La police soupçonne des militants radicaux d’être derrière ce dernier meurtre, même si elle n’a pour l’instant procédé à aucune arrestation.
Une organisation pour la liberté d'expression a critiqué mercredi la Suède pour avoir refusé un visa à un blogueur bangladais assassiné sans doute par des radicaux.
Ananta Bijoy Das a été tué mardi, dans le nord du Bangladesh, à coups de
machettes. Selon le PEN club suédois, il aurait pu échapper à ses meurtriers si
l'ambassade de Suède à Dacca lui avait accordé le visa qu'il demandait.
Il avait été invité à Stockholm par l'organisation pour parler de la
détérioration de la situation au Bangladesh pour les journalistes et écrivains
lors d'une conférence organisée à l'occasion de la journée mondiale de la
liberté de la presse, le 3 mai.
Un porte-parole du ministère suédois des Affaires étrangères, Kent Uberg, a
confirmé à l'AFP le rejet par son ambassade de la demande de Das, sans
fournir de détails.
"Nous voulons savoir d'où l'ordre est venu", a expliqué à l'AFP Elnaz
Baghlanian, une représentante du PEN club, qui promeut la coopération entre les
auteurs et défend la liberté d'expression.
Das, un banquier de 33 ans, écrivait notamment pour le site athée
Mukto-Mona (Libre pensée). Sa mort porte à trois le nombre de blogueurs tués
depuis février au Bangladesh.
La police soupçonne des militants radicaux d'être derrière ce dernier
meurtre, même si elle n'a pour l'instant procédé à aucune arrestation.
Selon ses amis, le blogueur avait été placé sur une liste de cibles par des
extrémistes.
L'ambassade de Suède à Dacca avait motivé son refus en expliquant qu'il
appartenait "à une catégorie de demandeurs qui présentent toujours un risque,
s'ils se voient accorder un visa, de ne pas quitter l'espace Schengen après
leur visite. En outre, la raison de votre voyage n'est pas assez urgente pour
vous accorder un visa", selon l'extrait de la lettre reçue par le blogueur et
publié sur le site du PEN club.
"C'est affreux que l'ambassade soit plus préoccupée qu'il reste dans le
pays qu'il soit assassiné", a déclaré Mme Baghlanian. "Il serait vivant s'il
était venu, il était censé rester ici pendant deux semaines".
Elle ignore si le blogueur envisageait de demander l'asile en Suède.
Le pays a l'une des politiques d'asile les plus généreuses de l'Union
européenne et accorde l'asile à plus de 70% des réfugiés qui en font la demande.