Blatter, président depuis 1998, est candidat à un cinquième mandat.
Alors que la Fifa est au coeur d'un scandale inouï, la pression est maximale sur Joseph Blatter, 79 ans, président depuis 1998 et candidat à un cinquième mandat vendredi, vilipendé par la presse mondiale, surveillé de près par ses sponsors, tandis que le scrutin est contesté par l'UEFA.
"Dégage !"
En Allemagne le quotidien populaire Bild barrait une photo de "Sepp" Blatter du gros titre "Dégage !", développant ensuite: "Rien ne peut lui être reproché personnellement, mais couvre-t-il une association criminelle qui, en contrepartie, le maintient au pouvoir ?"
"Comment Blatter peut-il survivre ?", est un des titres de la presse anglaise, qui se déchaîne contre le patron du football mondial après la révélation-déflagration de deux procédures judiciaires concernant la Fifa, une impulsée par la justice américaine et l'autre par la justice suisse, pour corruption présumée à grande échelle.
En Italie, la Gazzetta dello Sport écrit "Le système Blatter tremble".
La France n'est pas en reste, avec "Fifa Nostra", reprenant l'imagerie de l'affiche du film "Le Parrain", pour Libération, tandis que L'Equipe titre sur "Le scandale de trop" avec un Edito intitulé "Pourriture".
Pour l'heure, Blatter a restreint ses apparitions publiques. Il était censé faire jeudi un discours d'ouverture d'un congrès médical de la Fifa à Zurich mais s'est finalement fait excuser en raison des "turbulences" actuelles autour de la Fifa, comme l'a expliqué Jiri Dvorak, médecin en chef de l'instance participant à ce symposium.
L'UEFA dénonce "la farce" du scrutin
Michel Platini, président de l'UEFA, répète depuis un an que la Fifa a besoin "d'air frais", reprochant à Blatter de s'accrocher au pouvoir par "peur du vide".
Sa Confédération européenne, écoeurée par l'image de l'instance suprême avec ses démêlés judiciaires, à sorti la grosse artillerie mercredi soir, demandant le report du Congrès et de l'élection présidentielle (cérémonie d'ouverture jeudi soir, travaux et scrutin vendredi), craignant dans le cas contraire une gigantesque "farce".
Ce jeudi, l'UEFA doit réunir ses 54 fédérations membres comme il est de tradition pour préparer le Congrès, qu'il soit électif ou non.
Les Européens pourraient saisir cette occasion pour lancer un nouveau message fort. Voire envisager un boycott du Congrès ?
Le milieu politique s'en mêle aussi. Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a plaidé jeudi sur la radio France Inter pour un report de l'élection de vendredi.
Quelles sont les chances du Prince Ali ?
Pour l'heure, le Congrès et l'élection présidentielle sont toujours prévus.
Et certains, au sein même de l'UEFA, sont pessimistes. Le président de la fédération autrichienne OFB, Leo Windtner, a jugé à la télévision publique ORF "très probable" que le scrutin se tienne vendredi comme prévu et que Blatter soit réélu.
L'Europe "n'a pas de majorité, peut-être n'arriverons-nous même pas à empêcher une majorité qualifiée des deux-tiers", a-t-il déclaré, rappelant que hors de la sphère UEFA beaucoup de fédérations étaient "très liées à Blatter".
L'OFB a fait savoir qu'elle ne voterait pas pour Blatter, mais elle n'a pas encore précisé à ce jour si elle voterait pour le challenger, le Prince Ali, 39 ans, soutenu ouvertement par Platini, ou s'abstiendrait.
La base de l'élection est simple: 1 voix pour chacune des 209 fédérations.
L'UEFA compte 54 membres mais ne dispose que de 53 voix, Gibraltar n'étant pas reconnu par la Fifa.
L'Afrique possède 54 voix, l'Asie 46, la Concafaf (Amérique du nord, centrale et Caraïbes) 35, l'Océanie, 11 et l'Amérique du sud, 10.
Marquage strict des sponsors
La pression commence aussi à se faire sentir sur le porte-monnaie de la Fifa.
Plusieurs entreprises multinationales, dont Nike, Adidas et Coca-Cola, associées au sponsoring de la Coupe du monde de foot ont exhorté dès mercredi la Fifa à faire le ménage en son sein après l'inculpation de plusieurs de ses dirigeants pour corruption.
Les cartes de crédit Visa, partenaire le plus virulent, sont allées jusqu'à menacer de se désengager.
Faute de changements, "nous avons informé (la Fifa) que nous réévaluerions notre parrainage", a fait valoir Visa dans un communiqué, évoquant ses "profondes déception et inquiétude".