"Sérieux dégâts" dans la vieille ville de Sanaa, classée au patrimoine mondial, regrette l’Unesco.

A peine quelques heures après l’entrée en vigueur d’une trêve humanitaire de cinq jours censée mettre fin à sept semaines de raids saoudo-américains contre le Yémen, les avions de chasse saoudiens ont mené 4 raids contre les régions de Saada (nord) et Hajja (nord-ouest de Sanaa).

Selon le correspondant de la chaine panarabe AlMayadeen, les chasseurs saoudiens ont également violé la trêve en menant des frappes contre des positions de l’armée au nord-est d’Aden (sud), et contre la province de Dhaleh au nord d’Aden.

Pourtant, le porte-parole de la coalition saoudo-américaine a annoncé mardi soir que la trêve a "absolument (commencé) à 23H00 (20H00 GMT)". Le général Ahmad Assiri a prévenu l’armée yéménite et ses alliés (Houthis) qu'elle reprendrait ses raids aériens en cas de violation du cessez-le-feu.

Rappelons que les raids meurtriers contre le Yémen s’étaient poursuivis voir intensifiés après l’annonce par la coalition le 21 avril de la fin de l'opération "Tempête décisive" lancée le 26 mars contre ce pays arabe sous prétexte d'anéantir les Houthis et de faire revenir au pouvoir le président démissionnaire réfugié en Arabie, Abed Rabbo Mansour Hadi.

La trêve de 5 jours entrée en vigueur mardi soir vise à permettre la livraison de matériel de secours désespérément attendus par la population soumis à un embargo saoudien, bien que les organisations humanitaires ont déjà averti qu'elles avaient besoin de plus de temps.

La guerre saoudo-américaine a aggravé la situation humanitaire dans ce pays, où 12 millions de personnes sont en insécurité alimentaire.

Plus de 2000 yéménites, dont des centaines de femmes et d’enfants, ont été tués par les frappes saoudiennes depuis le 26 mars, affirment des sources yéménites. Selon l'ONU, quelque 1.400 personnes ont été tuées, en bonne partie des civils, depuis le début de la guerre.

Les chiffres précis des victimes seront publiés par les organisations humanitaires après la fin définitive de cette guerre.

Ansarullah dispose des missiles de type Shahin

Sur un autre plan, le site d’information Al-Yaman al-Saïd a révélé que les forces révolutionnaires d’Ansarullah (Houthis) ont mis en place un nouveau système de défense, de moyenne portée, pour se défendre face aux raids aériens.

Ce nouveau système de défense anti-aérienne est capable d’intercepter les missiles, de courte portée, ainsi que les avions sophistiqués, à basse et moyenne altitude, a-t-on indiqué de même source.

Et d’ajouter : ce système est capable de confronter la cyberguerre, d’intercepter les avions, avant de les prendre pour cible par un missile de type «Shahin».

Ce système est la version avancée du système américain Hawk, dont la portée a été augmentée de 24 à 40 km.

Il est doté d'un système de radar d’interception des objectifs aériens.

"Sérieux dégâts" dans la vieille ville de Sanaa, classée au patrimoine mondial (Unesco)

Des bombardements saoudiens "massifs" dans la nuit de lundi à mardi ont causé de "sérieux dégâts" dans la vieille ville de la capitale yéménite, Sanaa, classée au patrimoine mondial de l'humanité, a déploré mardi l'Unesco en appelant les parties à "protéger le patrimoine culturel unique" du pays.

"Au cours des derniers jours, l'Unesco a reçu des informations faisant état d'importants dommages affectant des sites culturels significatifs au Yémen", écrit l'agence de l'ONU, basée à Paris, dans un communiqué.

Selon les informations recueillies par l'Unesco, la vieille ville de Sanaa, dont les maisons de pisé, les mosquées et les hammams datent d'avant le XIe siècle, "a été massivement bombardée dans la nuit du 11 mai 2015, provoquant de sérieux dégâts sur de nombreux édifices historiques".

La ville historique de Saada, fief des houthis dans le nord et le site archéologique de la ville fortifiée préislamique de Baraqish (nord-ouest), "ont également été endommagés", regrette l'Unesco.

"Je condamne ces destructions et j'appelle toutes les parties en présence à tenir le patrimoine culturel hors de portée des conflits", a déclaré la directrice générale de l'Unesco Irina Bokova, pour qui ce patrimoine représente "un témoignage exceptionnel des réalisations de la civilisation islamique".

Edifiée dans une vallée de montagne à 2.200 mètres d'altitude, Sanaa était au VIIe et VIIIe siècles, un important centre de propagation de l'Islam.

On y décompte 103 mosquées, 14 hammams et quelque 6.000 maisons, dont des maisons-tours ou d'autres en pisé, construites avant le XIe siècle.

Le Yémen compte deux autres biens inscrits au patrimoine mondial de l'humanité: la cité de Shibam (est), appelée "Manhattan du désert" en raison de ses maisons-tours de sept étages, et la ville historique de Zabid (ouest).

 

 

 

Source: AlManar + AlMayadeen + Irib + AFP