25-11-2024 10:56 PM Jerusalem Timing

Nakba: les Palestiniens n’ont pas vendu leur terre aux juifs

Nakba: les Palestiniens n’ont pas vendu leur terre aux juifs

Ni les dirigeants arabes ne les ont incités à la quitter, selon un historien israélien.

Selon un mythe de plus en plus répandu dans certains pays arabes, les Palestiniens auraient vendu leurs terres aux juifs avant 1948 et auraient volontairement quitté le pays.
Ce sont ceux qui appellent à la normalisation des relations avec Israël qui propagent cette légende, pour justifier pourquoi certains Arabes ont abandonné la cause palestinienne.

La propagande israélienne officielle répète la même histoire : les Palestiniens ont volontairement quitté leur terre après un appel dans ce sens lancé par des dirigeants arabes. Toutefois, les preuves historiques sont catégoriques sur cette question.
Ce sont des terroristes de la Haganah ont chassé les Palestiniens à la pointe des fusils, en 1948.


Le nettoyage ethnique

Les Palestiniens n’ont pas quitté leur pays de leur plein gré, ils ont été ethniquement nettoyés de leur terre par les forces sionistes et leur déplacement a été accompagné de massacres généralisés.

Au début des années 2000, des historiens israéliens comme Avi Shlaim, Ilan Pappe et Benny Morris ont complètement démenti le récit officiel d’Israël sur sa création en 1948. Ils ont montré que les habitants arabes indigènes du pays ont été nettoyés ethniquement de façon systématique.

Dans son livre « La naissance du problème des réfugiés palestiniens », Benny Morris examine attentivement les documents israéliens pour montrer avec exactitude la fausseté du récit.

Parlant du sort de centaines de cités, villes et villages palestiniens entre 1947 et 1949, il explique pourquoi leurs habitants sont partis. Dans 45 cas, les raisons sont inconnues. Cependant, dans 228 cas, les habitants sont partis parce qu’ils ont été attaqués par les forces sionistes. Dans 41 cas, ils ont été expulsés après avoir été menacés par la force. Dans 90 cas, ils sont partis poussés par la peur après avoir appris les massacres commis par les forces sionistes dans d’autres secteurs, en particulier le massacre de Deir Yassin de 1948.

Les Palestiniens n’ont pas vendu leur terre aux juifs, et « les Arabes » n’ont pas demandé aux Palestiniens de partir. Les dirigeants arabes n’ont pas appelé les Palestiniens à quitter leur terre, et il n’y a pas eu de campagnes dans les journaux ou les stations de radio arabes leur demandant de partir, explique Morris.

Simha Flapan, historien israélien, a affirmé qu’Abdul Rahman Azzam, secrétaire-général de la Ligue arabe, a demandé aux Palestiniens de rester dans leur pays. Et Fawzi al-Qawuqji, le leader de l’Armée de Libération arabe qui a combattu en Palestine en 1948, a ordonné à ses troupes d’empêcher les Palestiniens de partir de leurs villes et de leurs villages, par la force si nécessaire.

Il y eut plusieurs vagues d’émigration palestinienne provoquées par les attaques et les massacres sionistes contre les Palestiniens.

Benny Morris essaie de comprendre la fuite des réfugiés palestiniens par l’observation de la structure de la société palestinienne en 1948.

Les institutions étaient faibles et les dirigeants locaux avaient peu d’influence. Les organisations paramilitaires palestiniennes étaient faibles elles aussi comparées à leurs homologues juifs. Ceci explique pourquoi les principales villes palestiniennes sont tombées aux mains des juifs en avril et mai 1948.

La chute des grandes villes a démoralisé les Palestiniens ruraux, explique Morris, parce qu’ils dépendaient des villes pour le leadership politique. Les villageois palestiniens ont copié la classe moyenne urbaine et ont quitté leur pays de peur.

La plus grande vague d’émigration palestinienne a eu lieu entre avril et juin 1948. Ce fut largement dû au Plan Dalet, un projet de la Haganah, une organisation paramilitaire juive, devant prendre le contrôle de tout le territoire alloué à l’Etat juif d’Israël par les Nations Unies dans son plan de partage de 1947. Ce qui a provoqué le départ de la plupart des Palestiniens de leurs villes et villages.

Morris réfute qu’il y ait eu un plan intégré de nettoyage ethnique des villes et villages palestiniens, mais il dit que le Plan Dalet et ses conséquences constituent les preuves de la politique sioniste de déplacement des populations de villages et lieux stratégiques.

Le financement par l’Agence juive pour Israël aux Etats-Unis a permis aux groupes armés sionistes comme la Haganah et son rejeton l’Irgoun de se transformer en une force militaire bien armée et professionnelle.

Ils ont exécuté le Plan Dalet en attaquant brutalement et en détruisant des cités, villes et villages palestiniens. Leurs habitants furent déplacés, qu’ils aient résisté ou non aux forces sionistes.

Le massacre de Deir Yassin le 9 avril 1948 a semé la terreur parmi les Palestiniens. Après le massacre, les sionistes ont pris le contrôle des grandes villes palestiniennes.


Tuer les adultes arabes

La Haganah a occupé Haifa. Selon Morris, le 22ème bataillon de la Brigade Golani de la Haganah a reçu l’ordre de tuer tout adulte arabe vu à Haifa.

Après la prise de Haifa, il n’est resté que 3.000 à 4.000 habitants arabes, sur les 70.000 que comptait la ville. Les autres furent expulsés ou tués. Jaffa, Safad et Acre subirent le même sort.

Le nettoyage ethnique de 1948 est au cœur de la question palestinienne. Certains tentent actuellement de l’effacer de la mémoire collective arabe et de transformer la question palestinienne en une simple dispute sur des frontières – alors qu’en réalité il s’agit d’une population qui a été ethniquement nettoyée de sa terre avec la bénédiction du colonialisme occidental.

Nous ne devons jamais oublier le dossier des réfugiés palestiniens, qui est l’origine du conflit arabo-israélien.

Permettre aux réfugiés de revenir doit être la base de toute solution. Ni le passage du temps ni l’abandon de la cause palestinienne par les gouvernements arabes ne mettra fin au droit au retour des réfugiés palestiniens.

 

Source: Al Araby; traduit par ISM