Comment les soldats syriens ont été évacués, malgrè le siège qui les confinaient dans l’hôpital depuis 27 jours.
Le président syrien Bachar al-Assad a rendu hommage aux soldats syriens qui ont été évacués, après un siège de 27 jours dans l’hôpital de Jisr al-Choghour, au nord-ouest de la Syrie.
L'aide turque
La ville de Jisr al-Choughour, dans la province d'Idleb, située à 129 km de la Turquie, était tombée le 25 avril aux mains de la branche d'al-Qaïda en Syrie, le front Al-Nosra, et de ses alliés rebelles, grâce à un soutien turc avéré, après de brefs combats et un retrait de l'armée, à l'exception de l'hôpital qu'ils assiégeaient.
Quelque 5.000 miliciens étrangers ont traversé la frontière turque quelques jours avant le lancement de la bataille pour occuper cette ville, ont révélé des sources journalistiques, dont la chaine de télévision al-Alam.
Depuis la chute de la ville, son hôpital a fait l'objet de centaines de tirs de missiles et de roquettes, sans compter les attentats aux voitures piegées dont le dernier avait eu lieu le 10 mai. La survie des soldats syriens qui y étaient confinés relève du miracle.
L'histoire de l'évacuation
Les autorités syriennes ont indiqué que les soldats encerclés avaient pu s'échapper de l'hôpital, transportant avec eux les blessés et les corps de ceux qui avaient été tués, rejoignant leur compagnons d'armée" à l'extérieur de Jisr al-Choughour.
Selon Sana, les 150 soldats et leurs familles qui y étaient retranchés ont pu être libérés sous une couverture aérienne et d’artillerie. Les avions syriens ont effectué 60 raids dans l’entourage de l’hôpital alors que l’artillerie a tiré quelques 250 obus, rapporte l’Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), instance médiatique del'opposition syrienne pro occidentale.
Une source militaire syrienne, citée par le journal libanais assafir, a indiqué que « l’unité de l’artillerie chargée de défendre l’hôpital a réalisé une manœuvre tactique (...) pour finalement parvenir à briser le siège avec succès », en bombardant intensément leurs axes pour des fins de diversion.
Selon le journal al-Akhbar, « de longues heures se sont écoulées avant l’arrivée des premiers soldats épartis en trois groupes qui avaient entamé leur évacuation vendredi matin, vers le premier cercle de protection où les attendaient des soldats syriens, des hôpitaux de fortune ».
Des accrochages ont eu lieu entre les autres militaires réguliers et les terroristes, au cours desquels certains ont été tués et blessés, et d’autres faits prisonniers, dont le capitaine Yaakoub Khoury.
Le troisième groupe est arrivé en fin de journée. « Certains ont été sont arrivés après avoir rampé pendant une longueur de 600 mètres », rapporte al-Akhbar.
Hommage par téléphone
"Vous représentez par votre héroïsme les soldats de l'armée syrienne. Vous avez résisté car vous ne connaissez ni l'échec ni la capitulation", a dit M. Assad dans un appel téléphonique vendredi soir au chef du groupe de soldats assiégés, le colonel Sabha, cité par Sana.
"Votre vie et celle de tous les soldats de l'armée et des forces de défense nationale est la plus importante pour nous qui tentons toujours de la protéger", a-t-il poursuivi.
L'hôpital tombe
L'hôpital est finalement tombé vendredi aux mains des rebelles.
Le front al-Nosra et Cie ont fêté cette conquête, évoquant des tués, des blessés et des prisonniers dans les rangs des soldats syriens, sans pour autant montrer des photos, comme ils ont l’habitude de faire.
« Evasion des soldats de l’armée nassirite (alaouite) de l’hôpital jisr al-Choghour et les moudjahidines les traquent », est-il légendé sur l’une de leurs photos.
Jaïch al-Fateh avait menacé de faire exploser le tunnel qu’il a édifié en dessous du bâtiment de l’hôpital. Certains de ses éléments étaient parvenus à investir le bâtiment hospitalier à travers lui.
L’armée libérée
Selon l’expert militaire libanais Mohammad Farid Issa, consulté par Assafir, avec la libération des soldats syriens de l’hôpital, « l’armée syrienne va pouvoir se libérer de la prudence » qu’elle observait dans sa contre-attaque.
« Leur présence constituait un obstacle ». a-t-il expliqué, estimant que les jours prochains devraient être marqués par une hausse des raids aériens et des bombardement de l’artillerie lourde. Issa a néanmoins exclu une opération militaire d’envergure avant la fin de la bataille du Qalamoune.