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Le mythe de la chute de Lattaquié

Le mythe de la chute de Lattaquié

L’Armée arabe syrienne a repris la technique de la « terre déserte » qu’elle avait adoptée à la fin 2012 et au début 2013

Thierry Meyssan répond à des lecteurs qui l’ont interrogé sur l’annonce de la possible chute de Lattaquié et la débandade de la République arabe syrienne qui s’en suivrait. Il explique ici le caractère infondé de ce mythe qui, selon lui, ressort de la propagande de guerre.

Durant quatre ans, la presse atlantiste et du Golfe a annoncé l’imminence de la chute de Damas et de la fuite du président Bachar el-Assad. Et puis, à force de proclamer une victoire qui ne venait pas, elle s’est lassée.
Voici maintenant son nouveau refrain : l’imminence de la chute de Lattaquié.

Comme toujours, la propagande présente les événements à son avantage : la prise d’Idleb et celle de Jisr al-Choughour marqueraient le début de la fin du «régime ». Pas un mot, par contre sur la libération de Aassal al-Ward et la bataille du Qalamoun, ni sur celle de Maydaa et de la dernière route d’approvisionnement des jihadistes vers la Ghouta de Damas.

Si l’on observe les faits d’un simple point de vue géographique, on pourrait effectivement croire à une avancée des jihadistes, mais si l’on analyse en termes démographiques, on voit que l’Armée arabe syrienne a repris la technique de la « terre déserte » qu’elle avait adoptée à la fin 2012 et au début 2013. Elle protège son peuple plutôt que sa terre. Elle organise donc son repli pour affaiblir ses ennemis avant de les enfoncer.

Toutes les zones actuellement contrôlées par les jihadistes sont tombées sous leur contrôle alors que la population restante leur était favorable, sauf à Raqqa qui fut trahie et non pas conquise.

Les déplacements de population, en quatre ans de conflit, sont les plus importants dans le monde depuis la Seconde Guerre mondiale. C’est logique puisqu’il ne s’agit ni d’une guerre civile, ni d’une guerre entre États, mais d’une guerre entre la civilisation et la barbarie : d’un côté la République arabe syrienne qui traite à égalité tous ses citoyens et sert l’Intérêt général, de l’autre des fanatiques qui réduisent en esclavage ou tuent tous ceux qui ne pensent pas comme eux.

Dès lors, la population a voté avec ses pieds. Elle a exprimé son choix en se déplaçant : les Syriens favorables à la République se sont regroupés à Damas et à Lattaquié, les fanatiques favorables aux jihadistes sont restés dans les territoires que ces derniers ont conquis, et tous ceux qui ne pouvaient pas choisir leur lieu de résidence se sont enfuis à l’étranger. On notera que personne n’a observé d’exode des territoires républicains vers ceux des jihadistes.

Il est impossible de savoir avec précision combien de Syriens ont accueillis les jihadistes, mais leur nombre n’a jamais excédé 1,5 million sur les 24 millions d’habitants initiaux. Comme il est probablement bien inférieur à l’heure actuelle, les jihadistes se trouvent donc à occuper et à gouverner une terre bien trop vaste pour eux. Or, s’ils sont faibles et que l’Armée arabe syrienne se retire, ils tourneront leur violence contre les groupes les plus faibles, donc ils se font la guerre entre eux.



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