Ces condamnations doivent recueillir l’avis, non contraignant, du mufti d’Egypte avant d’être confirmées ou infirmées le 2 juin.
Deux juges et un procureur égyptiens ont été tués par balle samedi dans le nord du Sinaï, théâtre d'attentats terroristes visant habituellement les forces de sécurité, a indiqué à l'AFP le porte-parole du ministère de la Santé.
Il s'agit de la première attaque visant des magistrats dans la péninsule du Sinaï. Elle intervient quelques heures après que la justice a condamné à mort le président Mohamed Morsi, destitué par l'armée en juillet 2013.
L'attaque s'est produite dans la ville d'Al-Arich, le chef-lieu du Nord-Sinaï. Des assaillants armés ont stoppé le véhicule des magistrats avant d'ouvrir le feu sur le groupe, selon un responsable de la police.
"Quatre personnes ont été tuées par balle: deux juges, un procureur et le chauffeur", a indiqué à l'AFP le porte-parole du ministère de la Santé, Hossam Abdel Ghaffar, précisant qu'un procureur avait également été blessé.
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a condamné "une attaque terroriste odieuse" qui a tué quatre hommes. Il a également demandé que "tous les moyens nécessaires soient fournis pour protéger les juges (...) en particulier ceux en poste dans des zones frappées par la violence et le terrorisme", selon un communiqué publié par la présidence.
Ainsi le ministère de la Justice a décidé de déplacer à partir de dimanche certaines audiences du procès d'Al-Arich vers la ville d'Ismaïlia sur le canal de Suez, selon un responsable de ce ministère.
Le Nord-Sinaï, dans l'est du pays, est le bastion du groupe terroriste Ansar Beït al-Maqdess qui s'est rebaptisé "Province du Sinaï" pour marquer son allégeance au "califat" auto-proclamé par le groupe terroriste takfiriste Daech (EI) sur une partie de l'Irak et de la Syrie.
Peine de mort contre Morsi
L'attaque a eu lieu quelques heures après l'annonce du verdict contre Morsi, condamné à mort en première instance avec une centaine d'autres accusés pour des évasions de prison et des violences durant la révolte populaire de 2011 contre Hosni Moubarak. Certains des co-accusés de Mohamed Morsi appartiennent à des mouvements terroristes basés dans le Sinaï.
Parmi les dizaines de personnes condamnées à la peine capitale, figure le guide suprême de la confrérie des Frères musulmans de Morsi, Mohamed Badie.
Ces condamnations doivent encore recueillir l'avis, non contraignant, du mufti d'Egypte avant d'être confirmées ou infirmées le 2 juin.
Morsi avait été destitué par l'armée en 2013. Il doit encore être jugé dans deux autres procès, l'un pour "outrage à magistrat" et l'autre pour espionnage au profit du Qatar.
Le ministère de l'Intérieur a décrété l'état d'alerte renforcé à travers le pays, annulant jusqu'à nouvel ordre les congés des policiers, selon un responsable de la police.
Washington "profondément préoccupé"
Les Etats-Unis ont exprimé dimanche leur "profonde préoccupation" après cette condamnation à mort, a déclaré un diplomate américain.
"Nous nous sommes toujours élevés contre la pratique des procès de masse et des condamnations de masse, qui sont menés d'une manière qui est contraire aux obligations internationales de l'Egypte et au respect de la loi", a-t-il ajouté sous le couvert de l'anonymat.
Notant qu'il s'agissait d'une condamnation préliminaire, le diplomate a ajouté que les Etats-Unis "continueraient à insister sur la nécessité d'une procédure équitable et de procédures régulières judiciaires pour tous les Egyptiens dans l'intérêt de la justice".