Les géologues savent depuis longtemps que l’injection d’un fluide dans les puits de forage souterrains peut augmenter la pression dans les pores de la roche profonde..
Le Service géologique des États-Unis a présenté le premier rapport officiel sur l'impact de l'exploitation du pétrole et du gaz sur l'activité sismique.
Les scientifiques ont identifié 17 zones dangereuses dans huit États et ont déclaré que les tremblements de terre technogènes de ce genre pouvaient atteindre une magnitude 7 sur l'échelle de Richter — un niveau suffisant pour faire s'effondrer des bâtiments, affirme le rapport cité par l'édition Science News.
Les géologues savent depuis longtemps que l'injection d'un fluide dans les puits de forage souterrains peut augmenter la pression dans les pores de la roche profonde — c'est le dernier coup décisif porté aux fractures. Cependant, la forte croissance du nombre de petits tremblements de terre dans les États centraux des USA ces dernières années a attiré une attention particulière sur ce phénomène. La croissance de l'activité sismique coïncidait en effet avec le début du recours aux nouvelles méthodes d'extraction du pétrole et du gaz.
La fracturation hydraulique est en première ligne: un fluide est injecté à grande pression dans les puits souterrains, ce qui fait remonter le gaz ou le pétrole vers la surface. Cependant, ce n'est pas la fracturation elle-même qui cause des séismes (cette opération prend quelques heures, quelques jours tout au plus), mais l'injection d'eaux usées dans les aquifères où se trouvent les fractures les plus larges et dangereuses.
Les zones "rouges" sur la carte (par exemple le centre de l'Oklahoma) se rapprochent déjà du niveau de risque sismique d'États comme la Californie, épicentre des séismes naturels à l'Ouest du pays. Jusqu'à présent, le séisme artificiel le plus destructeur aux États-Unis avait atteint une magnitude 5,6 — son épicentre se trouvait dans la ville de Prague dans l'Oklahoma et plusieurs dizaines de bâtiments s'étaient alors effondrés.
Mais les géophysiciens affirment que l'industrie pétrolière et gazière et capable de pire. "Il y a des fractures assez grandes pour provoquer des séismes de magnitude 7. Nous n'excluons pas cette possibilité", note le coauteur du rapport Justin Rubinstein.
Normalement, les cartes de risques sismiques sont établies par le Service géologique des États-Unis pour une période de 50 ans. C'est aussi l'"espérance de vie" moyenne des bâtiments. Or, l'intensité des séismes technogènes dépend de facteurs très instables: quand des puits pour les eaux usées sont forés dans de nouvelles régions, quand la baisse des prix du pétrole contraint à suspendre l'extraction, quand les gouvernements des États modifient les lois régissant l'industrie du pétrole et du gaz…
Pour cette raison, la nouvelle carte tient compte de la probabilité des tremblements de terre en une année. Elle sera donc mise à jour à la fin de 2015 mais apporte déjà des avantages pratiques: par exemple, les autorités peuvent décider quels ponts de l'État doit rénover en priorité.
Ces derniers temps, les chercheurs et les officiels ont commencé à prendre plus au sérieux la menace des séismes technogènes. Ainsi, en avril 2015, le Service géologique de l'Oklahoma a reconnu que la croissance récente des secousses souterraines n'était pas due à des causes naturelles mais aux injections d'eaux usées dans les couches géologiques.
Sputnik