24-11-2024 11:33 AM Jerusalem Timing

Les e-papillons d’Israël, la dernière arme d’une guerre high-tech

Les e-papillons d’Israël, la dernière arme d’une guerre high-tech

Le mois dernier, le mouvement palestinien Hamas a annoncé avoir capturé un papillon électronique volant autour de la bande de Gaza.

Le mois dernier, le mouvement palestinien Hamas a annoncé avoir capturé un papillon électronique volant autour de la bande de Gaza.

La nouvelle a d’abord été relayée par al-Majd, un site web proche du Hamas spécialisé dans les questions de sécurité, qui a indiqué que le techno-papillon était utilisé par Israël pour espionner et surveiller les bases militaires palestiniennes à travers l’enclave côtière de Gaza.

Il a également été suggéré que les papillons-espions ont été employés pour rechercher deux soldats israéliens qui auraient été capturés pendant la guerre de l’été dernier.
Plus de 2.200 Palestiniens – la plupart des civils – et 73 Israéliens, en majorité des soldats, avaient été tués pendant ce conflit.

Selon al-Majd, l’une des autorités chargées de la sécurité à Gaza affirme avoir démonté le papillon-espion et trouvé des photos des soldats capturés dans la carte-mémoire.

Le site al-Majd indique que l’e-papillon, à l’instar des drones et des ballons de surveillance déployés par Israël au-dessus de Gaza, est opéré et contrôlé via un système GPS qui a été trouvé à l’intérieur du dispositif.

Le papillon-espion mesure la taille d’un oisillon auquel il ressemble de loin. Il peut pénétrer dans des maisons par de petits trous ou des portes et fenêtres ouvertes, toujours selon al-Majd.

En 2009, la chaîne de télévision israélienne Channel 2 avait diffusé une vidéo d’un serpent robotisé doté d’une camera qui imite les actions d’un vrai serpent. Le robo-reptile a été développé par le Technion, l’institut israélien de technologie, pour des opérations de surveillance sur le champ de bataille.

Rien de nouveau dans l’art de la guerre

Les quelque 1,8 million d’habitants de la bande de Gaza vivent sous la surveillance constante d’Israël.
Cependant, grâce aux nouvelles technologies, dans ce cas le conflit n’est pas aussi déséquilibré que d’habitude. Pendant la dernière guerre à Gaza, le Hamas avait révélé qu’il disposait de drones – baptisés «Ababeel », du nom d’oiseaux de combat mentionnés dans le Coran – capables d’espionner et de filmer des zones de peuplement israélien.

Le Hamas affirme que la mission de l’e-papillon-espion qu’il a capturé est de localiser les prisonniers de guerre. Israël, pour sa part, garde le silence au sujet de ces papillons virevoltant autour de Gaza.

Le Hamas aussi est actif dans ce combat, en menant notamment des campagnes de sensibilisation portant sur ces questions de sécurité et informant les Gazaouis des nouvelles techniques et tactiques d’espionnage utilisées par Israël et de la  manière dont le Hamas peut récupérer les informations.

« Les usagers d’internet, en particulier les néophytes, pensent que personne ne peut découvrir ce qu’ils font sur le web – ils croient qu’en utilisant de faux noms et des pseudonymes sur les forums, par exemple, ils ne laissent aucun trace. Or leur navigation peut être retracée sur chaque site qu’ils consultent », explique Ibrahim al-Madhoun, un chercheur sur les mouvements islamiques basé à Gaza.


Nouvelles techniques chez la Résistance aussi

Al-Madhoun ajoute que la résistance palestinienne est elle aussi en train de modifier ses techniques.

« La résistance a développé ses capacités en matière de sécurité et de technologie suite au retrait israélien de Gaza survenu en 2005 », a-t-il déclaré à Middle East Eye.

Al-Madhoun estime que la connexion limitée de Gaza au monde extérieur a contribué à l’avancement de ses connaissances.

En 2006, lorsque le soldat israélien Gilad Shalit avait été capturé, l’armée israélienne avait utilisé de nombreuses techniques pour analyser la vidéo que le Hamas avait publiée sur sa capture en échange de la libération de dix-neuf prisonnières palestiniennes.

L’équipe technique du Hamas était consciente du fait que la technologie israélienne permettait de zoomer les images et de capturer les reflets dans les yeux de Shalit, et a donc fait en sorte qu’aucune image de ses ravisseurs ne soit visible, couvrant le visage de chacun, y compris le cameraman.

Al-Madhoun explique que le Hamas n’a jamais révélé les mesures de sécurité qu’il avait prises dans le cas de Shalit afin de ne pas compromettre ses chances de parvenir à un échange de prisonniers.

« L’expérience du Hamas a été renforcée par ses interactions avec les puissances régionales et par un espace web libre qui donne à la nouvelle génération la possibilité de se mettre à jour sur l’ensemble des développements de la sphère technologique », a-t-il poursuivi.

Les capacités militaires et de renseignement du Hamas n’ont certes rien de comparable avec celles d’Israël, qui dispose de l’armée la plus puissante de la région, mais ses campagnes de sensibilisation à Gaza, où les habitants sont désireux de tout savoir sur ceux qui préféreraient qu’ils ne sachent rien, sont assidues.

Sur son site internet, al-Majd indique que l’usage croissant par Israël de dispositifs électroniques fait suite à son incapacité à recruter un nombre suffisant de collaborateurs palestiniens. L’année dernière, le Hamas a fait pendre au moins dix-huit collaborateurs présumés qu’il accusait d’avoir coopéré avec les services de renseignement israéliens.

Le site web affirme qu’Israël cherche toujours à recruter des informateurs, ayant recours au chantage pour convaincre ces Palestiniens désespérés qui sont prêts à tout pour trouver un emploi leur permettant de gagner un salaire décent, accéder aux soins de santé et aux médicaments dont ils ont besoin, et sortir de la pauvreté et des difficultés. Israël les rétribue en échange d’informations sur les dirigeants palestiniens et les sites internet d’activistes à Gaza.

« La guerre technologique est susceptible d’évoluer », observe al-Madhoun.

« Son intensité pourrait diminuer, car les deux parties connaissent leurs capacités mutuelles, mais tous ont conscience du besoin de changer les règles du jeu. »

Mohammed Omer
Source : Middle East Eye