La Chine scelle avec le Brésil un ambitieux plan d’investissements de 50 milliards de dollars
La Chine a scellé mardi avec le Brésil un ambitieux plan d'investissements d'un potentiel de 50 milliards de dollars dans divers secteurs de l'économie du géant émergent d'Amérique latine, lors d'une visite officielle à Brasilia du Premier ministre chinois Li Keqiang.
Cette nouvelle vague d'investissements chinois tombe à point nommé pour le Brésil.
La septième économie mondiale est actuellement au bord de la récession et a besoin d'investir dans ses infrastructures défaillantes alors que sa propre capacité de financement est étouffée par son plan d'ajustement budgétaire.
Pékin et Brasilia ont signé mardi 35 accords économiques dans le cadre d'un "plan d'action commun" allant jusqu'à 2021 dans de multiples secteurs, en particulier les infrastructures, l'énergie et les transports.
Parmi eux figurent deux accords de coopération et de financements chinois de projets du géant étatique pétrolier Petrobras, pour sept milliards de dollars. De l'argent frais précieux pour Petrobras, plombée par un vaste scandale de corruption qui a affecté sa crédibilité et sa capacité d'emprunt sur les marchés.
Les deux pays ont aussi concrétisé la vente de 22 avions du constructeur brésilien Embraer à la compagnie chinoise Tianjin Airlines pour un montant estimé à 1,1 milliard sur un total de 60 appareils.
Le Brésil a également obtenu la réouverture du marché chinois aux exportations de viande bovine brésilienne, fermé pour des questions sanitaires.
La reprise des ventes sera "immédiate avec l'habilitation par la Chine des huit premiers établissements exportateurs brésiliens", a souligné la présidente brésilienne Dilma Rousseff lors de la cérémonie de signatures.
Mme Rousseff a souligné l'importance de concrétiser les études de
faisabilité d'un projet pharaonique de "couloir ferroviaire et maritime" qui relierait l'Amérique du sud d'est en ouest en passant par l'Amazonie, du Brésil au Pérou, pour transporter les matières premières brésiliennes comme le soja et le minerai de fer vers la Chine, via le Pacifique.
"La Chine et le Brésil promeuvent la construction d'infrastructures, un domaine dans lequel la Chine a une riche expérience qu'elle aimerait partager avec le Brésil pour l'aider à réduire ses coûts", a commenté le Premier ministre chinois.
Inquiétude des écologistes
Ce projet dont le tracé n'a pas encore été tranché, soulève déjà l'inquiétude des écologistes.
Il représente à lui seul "30 milliards de dollars d'investissements", a expliqué lundi à l'AFP le ministre brésilien de l'Industrie et du Commerce extérieur, Armando Monteiro.
"Mais il est encore loin de sortir du papier", et "il n'est pas certain qu'il remplirait son principal objectif qui est de réduire le coût des exportations brésiliennes", soulignait mardi avec scepticisme le quotidien Folha de Sao Paulo.
La rencontre officielle entre M. Li et Mme Rousseff a été suivie d'une réunion entre 130 chefs d'entreprises de chaque pays, selon Brasilia.
En soirée M. Li partira à Rio de Janeiro pour examiner certains projets chinois dans la ville hôte des jeux Olympiques de 2016.
Mercredi, il poursuivra sa tournée en Amérique du sud en voyageant en
Colombie, avant de se rendre au Chili et au Pérou.
Les échanges commerciaux entre la Chine et le Brésil ont été multipliés par 25 en un peu plus de dix ans, passant de 3,2 milliards de dollars en 2001 à 83 milliards de dollars en 2013. En 2009, la Chine est devenue le premier partenaire commercial du Brésil, devant les États-Unis.
Mais la Chine n'est que le douzième investisseur. Une position que le gouvernement brésilien souhaite voir s'améliorer au plus vite.
Pour Pékin "l'Amérique latine est surtout un producteur de matières premières et on le voit dans la composition de ses investissements directs dans la région. Près de 90% des investissements chinois entre 2010 et 2013 ont été destinés aux ressources naturelles", indique un rapport de la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes (Cepal) de l'ONU, de cette année.
Mais "la Chine est en train de prendre le rôle d'investisseur en Amérique latine et aux Caraïbes et le Brésil a besoin désespérément d'investissements", a assuré à l'AFP Charles Tang, président de la Chambre de commerce Brésil-Chine.
"L'arrière-cour des États-Unis est en train de devenir le jardin de la
Chine et pas seulement au Brésil mais dans toute l'Amérique latine",
ajoute-t-il.