23-11-2024 05:48 PM Jerusalem Timing

Scotland Yard touché au cœur par le scandale des écoutes téléphoniques

Scotland Yard touché au cœur par le scandale des écoutes téléphoniques

Deux de ses hauts responsables ont démissionné: ils sont soupçonnés de liens avec le Groupe Murdoch, et de laxisme coupable dans l’enquête sur les écoutes de 4000 personnes.

Scotland Yard était lundi dans une position ultra-délicate, à la fois chargé de l'enquête sur les écoutes pratiquées par le News of the World, et obligé de se justifier après la démission de deux hauts responsables, dont le numéro un Sir Paul Stephenson, et des accusations de laxisme et corruption.
  
Une deuxième tête est tombée lundi: après Paul Stephenson, un de ses subordonnés, John Yates, a démissionné.
  
Le départ des deux hommes suit les révélations sur les collusions entre la police et News Corp. le groupe de Rupert Murdoch, et surtout l'embauche par Scotland Yard comme consultant d'un ancien rédacteur en chef adjoint du News of the World, Neil Wallis.
  
Neil Wallis est resté 11 mois conseiller à Scotland Yard, à partir de 2009, au moment précis où John Yates jugeait inutile de rouvrir le dossier des écoutes téléphoniques, clos en 2007 après une enquête bâclée et deux condamnations.
  
John Yates avait alors jugé qu'aucun élément nouveau ne le justifiait, alors que le Guardian publiait une liste de célébrités ayant eu leur messagerie piratée.
 
 Il s'est excusé depuis, arguant n'avoir pas eu connaissance de tous les éléments et du manque de coopération à l'époque de NotW.
  
De nouveaux éléments illustrent tous les jours les liens entre News of the World et la police. Paul Stephenson a rencontré à 18 reprises les dirigeants de News International entre 2006 et 2010, dont 8 fois alors que Neil Wallis était encore à NotW.
  
Un autre haut responsable, Andy Hayman, chef de l'antiterrorisme à l'époque de la première enquête en 2006, a démarré une chronique au Times, propriété de Murdoch au Royaume-Uni, peu après son départ de Scotland Yard en 2007.
  
Outre ses liens avec le groupe Murdoch, Scotland Yard est accusé d'avoir fait preuve d'un laxisme coupable dans l'enquête sur les écoutes.
  
Pas moins de 11.000 pages de notes manuscrites saisies par la police en 2006 ont dormi pendant 4 ans dans des sacs de plastique dans les placards.
  
Les noms de près de 4.000 personnes figuraient sur ces notes récupérées auprès de Glenn Mulcaire, le détective employé par NotW pour pirater les messageries. Pourtant, seulement quelques personnes ont été prévenues à l'époque par la police.
  
C'est seulement après la nomination d'une nouvelle équipe et l'ouverture d'une enquête approfondie en janvier que la police a commencé d'éplucher en détail ces éléments. 170 personnes ont depuis été prévenues que leur téléphone avait pu être écouté, dont des membres de la famille royale et des politiques.
  
Mais c'est un journal (The Guardian) et non la police, qui a véritablement mis le feu aux poudres le 4 juillet en révélant que NotW avait piraté en 2002 le téléphone d'une écolière disparue, Milly Dowler, retrouvée ensuite assassinée.
  
Glenn Mulcaire aurait été jusqu'à effacer des messages du portable de l'adolescente pour faire de la place dans la boîte vocale, donnant de faux espoirs à sa famille et compromettant le travail de la police.
  
Scotland Yard s'est défendu d'avoir sous-estimé l'affaire des écoutes téléphoniques en expliquant avoir concentré son action sur la lutte antiterroriste, dans la foulée des attentats de juillet 2005 à Londres, qui avaient fait 52 morts.
  
Mais d'autres accusations, de corruption cette fois, risquent d'être plus difficiles à justifier: des mails du News of the World prouvent que des policiers-informateurs ont été payés entre 2003 et 2007, date à laquelle Andy Coulson dirigeait la rédaction, avant de devenir conseiller de la communication du Premier ministre David Cameron, poste dont il a démissionné en janvier.