Un saoudien tué à Najrane. Appel à une marche à Dakar mercredi contre l’envoi de soldats sénégalais en Arabie. Le nouvel émissaire de l’ONU pour la première fois au Yémen.
Quelques heures avant une trêve humanitaire, qui doit entrer en vigueur mardi soir, l’Arabie a intensifié ses raids contre le Yémen. 32 personnes sont tombées en martyre et des centaines d’autres ont été blessés durant les dernières 12 heures.
Dans la région de Naqam à Sanaa, les raids saoudiens ont causé la mort de 15 personnes et fait plus de 150 blessés. Les banques du sang de l’hôpital As-Saoura ont été détruites par ces frappes.
Une famille toute entière formée du père, de la mère et de leurs 5 enfants ont été tués par un raid saoudien visant leur domicile dans la province de Jawf, au nord-est de Sanaa.
10 déplacés ont également été tués par un raid contre Saada (nord).
Sur un autre plan, une vidéo publiée sur la toile a montré le pilonnage de la région frontalière de Najrane (sud de l’Arabie) par les tribus yéménites. Un porte-parole de la Défense civile saoudienne a fait état de 2 morts, un Pakistanais et un Saoudien, suite à ces tirs et de plusieurs blessés.
Ces deux morts portent à onze le nombre de Saoudiens tués à la frontière en riposte aux agressions saoudiennes contre les Yéménites.
Appel à une marche à Dakar contre l'envoi de soldats sénégalais
A l’étranger, un Collectif comprenant des organisations de la société civile, dont le mouvement pro-démocratie "Y'en a marre", a annoncé lundi une marche à Dakar mercredi contre l'envoi de 2.100 soldats sénégalais en Arabie saoudite, engagée dans une guerre contre le Yémen.
Le Collectif "Bou Diambar Dem" (que les soldats ne partent pas, en wolof) a appelé lundi, lors d'une conférence de presse, à manifester contre l'envoi de ces soldats pour venir en aide à l'Arabie saoudite qui conduit, depuis le 26 mars, avec huit alliés arabes et les Etats-Unis des frappes destructrices et meurtrières contre ce pays le plus pauvre de la Péninsule arabe.
C'est "une décision injustifiée, inopportune, imprudente et même dangereuse pour la sécurité des Sénégalais", a affirmé Mme Fanta Diallo, une responsable du Collectif formé de "Y en a marre", de responsables politiques et de la société civile et de membres de familles de soldats.
"On sent un président (Macky Sall) qui veut réussir son plan (de développement), qui a besoin d'argent qui, pour lui, n'a pas d'odeur", a dit Fadel Barro, un des leaders de "Y'en a marre".
Des analystes estiment que la décision d'envoyer des soldats en Arabie saoudite est liée au soutien apporté par Ryad au Plan Sénégal Emergent (PSE), la stratégie de développement économique du président Sall, ce que le gouvernement dément.
"On fait jouer aux soldats sénégalais le même rôle que les tirailleurs. Est ce que nous sommes des mercenaires des causes extérieures, qui plus est, injustes?", s'est interrogé Malick Noël Seck, un des membres du Collectif.
Le ministre des Affaires étrangères, Mankeur Ndiaye, a annoncé le 4 mai aux députés l'envoi prochain de 2.100 militaires en Arabie "en vue d'une contribution de notre pays à la lutte commune menée par la coalition internationale dirigée par l'Arabie saoudite".
Le nouvel émissaire de l'ONU pour la première fois au Yémen
Entre-temps, le nouvel émissaire de l'ONU pour le Yémen, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, est arrivé à Sanaa, la capitale du Yémen, selon une source aéroportuaire.
C'est la première mission au Yémen du diplomate mauritanien depuis qu'il a remplacé le 25 avril le Marocain Jamal Benomar, démissionnaire.
Avant Sanaa, il avait effectué une tournée qui l'a conduit notamment en Arabie saoudite, chef de file d'une coalition arabo-américaine engagée depuis le 26 mars dans une agression militaire contre le Yémen.
L'émissaire onusien avait rencontré vendredi à Ryad le président yéménite démissionaire Abd Rabbo Mansour Hadi, qui s'était réfugié en Arabie saoudite au début de l’agression saoudo-américaine.
Aucune indication n'a été fournie sur le programme de l'émissaire, chargé de tenter de trouver une solution politique au conflit.
Une trêve humanitaire dans la guerre au Yémen est censée entrer en vigueur mardi à 23H00 locales (20H00 GMT) après près de sept semaines de raids aériens meurtriers.
Source : AlMayadeen + AFP