Le sommet à Camp David s’est conclu sur des déclarations de principes mais peu d’engagements concrets.
Barack Obama s'est employé jeudi à rassurer les monarchies du Golfe inquiètes de l'influence croissante de l'Iran, à l'occasion d'un sommet à Camp David qui s'est conclu sur des déclarations de principes mais peu d'engagements concrets.
Réaffirmant "l'engagement inébranlable" des Etats-Unis envers ses partenaires arabes, le président américain a souligné que son pays était prêt à aider à répondre à "toute menace extérieure" contre leur intégrité territoriale.
Dans un communiqué, les Etats-Unis et les six pays du Conseil de coopération du Golfe (Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Oman et Qatar) ont par ailleurs dénoncé ce qu’ils ont qualifié d’"activités déstabilisatrices de l'Iran" au Moyen-Orient.
La conférence de presse d’Obama dans la résidence présidentielle située en pleine forêt, à une centaine de kilomètres au nord de Washington, pourrait cependant être insuffisante pour dissiper la méfiance des monarchies vis-à-vis de la stratégie américaine envers Téhéran.
Et l'absence du roi Salmane d'Arabie saoudite, qui a décliné au dernier moment l'invitation de la Maison Blanche, a contribué à affaiblir la portée de cette rencontre.
Adel al-Jubeir évasif sur le contenu des discussions
Si le ministre saoudien des Affaires étrangères, Adel al-Jubeir a évoqué un sommet "extrêmement productif", il est resté évasif sur le contenu des discussions, soulignant en particulier qu'il était "trop tôt" pour juger des discussions en cours avec Téhéran sur son programme nucléaire.
La conclusion de cet accord, qui doit être finalisé d'ici fin juin, a été érigée en priorité par le président américain.
Washington martèle depuis plusieurs mois que l'accord sur le nucléaire iranien permettra de supprimer l'une des principales menaces à la sécurité de cette région et qu'il ne s'agit pas "d'un rapprochement plus large" avec la République islamique.
Ne pas "marginaliser" l'Iran
Le président américain a d'ailleurs tenu à souligner qu'apaiser les tensions dans la région passerait à terme par "un dialogue plus large incluant l'Iran et ses voisins du Golfe".
"L'objectif d'une coopération sur la sécurité n'est pas de perpétuer une confrontation sur le long terme avec l'Iran ou même de marginaliser l'Iran", a-t-il souligné.
Le président américain a, au contraire, jugé que le renforcement des capacités des monarchies du Golfe pourrait leur permettre de faire face à l'Iran dans une position "de confiance et de force".
Début mai à Paris, le chef de la diplomatie américaine John Kerry avait évoqué "un nouveau pacte de sécurité" avec les monarchies du Golfe.
Un accord de défense mutuelle exclu
Certaines d'entre elles appellent de leurs voeux un accord de défense mutuelle à l'image du traité de l'Otan. Mais la Maison Blanche a clairement exclu jeudi un tel projet, qui nécessiterait le feu vert du Congrès.
Les monarchies espéraient aussi un engagement américain plus marqué en Syrie pour affaiblir le pouvoir syrien.
Washington vient de commencer à entraîner des rebelles syriens « modérés » en Jordanie pour lutter contre les takfiristes de Daesh. Mais Obama n'a fait aucune annonce en ce sens.
Dans le détail du renforcement des liens militaires entre Américains et pays du CCG, la Maison Blanche a fait état de projets pour "améliorer la coopération en matière de sécurité, notamment sur la surveillance du transfert des armes, le contre-terrorisme, la sécurité maritime, la sécurité informatique et la défense anti-missiles balistiques".
Obama plaide pour une solution à deux Etats
S’agissant de la cause palestinienne, Obama a réaffirmé son attachement à une solution à deux Etats israélien et palestinien, jugeant qu'elle était indispensable à la stabilité dans la région et à la sécurité d' « Israël ».
L'alliance traditionnelle entre les Etats-Unis et « Israël » bat de l'aile avec des désaccords sur le « processus de paix » ainsi qu'une relation des plus tendues entre Barack Obama et Benjamin Netanyahu.
"Je sais qu'un gouvernement a été formé et qu'il compte certaines personnes qui ne croient pas nécessairement à ce postulat", a dit Obama en référence au récent gouvernement extrémiste formé par Netanyahu.
"Mais, a-t-il tranché, cela continue d'être mon postulat".
Avec AFP