La Turquie prétend ne pas soutenir les groupes terroristes en Syrie, alors qu’elle facilite le passage d’armes via son territoire.
Un tribunal turc a publié des mandats d'arrêt à l'encontre de quatre procureurs et un officier de l'armée dans l'affaire controversée d'une saisie de livraison d'armes à destination de la Syrie l'an dernier, ont indiqué jeudi des rapports.
Les quatre procureurs avaient été mutés puis suspendus après avoir ordonné la fouille de plusieurs camions et bus dans les provinces d'Adana et Hatay, frontalières de la Syrie, en janvier 2014, parce qu'ils les suspectaient de contrebande de "munitions et armes" à destination de la Syrie.
Une série de documents avaient alors circulé sur Internet affirmant que les camions saisis étaient en réalité des véhicules de l'Agence de renseignements nationale (MIT) livrant des armes aux rebelles terroristes en Syrie.
La Turquie a vivement démenti apporter une quelconque aide aux rebelles en Syrie, comme le groupe Etat islamique (EI), tout en désirant la chute du pouvoir. Mais les faits contredisent les déclarations officielles turques.
Le gouvernement a imposé un silence médiatique, y compris sur Facebook et Twitter, interdisant la publication de ces allégations.
Les quatre procureurs sont accusés de chercher à renverser le gouvernement et de paralyser ses opérations. Ils encourent la perpétuité s'ils sont reconnus coupables, selon l'agence de presse étatique Anatolia.
La police a placé en garde à vue mercredi deux des procureurs, Souleiman Bagriyanik et Ozcan Sisman, dans leurs résidences d'Antalya et Adana. Le troisième, Aziz Takci, n'était pas présent à son domicile à Zonguldak, dans le nord du pays, mais son avocat a affirmé qu'il comptait se rendre. Aucun détail n'a été révélé quant au statut du quatrième procureur, Ahmet Karaca.
"Nous venons de vivre une nuit qui a vu la loi être bafouée" et l'ordre des choses renversé, a déclaré Bagriyanik, ancien procureur général d'Adana, alors qu'il était détenu par la police.
"Je suis détenu maintenant uniquement parce que je n'ai pas suivi les menaces et l'ordre de M. le ministre: +Ne fouillez pas les camions+, et n'ai pas empêché mes collègues de le faire. Que puis-je dire de plus ?", a-t-il poursuivi.
"Les lois sont là. C'est mon travail de faire appliquer les lois". Le tribunal de Tarsus a également respecté la demande du plus haut corps des juges de Turquie (HSYK) d'arrêter le colonel Ozkan Cokay parce qu'il était le plus haut gradé dans la région, selon l'agence de presse Dogan.
La controverse a éclaté le 19 janvier 2014, quand des forces turques ont arrêté des camions en direction de la Syrie, soupçonnés de contenir des chargements d'armes. Mais ils ont alors découvert que du personnel du MIT était à leur bord.