Entre 300 et 400 Belges sont partis ces dernières années en Syrie.
Le procès de l'une des plus importantes filières de recrutement de terroristes pour la Syrie jamais démantelée en Belgique s'est ouvert jeudi à Bruxelles, dans un palais de justice placé sous haute protection.
Trente-deux personnes devront répondre au cours des prochaines semaines de
participation à un groupe terroriste. La moitié d'entre elles seront toutefois
jugées par contumace, soit parce qu'elles se trouvent toujours en Syrie, soit
par ce qu'elles y ont trouvé la mort.
Le procès s'est ouvert devant le tribunal correctionnel quatre mois après
les attentats de Paris, et le démantèlement quelques jours plus tard à
Verviers, dans l'est de la Belgique, d'une cellule qui projetait une attaque
imminente contre des cibles policières dans le pays.
L'un des principaux absents du procès est d'ailleurs celui qui est
considéré comme le "cerveau" de cette cellule, Abdelhamid Abaaoud.
L'homme avait échappé au coup de filet, au cours duquel deux de ses
présumés complices ont été tués lors d'un échange de coups de feu avec la
police. En février, ce Belge d'origine marocaine de 27 ans, un temps repéré en
Grèce, a revendiqué la préparation d'attentats en Belgique, et affirmé avoir
rejoint les rangs du groupe Daech en Syrie.
A Bruxelles, il n'est toutefois pas jugé pour le dossier de Verviers mais
pour avoir été l'un des maillons d'un vaste réseau de recrutement de
combattants, dans le cadre d'enquêtes ouvertes en 2012 et 2013 qui avaient
débouché sur 55 perquisitions et l'interpellation de 74 personnes.
Abaaoud est également accusé "d'enlèvement de mineur", à savoir son propre
frère Younès, qui avait rejoint la Syrie en janvier 2014 à l'âge de 13 ans, et
qui a été surnommé "le plus jeune jihadiste du monde" par certains médias. Leur
père, Omar Abaaoud, sans nouvelle de ses deux fils, s'est porté partie civile
contre son aîné.
Le second prévenu clé, qui comparaît détenu, est un Bruxellois de 41 ans,
Khalid Zerkani, qui selon la justice était très actif dans le recrutement, en
particulier de jeunes musulmans bruxellois, qu'il poussait par des prêches
tenus dans des lieux de prière improvisés à prendre part au jihad armé.
Selon son avocat Steve Lambert, Khalid Zerkani conteste toutes les charges
portées contre lui. Selon l'administration pénitentiaire, il a toutefois
poursuivi en prison son activité de propagande avant d'être mis à l'isolement.
Les autres prévenus sont principalement considérés comme des recruteurs ou
des combattants. Des femmes sont accusées d'être parties se marier avec un
terroriste en Syrie ou d'y avoir envoyé de l'argent. Le verdict n'est pas
attendu avant la fin mai.
La Belgique est un des pays les plus touchés en Europe par le départ de
combattants en Syrie. Entre 300 et 400 Belges y sont partis ces dernières
années.