sera bientôt impossible de fournir une assistance vitale au nombre croissant de personnes dans le besoin", met de son côté en garde Edward Santiago, directeur de Save the Children pour le Yémen.
Source: AlManar + AlMayadeen + Reuters + AFP