Des médias libanais commentent l’avancée à Assal al-Wared. L’OSDH, relayée par l’AFP tente d’en minimiser la portée.
Au lendemain de l’avancée réalisée par le Hezbollah et l’armée syrienne dans le Qalamoune syrien, en libérant les 45 km2 du jurd de Aassal al-Wared et quelques importantes hauteurs de la région sur une superficie de 100 km2, le Hezbollah a qualifié d’information « totalement mensongères » les rumeurs relayées dans les medias libanais faisant état d’une quarantaine de tués dans ses rangs.
« Certains medias insistent pour diffuser de fausses informations sur le nombre des martyrs dans les affrontements du Qalamoune depuis plusieurs jours et parlent de plus de 40 martyrs », a dénoncé le bureau médiatique du Hezbollah dans un communiqué publié ce vendredi.
Et d’ajouter : « le nombre des combattants qui ont eu l’honneur d’atteindre le martyre est de trois et leurs parents en ont été informés les premiers».
En revanche de nombreux medias libanais sont unanimes pour dire que les exploits militaires réalisés jeudi sonnent bien le début de la bataille du Qalamoune, attendue depuis la saison hivernale. Le secrétaire général du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah ayant déclaré dans un discours de février dernier que « dès que la neige fondra, une bataille aura lieu » pour déloger les miliciens takfiristes et sécuriser les régions libanaises.
Une première étape: le siège
« La première étape de la bataille du Qalamoune a bel et bien commencé » écrit le journal al-Akhbar, selon lequel cette bataille a permis entre autre de relier la région libanaise de Britale à la région syrienne de Assale al-Wared, dont une bonne partie était occupée par les miliciens de la branche d’Al-Qaïda le front al-Nosra et de ses alliés.
Cette avancée constitue en quelque sorte « un siège sudiste » des milices qui leur ferme d’une façon définitive toute voie en direction du sud ou du sud-est, et les empêche de traverser désormais les villes de Zabadaneh , Madaya, Serghaya et toutes celles situées au nord de la route internationale Beyrouth-Damas.
Attaque « cursive et cassante »
Des sources militaires ont confié pour le journal que l’opération a été « cursive et cassante », d’autant que les combattants du Hezbollah et les soldats syriens ont pris le contrôle de plusieurs hauteurs, dont Tallet Nahleh située à plus de 2.000 m d’hauteur, d’une superficie de 100 km2 dans les territoires syriens et libanais.
« Les violentes opérations de pilonnage et l’avancée de petits groupes ont poussé les miliciens à prendre la fuite, abandonnant derrière eux leurs tués et leurs arsenal militaire », constate ces observateurs.
Dans les repaires que les miliciens ont abandonnés, ont été retrouvés des armes mais surtout des munitions. Des ateliers de fabrication d’engins explosifs et de préparation de voitures piégées ont été également découverts dans la région sécurisée. Les photos montrent aussi des motocycles .
Constat d’échec du Nosra
Pour sa part, le journal libanais assafir a fait un constat d’échec « des attaques préventives » qui avaient été réalisées ces derniers jours par le front al-Nosra et Cie, et qui visaient d’après lui à détourner le Hezbollah et l’armée syrienne de cette bataille.
Le quotidien libanais estime que même l’annonce faite depuis 48 heures de la formation de la coalition Jaïch al-Fateh (Armée de la Conquête) au Qalamoune n’a pas non plus réalisé son objectif, car de nombreuses milices ne l’ont pas rejoint, dont les Ahrar alCham, l’ASL, Jaïch al-Islam. « Ce qui montre qu’il ne s’agissait que d’une initiative médiatique pour faire pression sur l’armée syrienne et le Hezbollah, et en même temps embarrasser les alliés et les amener à les rejoindre », enchaine assafir.
Mais selon le journal, les affrontements de Assale al-Wared ne constituent pas la réelle bataille du Qalamoune, mains s’inscrivent dans le cadre de « la préparation à la bataille pour tâter du pouls » le terrain. C’est plus qu’un affrontement et moins qu’une bataille, a-t-il titré.
Version AFP-OSDH : minimiser la portée
Quant à la version de l’OSDH, organe médiatique syrien siégeant à Londres et relayée par l’AFP, , elle s'attelle pour minimiser l’importance de cette avancée dans le Qalamoune.
(( Le Hezbollah libanais, allié du régime de Bachar al-Assad, a consolidé jeudi ses positions sur des collines du côté syrien de la frontière avec le Liban, ont rapporté une ONG et une source militaire syrienne.
Ce développement intervient deux jours après que le chef de cette puissante formation chiite armée, Hassan Nasrallah, a menacé de chasser les insurgés retranchés dans la région syrienne du Qalamoun, à la frontière avec le Liban, sans préciser quand l'opération serait lancée.
"Le Hezbollah et le régime syrien ont pris des collines (dans cette région) après l'avoir intensément bombardé avec des missiles iraniens de type +Bourkane+ (Volcan) et des missiles sol-sol de moyenne portée", a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
"Les combats sont menés depuis hier (mercredi) par le Hezbollah, avec la participation de l'armée syrienne, dans les environs d'Aassal al-Ward", une localité contrôlée par le régime, a précisé à l'AFP le directeur de l'ONG, Rami Abdel Rahmane.
De son côté, une source militaire syrienne sur le terrain a indiqué à l'AFP que "l'armée syrienne et ses alliés ont avancé dans les environs d'Aassal al-Ward, ajoutant que des "dizaines de terroristes ont été tués", en référence aux rebelles.
D'après M. Abdel Rahmane, cette bataille du Qalamoun, région contrôlée en majorité par l'armée syrienne et le Hezbollah, vise surtout à "remonter le moral du régime" après ses revers face aux rebelles notamment dans le nord du pays ces dernières semaines.
"Cette bataille n'est pas aussi stratégique que ne tentent de le montrer le Hezbollah et le régime. Cela s'apparente plus à un battage médiatique", a assuré M. Abdel Rahmane.
Un porte-parole du Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, a nié toute avancée du Hezbollah. "Les combats se poursuivent dans la région d'Aassal al-Ward", a-t-il dit à l'AFP.
Jeudi soir, une source des services de sécurité libanais a rapporté la chute dans l'est du Liban de deux obus tirés du côté syrien de la frontière par les rebelles, sans faire état de victimes. Un des obus est tombé à deux kilomètres et l'autre à 10 km de Baalbeck, grande ville de l'est du Liban et un bastion du Hezbollah.